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Culture - Disparition

Andrée Chedid, la dame des deux rives, s’en est allée....

En toute légèreté, en vraie citoyenne du Parnasse, Andrée Chedid, la dame des deux rives, celle du Nil et de la Seine, sans parler des rives méditerranéennes libanaises, s'en est allée. À son sommeil éternel. Ses deux derniers ouvrages, mêlant adroitement, comme toujours, fiction et poésie, publiés à quatre-vingt-dix ans, étaient d'une étonnante jeunesse et un vibrant message d'amour et de vie.

Andrée Chedid, une grande dame qui s’est inspirée de son Orient natal.

Sereine, douce, la voix calme, Andrée Chedid ressemble comme une goutte d'eau à son écriture. Une écriture fluide, simple, au ton élégant. Aujourd'hui, elle pose à jamais la plume sur l'écritoire.
« J'aime écrire surtout au lever du jour, aux premiers rayons du soleil, me confiait-elle lors l'une de nos entrevues dans un Paris gris où elle aimait beaucoup jeter un furtif regard, à travers la fenêtre, sur une rue passante au cœur de Saint-Germain-des-Prés. On parlait d'un texte qui la concernait et concernait son œuvre : Andrée Chedid ou la nostalgie de l'Orient.
« Mais il n'y a jamais eu de rupture pour moi avec l'Orient pour que je parle de nostalgie... », précise-t-elle en regardant tranquillement les mots qui s'alignent. En effet, l'Orient est resté au cœur de ses préoccupations. En témoigne ce magnifique recueil Le cérémonial de la violence sur la guerre au Liban ou quelques romans et nouvelles qui ramènent Beyrouth, dans un style elliptique, en pleine lumière. Sans jamais oublier un précieux guide sur la terre de Phénicie qui a les faveurs de tous les touristes.
L'Égypte, aujourd'hui à feu et à sang, objet de tous les bouleversements et de toutes les secousses, a été aussi au centre de son inspiration. Non seulement son histoire prestigieuse et sa civilisation millénaire avec Néfertiti et le rêve d'Akhenaton, mais aussi l'Égypte démystifiée, livrée à sa misère et à sa poussière. Et nul n'a pu donner un visage si authentiquement égyptien, comme une tragédienne grecque, à la sensuelle et volcanique Dalida que le film de Youssef Chahine Le sixième jour, tiré du roman du même titre d'Andrée Chedid.
« Qu'est-ce qui va surgir des mots », pour reprendre l'expression de l'auteure de La cité fertile ? La vie qui court de la naissance à la mort, chargée d'ombre et de lumière, de passion et de souffrance, d'attente et d'espoir... C'est cela l'œuvre d'Andrée Chedid.
Elle se pose sur une terre-espace qui ignore les contingences géographiques et historiques et s'identifie à un lieu d'élection, pays où se conjuguent l'instant et la durée, le fini et l'infini, la peine et le chant. Un chant qui relève de ce poème intitulé « Liberté » :
« Je relève d'un pays où personne ne règne,
Traversé de crevasses et d'oiseaux,
La main trace l'avenir, le cœur ses extrêmes,
Un appel lui donne voiles, une grimace le ternit,
Je relève d'un pays sans fanion, sans amarre,
La mort a ses sentences comme ailleurs ;
Demain, son étendue ; le printemps, ses preuves ;
Partout des lieux où se tenir. »
Sereine, douce, la voix calme, Andrée Chedid ressemble comme une goutte d'eau à son écriture. Une écriture fluide, simple, au ton élégant. Aujourd'hui, elle pose à jamais la plume sur l'écritoire.« J'aime écrire surtout au lever du jour, aux premiers rayons du soleil, me confiait-elle lors l'une de nos entrevues dans un Paris gris où elle aimait beaucoup jeter un furtif regard, à...

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