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Culture - Concert

L’homme qui chuchotait à l’oreille de son piano

C’est en trio, formule parfaite d’équilibre et de tension, que Tord Gustavsen a livré au public du Music Hall un aperçu de ses plus belles pages, avec son batteur complice Jarle Vestpestad et son nouveau contrebassiste Mats Eilertsen.

Gustavsen, un pianiste romantique, introspectif et lyrique.

Penché sur son piano, concentré, le nez presque au ras des touches, qu’il frôle à peine de ses doigts, Tord Gustavsen semble murmurer à l’oreille de son instrument. Des formules magiques? Peut-être, mais cet élégant quadrupède qui trône au milieu de la scène du Music Hall, tout luisant, semble en effet bel et bien dompté par le musicien norvégien.
Pianiste éminemment romantique, introspectif et lyrique, Gustavsen s’est trouvé affublé du titre de «Master of less is more». En compagnie de ses deux acolytes, le batteur Jarle Vespestad et le contrebassiste Mats Eilertsen (remplaçant Harald Johnsen, récemment disparu), il offrira une heure de cet art minimal et épuré qui a fait sa réputation.
Le premier morceau, Tears Tansforming, ne dément pas son pianiste. Il est exécuté avec un toucher d’une indicible douceur. D’une infinie lenteur. Dans un style très élégant, faisant penser un peu à celui de Keith Jarrett, dans sa mélancolie aqueuse et son mouvement vers la transe, presque religieuse.
Le musicien ne renie pas son inspiration religieuse, affirmant d’ailleurs que «certaines lignes de piano ne sonneraient sûrement pas pareil si je n’avais pas assidûment fréquenté gospels et chants religieux très tôt dans ma formation musicale».
Mais voilà, tout cela est interprété avec un tel ralenti que le jazz semble ici être fortement prémédité, donnant l’impression que chaque note a été choisie avec soin. «Il y a déjà beaucoup trop de sons et de notes dans ce monde; on devrait plutôt contribuer aux choses qui nous importent», déclarait l’artiste, défendant l’aspect improvisé de sa musique.
Blessed Feet puis Intuition (qui figurera dans l’album à paraitre en 2012) sont un peu plus proches du jazz traditionnel dans la forme et les passages d’accords, même si les musiciens les jouent avec une grande tranquillité et une envie évidente de s’éloigner des schémas familiers.
Pendant ce temps, l’auditeur associe spontanément une foule d’images à cette musique. Il a alors le sentiment de parcourir de très vastes espaces, des étendues à la fois sereines et lunaires, tranquilles et très vivaces.
Si le jazz façon Tord Gustavsen déploie un discours très personnel, inspiré, habité, il n’est pas offensant de considérer qu’il pâtit aussi de séquences un tout petit peu inégales.
Au bout de quelques instants, derrière les volutes debussiennes et ce phrasé mélodique qui revient en boucle, l’on se dit qu’une heure de concert est sans doute amplement suffisante.
Au final, le concert du trio Tord Gustavsen était une soirée propice à la méditation, limite New Age, d’autant plus que l’air de la salle est resté sans polluants atmosphériques. Les spectateurs ont en effet sagement respecté les consignes d’interdiction de fumer...
Penché sur son piano, concentré, le nez presque au ras des touches, qu’il frôle à peine de ses doigts, Tord Gustavsen semble murmurer à l’oreille de son instrument. Des formules magiques? Peut-être, mais cet élégant quadrupède qui trône au milieu de la scène du Music Hall, tout luisant, semble en effet bel et bien dompté par le musicien norvégien. Pianiste éminemment romantique,...

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