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Culture - Spectacle

China raconte Dinah, en musique et paroles

L’esprit de Dinah Washington, la sulfureuse Queen of Blues, planait sûrement au Music-Hall (si bien nommé) ce soir-là. Et pour cause ! China Moses lui a rendu un hommage vibrant en notes bleues, en chansons, en musique, mais aussi en paroles et récits croustillants. Un spectacle aux mécaniques super bien rôdées, dans le cadre de Liban Jazz.

China Moses chante le blues et Raphael Lemonnier joue du piano (parfois) debout.

En robe de soie satinée fluide, couleur seconde peau, la sculpturale China Moses foule les planches du Music-Hall de ses sandales strassées aux vertigineux talons. Et entame, sans ambages, mais en douceur, Fine Fine Daddy, un morceau rendu célèbre par l’inénarrable Dinah Washington, grande dame du jazz et du blues des années cinquante et soixante. Et repris, dans la foulée d’autres standards, dans le tout dernier CD This One’s for Dinah concocté par Dinah avec son complice de pianiste Raphael Lemonnier. La fille de Dee Dee Bridgewater s’empare, du coup, de son auditoire, lequel, cloué sur les chaîses en velours rouge, découvre une «entertainer» de premier ordre, dans la grande tradition des clubs américains de jazz. Généreuse, gaie, talentueuse, vive, China se transforme tout à tour en croqueuse d’hommes (magnifique interprétation de Evil Gal Blues), en meilleure amie des femmes («Is you or is you ain’t my baby»). Canaille ou sensuelle, drôle ou taquine, une coupe de vin rosé aux lèvres («This is some good stuff!» s’exclamera-t-elle en claquant la langue), elle raconte la vie de celle que l’on surnommait The Queen par des anecdotes et la reprise de ses plus grands succès. «Sept maris, deux fils, plus de 230 enregistrements et cinquante disques, 16 manteaux de fourrure vison, voyages en jet privé, sa propre boîte de production et, avec tout cela, elle a trouvé le temps d’accumuler les amants», énumère la pétillante China, amusée et amusante.
Très imprégnée par l’art de Dinah (à huit ans déjà, elle écoutait ses chansons en cachette de sa grand-mère qui estimait les paroles trop salaces pour une enfant), China Moses chante le blues avec une belle prestance, notamment dans Dinah’s Blues, dont elle a écrit elle-même les paroles sur une musique de Lemonnier.
Avec son talent indéniable d’animatrice (elle avait sa propre émission sur MTV France), elle ramène l’assistance vers le jazz brut de cette époque là. Elle chante avec justesse, sensibilité (belle performance que ce Resolution Blues). Une complicité évidente l’unit à ses musiciens. Avec Raphaël Lemonnier, d’abord, qui ne se contente pas d’être un pianiste émérite, ou un arrangeur expérimenté. Ne serait-il pas un peu la tête pensante de ce spectacle pensé, bouclé au millimètre près?
La complicité est palpable ensuite avec Jean-Pierre Derouard à la batterie, Fabien Marco à la contrebasse, qui revisitent ces standards dans des versions dépoussiérées, modernisées, aux orchestrations suffisamment intelligentes pour ne pas permettre des comparaisons avec les originaux, notamment avec Cry Me a River, dont les arpèges de piano font oublier l’absence d’une section cuivre. Mais qu’importe, même sans saxophone, China Moses et ses acolytes ont offert un spectacle complet, de qualité, qui jouait la carte de la convivialité et de la musicalité à la fois. Une découverte signée Liban Jazz – en collaboration avec la Mission culturelle française et la Banque Libano-française – dont Karim Ghattas n’a pas fini de défricher les scènes du monde et de les proposer à un public libanais toujours curieux de nouveaux talents.
En robe de soie satinée fluide, couleur seconde peau, la sculpturale China Moses foule les planches du Music-Hall de ses sandales strassées aux vertigineux talons. Et entame, sans ambages, mais en douceur, Fine Fine Daddy, un morceau rendu célèbre par l’inénarrable Dinah Washington, grande dame du jazz et du blues des années cinquante et soixante. Et repris, dans la foulée d’autres...

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