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Culture - En librairie

« Parlons arabe libanais » : « Hi, kifak, ça va ? »

Fida Bizri parle une vingtaine de langues. Mais c'est à l'arabe libanais, bien de chez « nehna », auquel la linguiste a choisi de consacrer un ouvrage, « Parlons arabe libanais »* chez L'Harmattan.

Fida Bizri a consacré sa thèse de doctorat aux contacts linguistiques entre l’arabe et le singhalais au Moyen-Orient.

Linguiste et spécialiste des langues de contact, Fida Bizri a étudié les langues sémitiques anciennes, consacrant sa thèse de doctorat aux contacts linguistiques entre l'arabe et le singhalais au Moyen-Orient. Une étude publiée chez Geuthner sous le titre «Le pidgin de Madame, une grammaire de la servitude» et dans laquelle la jeune femme - qui enseigne actuellement le singhalais à l'Inalco (Institut national des langues et des civilisations orientales) - décrète la naissance d'une langue, «inventée» par les domestiques sri lankaises en coproduction avec leurs maîtresses. Une langue à ne pas confondre avec l'arabe cassé, se caractérisant par une grammaire bien particulière, «un pidgin relevant un phénomène d'invention linguistique jamais rencontré dans d'autres pidgins connus et étudiés auparavant, écrit Bizri. Une langue dont toute la grammaire est basée sur des formulations d'ordres et de prohibitions, mais qui, néanmoins, réussit à être une vraie langue de vie.»
Dans Parlons arabe libanais, la meilleure surprise réside sans doute dans la retranscription en lettres latines de l'hymne national libanais. Le «Koullouna» ou plutôt «Kullu-nâ» étalé sur trois pages devient ainsi accessible aux Libanais de la diaspora ou à tout autre «patriote» ne lisant pas l'arabe. Mais l'ouvrage, très précieux et utile, recèle par ailleurs de nombreuses trouvailles judicieuses.
Divisé en cinq parties, à commencer par une présentation générale dans laquelle l'auteure explique les différences entre les divers dialectes arabes et la langue «fusha», ou l'arabe littéral.
Suit une partie décrivant la grammaire de l'arabe libanais, en partant de la racine des mots, puis les noms masculins et féminins, les nombres, les pronoms (personnels, possessifs, démonstratifs, interrogatifs), puis les verbes et les adverbes... Bref, de la grammaire pure et dure, à l'intention de ceux qui connaissent un tant soit peu la langue, mais pas ses rouages.
Pour les autres, ceux qui désirent apprendre vite et bien les mots de tous les jours, la partie «conversation» s'avère particulièrement adéquate. Composée d'une vingtaine de dialogues illustrant des situations de la vie courante. Des salutations (marhaba) à l'invitation à un café (btéchrabé ahwé?)
En passant par l'«au revoir» (yalla bye, ana rayih) ou encore les conversations au téléphone ou le téléphone portable plus précisément, avec l'inratable «je n'entends pas bien, la ligne s'entrecoupe» (3am bi attech el-khatt). Lexique des temps modernes donc qui vous apprend aussi en quels termes libanais il faut s'adresser au chauffeur de taxi et les phrases typiques de ce dernier comme (el tor'at 3adam), «les routes sont catastrophiques». Les formules d'hospitalité et de politesse, au restaurant, louer un studio et payer en dollars, demander son chemin dans la rue, parler du temps et tomber malade, tomber amoureux aussi. Les situations au Liban ne manquent pas de rebondissements et Fida Bizri en présente les plus communes, mais aussi les plus incongrues. Elle indique aux expatriés comment régler en libanais les problèmes d'eau sous la douche, comment faire les courses et négocier les prix, elle présente aussi le discours chauvin du taboulé bien libanais (rien à voir avec le «français» qui déborde de semoule!). Elle souligne, vers la fin de ce chapitre et non sans humour, la haute probabilité pour un étranger s'exprimant en arabe d'être pris pour un... espion. Comme quoi, même la théorie du complot, une caractéristique bien libanaise, exacerbée en ces temps d'espionnite aiguë, n'échappe pas à la loupe de la linguiste.
Le chapitre suivant est consacré d'ailleurs à une représentation des principaux traits culturels et sociolinguistiques qui permettent de mieux comprendre la société libanaise.
Enfin, un lexique à doubles entrées, riche de 3000 mots et verbes, couronne en beauté Parlons arabe libanais, qui s'avère être une référence incontournable et moderne dans le genre.

* Disponible, entre autres, à la librairie al-Bourj.
Linguiste et spécialiste des langues de contact, Fida Bizri a étudié les langues sémitiques anciennes, consacrant sa thèse de doctorat aux contacts linguistiques entre l'arabe et le singhalais au Moyen-Orient. Une étude publiée chez Geuthner sous le titre «Le pidgin de Madame, une grammaire de la servitude» et dans laquelle la jeune...

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