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Culture - Histoire

L'incroyable odyssée d'un Institut sur le christianisme d'Orient

Il y a 63 ans, 25 000 livres sur le christianisme d'Orient étaient sauvés de justesse, clandestinement transférés en France, après la fermeture par les communistes de l'Institut d'études byzantines de Bucarest. Ce centre rouvre lundi en Roumanie.

La bibliothèque comprend de nombreux livres sur et par les chrétiens d'Orient, Liban, Égypte, Syrie...

"Cet institut, fondé par les religieux assomptionnistes catholiques, comptait parmi les plus grands spécialistes mondiaux de l'Orient chrétien. Il a toujours eu une histoire à rebondissements", explique le père français Michel Kubler, directeur du nouveau centre de Bucarest.
Fondé à Istanbul à la fin du XIXe siècle, l'Institut d'études byzantines dut déménager à Bucarest après l'arrivée du régime laïque d'Atatürk. Dans les années 1930, la Roumanie était à la fois un pays calme et au coeur de la chrétienté orthodoxe.
L'arrivée des communistes au pouvoir en 1947 bouleverse la donne.
Les religieux français, chercheurs du CNRS reconnus mondialement, sont sommés de partir.
L'un d'entre eux, Émile Jean, réussit à se cacher et organise avec l'aide de quelques étudiants le sauvetage des 25 000 livres, une collection unique au monde.
"La légende dit qu'ils ont jeté les livres par-dessus le mur de l'Institut, dans les jardins de l'ambassade de France. Plus probablement, on pense qu'ils ont percé un trou dans un des murs du sous-sol pour faire passer les livres discrètement", précise M. Kubler.
La précieuse bibliothèque traversera le rideau de fer en train, dans des wagons scellés considérés comme "valise diplomatique" et sera accueillie à Paris où elle se trouve toujours.
Le bâtiment néo-gothique de l'Institut dans le centre de Bucarest fut lui transformé en polyclinique, la chapelle devenant un atelier de prothèses dentaires.
Aujourd'hui, 21 ans après la chute du régime du dictateur Nicolae Ceausescu en Roumanie, la congrégation assomptionniste a récupéré cet immeuble, comme de nombreux propriétaires spoliés de leurs biens.
Les quelques rares médecins qui exerçaient encore dans le bâtiment ont été indemnisés pour ouvrir un cabinet ailleurs.
Lundi, s'ouvrira à nouveau le Centre d'études byzantines qui veut stimuler, grâce entre autres à des débats et conférences, le dialogue entre les chrétiens d'Orient, majoritairement orthodoxes, et ceux d'Occident de rite latin.
Une importante bibliothèque a été reconstituée avec 15 000 ouvrages venus d'Athènes et de Rome dont des pièces rares comme "l'euchologue", un gros livre de prières ukrainien de 1646, gravé et écrit à la main, dont n'existent que trois exemplaires au monde
Outre des rayons philosophie ou iconographie, un art où les orthodoxes excellent, la bibliothèque comprend aussi de nombreux livres sur et par les chrétiens d'Orient, Liban, Égypte, Syrie... À l'heure où ces chrétiens sont menacés dans certains pays, "il est aussi important de faire connaître la vivacité de leur patrimoine", souligne M. Kubler.
Spécialiste des pères de l'Église, communs aux orthodoxes et catholiques, le père Lucian Dinca, 40 ans, sera le responsable de cette bibliothèque rare. Membre de la minorité catholique en Roumanie, il explique avoir "redécouvert son côté oriental", lors de ses études en France et au Canada.
"Avant, dans mon village, on disait aux catholiques de se confesser si on avait dansé lors d'une soirée avec une orthodoxe", rappelle-t-il.
Aujourd'hui, il a établi des ponts entre sa communauté et les orthodoxes majoritaires en Roumanie, cassant une partie des stéréotypes et préjugés.
"J'aime cette image de Jean-Paul II disant que la Roumanie doit respirer avec ses deux poumons, oriental et occidental", conclut-il.
"Cet institut, fondé par les religieux assomptionnistes catholiques, comptait parmi les plus grands spécialistes mondiaux de l'Orient chrétien. Il a toujours eu une histoire à rebondissements", explique le père français Michel Kubler, directeur du nouveau centre de Bucarest.Fondé à Istanbul à la fin du XIXe siècle, l'Institut d'études byzantines dut déménager à Bucarest après...

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