Dans Parlons arabe libanais, la meilleure surprise réside sans doute dans la retranscription en lettres latines de l'hymne national libanais. Le «Koullouna» ou plutôt «Kullu-nâ» étalé sur trois pages devient ainsi accessible aux Libanais de la diaspora ou à tout autre «patriote» ne lisant pas l'arabe. Mais l'ouvrage, très précieux et utile, recèle par ailleurs de nombreuses trouvailles judicieuses.
Divisé en cinq parties, à commencer par une présentation générale dans laquelle l'auteure explique les différences entre les divers dialectes arabes et la langue «fusha», ou l'arabe littéral.
Suit une partie décrivant la grammaire de l'arabe libanais, en partant de la racine des mots, puis les noms masculins et féminins, les nombres, les pronoms (personnels, possessifs, démonstratifs, interrogatifs), puis les verbes et les adverbes... Bref, de la grammaire pure et dure, à l'intention de ceux qui connaissent un tant soit peu la langue, mais pas ses rouages.
Pour les autres, ceux qui désirent apprendre vite et bien les mots de tous les jours, la partie «conversation» s'avère particulièrement adéquate. Composée d'une vingtaine de dialogues illustrant des situations de la vie courante. Des salutations (marhaba) à l'invitation à un café (btéchrabé ahwé?)
En passant par l'«au revoir» (yalla bye, ana rayih) ou encore les conversations au téléphone ou le téléphone portable plus précisément, avec l'inratable «je n'entends pas bien, la ligne s'entrecoupe» (3am bi attech el-khatt). Lexique des temps modernes donc qui vous apprend aussi en quels termes libanais il faut s'adresser au chauffeur de taxi et les phrases typiques de ce dernier comme (el tor'at 3adam), «les routes sont catastrophiques». Les formules d'hospitalité et de politesse, au restaurant, louer un studio et payer en dollars, demander son chemin dans la rue, parler du temps et tomber malade, tomber amoureux aussi. Les situations au Liban ne manquent pas de rebondissements et Fida Bizri en présente les plus communes, mais aussi les plus incongrues. Elle indique aux expatriés comment régler en libanais les problèmes d'eau sous la douche, comment faire les courses et négocier les prix, elle présente aussi le discours chauvin du taboulé bien libanais (rien à voir avec le «français» qui déborde de semoule!). Elle souligne, vers la fin de ce chapitre et non sans humour, la haute probabilité pour un étranger s'exprimant en arabe d'être pris pour un... espion. Comme quoi, même la théorie du complot, une caractéristique bien libanaise, exacerbée en ces temps d'espionnite aiguë, n'échappe pas à la loupe de la linguiste.
Le chapitre suivant est consacré d'ailleurs à une représentation des principaux traits culturels et sociolinguistiques qui permettent de mieux comprendre la société libanaise.
Enfin, un lexique à doubles entrées, riche de 3000 mots et verbes, couronne en beauté Parlons arabe libanais, qui s'avère être une référence incontournable et moderne dans le genre.
* Disponible, entre autres, à la librairie al-Bourj.
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