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Culture - Festival de Byblos

Florent Pagny ? « Tout et son contraire » !

C’est l’une des plus belles voix de la chanson française et certainement l’une des plus attendues à Byblos*. Florent Pagny s’y produira ce soir, en concert unique, accompagné de ses musiciens. Rencontre et conversation à bâtons rompus à la veille de sa performance avec cet artiste qui peut effectivement être « Tout et son contraire », à l’instar du titre de son dernier CD.

Il débarque en famille au rendez-vous, mais refuse d’être pris en photo entouré des siens (une femme et deux enfants superbes!). D’ailleurs, la photo n’est pas trop son truc. On sent que poser pour la caméra le crispe, même s’il s’y prête patiemment. Il avoue – ou plutôt il ne cache pas – avoir de mauvais rapports avec la presse, mais se montrera volubile et ouvert sur près d’une heure d’interview.
De ses premières impressions du Liban, qu’il a déjà pas mal sillonné en trois jours, de Byblos à la Békaa (Baalbeck), en passant par Saïda, il dira, sans en rajouter, qu’«il y a un peu de Cuba ici: un côté usé, patiné et beaucoup de
chaleur».
Authentique, indéniablement, Florent Pagny l’est même dans ses contradictions. Cet artiste qui cultive un look «bobo» – barbichette, cheveux tirés à l’arrière, nu-pieds et bracelets de force au poignet – a des réflexions qui peuvent parfois surprendre. Et dévoiler un côté plus conservateur que cette image de rebelle romantique qui lui colle à la peau. Lui qui a cultivé à ses débuts une attitude «de petit voyou, de Gitan en s’amusant à parler le “gitano”», s’insurge aujourd’hui contre cette mode des jeans qui tombent bas sur les fesses. «Il faut savoir que cette tendance vient d’une identification à des mecs en tôle.» Expliquant qu’«à l’origine, ce sont les prisonniers auxquels on enlève les ceintures de leurs pantalons qui se baladent ainsi. C’est quand même du délire!» s’exclame-t-il.
Bref, «à 50 piges» on s’assagit. Même si, «comme tout être humain normalement constitué, je reste plein de paradoxes», reconnaît-il.

 

De la dérision à l’autodérision
Ainsi, aujourd’hui, il se définirait plutôt «marginal» que rebelle. Depuis sa rencontre, il y a 19 ans (sous les bons auspices de Paola Rebeiz!), avec sa compagne, le mannequin argentin Azucena, Pagny partage son temps entre la Patagonie et la France. Et, dernièrement, Miami, où il a scolarisé son fils et sa fille afin qu’ils ne pâtissent pas du poids de sa célébrité. D’autant que ses rapports avec la presse en France ont toujours été houleux. «J’ai vécu des hauts et des bas. Dans ce métier, on te monte très fort et ensuite on prend plaisir à te casser», dit-il, faisant référence aux attaques des journaux, à ses débuts, sur sa relation avec Vanessa Paradis et son attitude de jeune chien fou. Il y répondra par une chanson: Presse qui roule. Quelques années plus tard, rebelote. Cette fois, il s’agit de ses démêlés avec le fisc, contre lequel il finira par gagner ses deux procès. Et une nouvelle fois, il répondra aux attaques par un nouveau tube, Ma liberté de penser. «Mon plus grand succès commercial», souligne, ravi, ce «fier provocateur».
Un chanteur qui aime tant la dérision qu’il a fini, «la maturité aidant», par se lancer dans l’autodérision dans son dernier album – et en interview aussi, où il évoquera, entre autres, ses implants! – avec une chanson intitulée Si tu n’aimes pas Florent Pagny... «Un morceau dans lequel j’en prends plein mon ego et que j’ai d’ailleurs mis cinq ans à accepter», assure et assume-t-il.
Comme il se revendique aussi «uniquement interprète». Malgré des rôles au cinéma (Fort Saganne d’Alain Corneau notamment) et l’écriture, paroles et musique, de sa toute première chanson en 1987, N’importe quoi, «dans laquelle je disais à quelqu’un qui se droguait que je n’allais pas le laisser faire n’importe quoi».

Une voix découverte à dix ans
«Je ne suis pas musicien, insiste-t-il. Je ne suis qu’une voix. Une voix que j’ai découverte à 10 ans, découvrant, du coup, qu’elle transformait tout autour de moi.» «Parce qu’enfant, je passais inaperçu et moi j’avais besoin de beaucoup de reconnaissance, raconte-t-il. Alors quand je rentrais dans un endroit et qu’on ne me voyait pas, je me mettais à chanter et tout le monde me regardait.»
C’est à cette fabuleuse voix de baryton, dont il prend grand soin – ainsi, au cours de l’entrevue au «Cigar Bar» d’un hôtel beyrouthin, il prendra un thé à la menthe pour contrecarrer les effets du climatiseur – qu’il doit tout. Une vie, dont le plus grand luxe, et cette liberté dont il jouit. Son pouvoir de séduction – même s’il n’en joue pas – pour lui qui se considère comme «pas franchement beau» et qui, «en esthète», cherche à travers ses différents looks à «donner du caractère» à son visage. Mais aussi surtout le bonheur de pouvoir se «balader de (son) propre répertoire vers celui des chanteurs qu’(il) admire. Et le plaisir de pouvoir faire des performances aussi bien avec un orchestre de 80 musiciens, comme je l’ai fait pour Baryton (son précédent disque dans lequel il mettait en avant son goût pour le chant lyrique) qu’avec une formation acoustique réduite à deux musiciens (la semaine dernière au Marigny à Paris)».
À Byblos, où il sera accompagné, ce soir, de 7 musiciens, Pagny promet un mélange, «comme je les aime», d’extraits de son dernier CD, de grands succès de son répertoire personnel – comme les fameux Savoir aimer (qui lui a valu la Victoire de la musique du meilleur interprète masculin en 1997), Un jour, une femme ou Ma liberté de penser – et de reprises de Piaf à Montand, en passant par Brel, Aznavour, Gainsbourg ou encore Bécaud... Sans oublier sa magnifique version du célèbre Caruso de Lucio Dalla.
Si vous n’aimez pas Florent Pagny, allez l’écouter ce soir à Byblos, vous changerez certainement d’avis!

Retrouvez la vidéo de l’interview sur notre site:
www.lorientlejour.com

* Concert à 20h30. Billets en vente au Virgin Ticketing, à 60 000 LL, 90 000 LL, 120 000 LL et 150 000 LL.


Il débarque en famille au rendez-vous, mais refuse d’être pris en photo entouré des siens (une femme et deux enfants superbes!). D’ailleurs, la photo n’est pas trop son truc. On sent que poser pour la caméra le crispe, même s’il s’y prête patiemment. Il avoue – ou plutôt il ne cache pas – avoir de mauvais rapports avec la presse, mais se montrera volubile et ouvert sur près...

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