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Culture - Beaux livres

Raffi Tokatlian, entre bronze et songes...

Vient de paraître, aux éditions Antoine, « Les Sculptures de Raffi Tokatlian ». Un bel ouvrage signé Edgar Davidian offrant une initiation raffinée au travail d’un artiste à l’univers surréaliste et baroque.

Raffi Tokatlian à l’œuvre.

Monographie artistique, alliant densité textuelle et richesse iconographique, Les Sculptures de Raffi Tokatlian plonge le lecteur et amateur d’art dans un univers de bronze et de songes. L’univers à la fois physique et onirique d’un artiste libano-arménien aux œuvres aussi puissamment énigmatiques qu’iconoclastes.
Entre mythes et réalité, surréalisme baroque et contemporain, solidité de la matière et élévation des thèmes, la statutaire de Raffi Tokatlian déploie, depuis plus d’un quart de siècle, ses silhouettes de bronze: humanoïdes aux contorsions de gymnastes, au ballet imprévisible d’équilibristes narguant et défiant les lois de la pesanteur... Assemblée d’êtres étranges surgis des zones les plus insondables de la psyché pour exprimer un «surréalisme vital» et incarner une certaine vision à la fois spirituelle et fantasmagorique, païenne et religieuse, de la destinée humaine... Des sculptures qui parlent «du devoir de mémoire, des mythes et réalité, mais aussi des stridences de ce XXIe siècle où conscient et inconscient fusionnent dans une course vertigineuse et effrénée à la connaissance, au confort, au plaisir», comme l’écrit Edgar Davidian.
Un travail habité par les influences mêlées de Jérôme Bosch, de Rodin, de Dali, de Howard Philips Lovecraft, d’Arnold Bôclin et d’Alfred Kunin, «et qui va puiser, parfois, aux fioritures asiatiques et arméniennes», précise l’auteur.
Accompagnant les images sur papier glacé de 21 de ces sculptures «venant du fond des mémoires collectives (...)», le commentaire de notre collègue offre une lecture, sensible et éclairée, du travail de cet artiste qui concrétise dans le bronze ses visions, ses rêves et ses cauchemars. Un artiste né à Beyrouth en 1957, diplômé de l’école des Beaux-Arts de Paris, qui s’adonne en premier aux fresques murales avant de se tourner, passionnément, vers la sculpture en bronze.
De la galerie Down Town à New York, où elles ont résidé plus de 3 ans, au palais Zenobio à Venise, où lors d’une exposition privée elles ont naturellement trouvé leur place sous les dorures, stucs, corniches et fresques baroques de la grande salle de bal, les œuvres sculpturales de Raffi Tokatlian «traversent les temps et les lieux avec une solennelle et royale indifférence».
Émaillé de photographies de ces 21 pièces dans le palais vénitien, l’ouvrage consacre d’ailleurs un chapitre à la présentation de ce lieu somptueux, construit à la fin du XVIIe siècle par les Zenobio, sur les bords du canal de Carmini. Un imposant et prestigieux bâtiment devenu, depuis 1850, siège du Collège Moorat Raphael de l’ordre arménien des pères
mékhitaristes.
Dans un autre chapitre, l’auteur établit une sorte de panorama des idées, des pratiques et des activités de l’artiste. Lequel, dessinateur chevronné, intègre souvent dans ses croquis au fusain, sanguine ou crayon et marc de café, des textes en exergue «conjuguant calligraphie, réflexion et
imagination».
Soigné, tant du point de vue du texte bilingue (français et à la traduction anglaise signée Rima Hreich) que des photos signées Élie Semaan et de la mise en page et de l’impression, Les Sculptures de Raffi Tokatlian est de ces beaux livres qu’on a plaisir à compulser. Et à conserver dans sa bibliothèque.
Monographie artistique, alliant densité textuelle et richesse iconographique, Les Sculptures de Raffi Tokatlian plonge le lecteur et amateur d’art dans un univers de bronze et de songes. L’univers à la fois physique et onirique d’un artiste libano-arménien aux œuvres aussi puissamment énigmatiques qu’iconoclastes. Entre mythes et réalité, surréalisme baroque et contemporain,...

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