Homme-enfant, homme-liane, adolescent pas encore mûr, fruit pas encore tombé de l’arbre, la quarantaine bientôt mais avec un visage d’ado et des styles capillaires toujours en mutation, Jared Leto a subjugué la foule. Accompagné de son frère aîné Shannon à la batterie et de Tomo Milecevic (à la guitare), le guitariste s’est fait homme-orchestre et, imprégné de l’univers cinématographique où il a longtemps baigné et avec lequel il continue de flirter, il a réalisé une mise en scène musicale atypique. Bien sûr, certains clichés de convenance étaient nécessaires pour enflammer le public tels que «Votre ville est la plus belle du monde» ou «Je vais raconter partout ce qu’est vraiment le Liban» ou encore se draper dans le drapeau libanais. Mais il était bien évident que le public était conquis d’avance. À peine le chanteur-enfant avait-il foulé les planches que tout le monde était debout. Tout ce monde hétéroclite connaissait bien la chanson et ça hurlait de partout. Et comme les cellulaires et autres portables ont remplacé les briquets allumés, sorte d’hommage au chanteur, l’assemblée n’était plus qu’un seul brasier électrique.
Une synergie bien maîtrisée
Soutenu par ses excellents musiciens, un éclairage «laserifiant» et une sonorisation presque sans faille, Leto, qu’on a souvent qualifié de grunge, de décadent, a prouvé devant un public presque en transe qu’il n’était pas un « Mr Nobody » (excellent rôle qu’il avait interprété pour Jaco Van Dormael).
Cet artiste qui, il y a quelques années, n’avait de crédit chez la presse que pour sa belle gueule, a prouvé qu’il avait plus que ça. Mais cette fois, dans les tripes. Surfant entre rock alternatif, néométal et électro, poings fermés, bras levés au ciel, conjurant tous les cieux, il hurle, vocifère, déclare «This is War», mais réclame la paix dans ses paroles. L’audience suit tous ses gestes, obtempère à tous ses ordres. «Baissez-vous.» Et voilà que grands et petits se baissent. «Levez-vous.» Idem. «Criez plus fort et cassez la voix.» Et les gradins tressaillent. Sous les tam-tam du magnifique batteur, tous les échos de guerre se font entendre.
Chanteur, musicien, mais surtout excellent interprète, Jared Leto simulera pour quelques instants la finale après avoir chanté l’excellent Hurricane. Certains se prendront au jeu et sortiront l’air contrit en se plaignant d’être restés sur leur faim. Mais l’artiste-ressort, semblant bondir d’une boîte, réapparaît. Et c’est reparti pour d’autres chansons. Pour un autre tour de piste. C’est l’hallali. Qui emportera le public «Closer to the Edge». Et pourquoi pas près des étoiles pendant qu’on y est?
Invitant un groupe de jeunes à le rejoindre sur les planches (la Sûreté ne savait plus où donner de la tête), Leto leur promet de mettre leur photo sur Twitter afin de témoigner au monde entier de son passage si marquant au Liban. Non sans avoir fait un aveu d’amour à tous les présents en s’engageant à revenir un jour.
commentaires (3)
Sacré Liban!Dans l'ambiance actuelle,faut le faire...et merde aux censeurs et aux pseudo-moralistes.Vive nous!
GEDEON Christian
06 h 49, le 18 juillet 2011