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Culture - Exposition

« Counting Thoughts », ou le miroir à plusieurs facettes

Différents médiums et techniques artistiques se côtoient à la galerie The Running Horse* jusqu'au 29 mai. Baptisée « Counting Thoughts », cette exposition rassemble des femmes artistes qui ont illustré leur approche de l'art ainsi que leur vision. Sans contrainte et en toute liberté.

Nastia Bolchakova s’interroge sur la chair féminine à vendre.(DR)

«Ce n'est nullement une exposition féministe, précise dès le départ Mayssa Fattouh, curatrice de l'exposition. Je ne suis pas là pour brandir l'étendard de la condition féminine, les artistes non plus d'ailleurs. Invitées à confronter leurs idées sur l'âme féminine et non leur statut (ne confondons pas), ces artistes de différentes nationalités ont toutes répondu à l'appel.»
Comment représenter leur personnalité, leurs tendances et leur âme? Voilà l'objectif de ce dialogue interactif entre multiples perspectives. Il était essentiel que tous les angles soient explorés. C'est pourquoi la curatrice a dû s'adresser à des artistes issues de divers univers. «En six semaines, signale Mayssa Fattouh, j'ai pu glaner des noms que je connaissais déjà alors que je me mettais en contact avec d'autres pour leur soumettre le projet. Par la suite, plusieurs discussions et brassages d'idées ont eu lieu afin qu'on s'entende sur la sélection des œuvres. Car si deux d'entre elles ont été réalisées pour cette exposition, le reste avait déjà été présenté dans le cadre d'autres événements artistiques.»

Des univers différents
Finalement, «Counting Thoughts» a pris naissance. Neuf artistes prennent la parole et expriment dans leur art tout ce qu'il y a de plus inhérent à leur nature. Un dialogue s'instaure donc dans les locaux de Running Horse qui met l'accent sur les craintes, les désirs et les plaisirs des femmes.
Première expérience qui traduit ce «vague» à l'âme féminin est celle de l'Allemande Alexandra Hopf qui superpose, dans une vidéo intitulée Shoud this be an unknown wall, des strates d'images tirées de ses archives photographiques et tente de faire une approche structurée de sa mémoire. Dans un autre travail de vidéaste (assez différent), baptisé Perdu/Gagné, Sirine Fattouh, d'origine libanaise, interroge des femmes issues de différents milieux. Une seule question est posée: qu'avez-vous gagné et qu'avez-vous perdu? Et voilà que les femmes interrogées se mettent à dresser un bilan personnel de leur vie. Des témoignages poignants, qui brossent le portrait d'un Liban dans la tourmente. Dans son film animé baptisé Sisters, l'artiste turque Iz Oztat confronte la modernité de son pays au mouvement islamiste.
Dans une démarche moins conceptuelle et plus physique, le diptyque d'autoportraits de Rasha Kahil, Insomnia is a 4 letter word, la photographe, dans un but de traduire la lutte permanente de la femme, représente son propre corps désarticulé et disloqué. L'artiste libanaise, établie actuellement à Londres, signe une autre œuvre baptisée Laurie.
Tandis que la Russe Nastia Bolchakova interpelle le regard en présentant des illustrations de morceaux de viande intercalées de seins en résine dans des barquettes (à la manière des supermarchés), s'interrogeant ainsi si le corps féminin est une valeur marchande, l'artiste japonaise Emi Miyashita invite, dans Welcome to my room, à visiter son monde miniaturisé. Des œuvres crayonnées sur papier qui vous plongent dans son «intérieur» angoissant et ludique à la fois. Elles sont accompagnées avec beaucoup d'humour par une loupe qui permet de distinguer les infimes détails. Un travail surprenant qui mérite qu'on s'y attarde.
Trois sculptures animent également l'espace. L'une représentant une structure métallique sur laquelle sont tendus des tissus effilochés, traduisant la déconstruction et la reconstruction. Cette œuvre signée Marcela Astorga, d'origine argentine, fait référence à l'Arte Povera dont l'artiste revendique l'influence.
La seconde sculpture est un berceau réalisé par la Suédoise Veronica Brovall. Sous le nom de I was here. La sculptrice, célèbre pour ses œuvres monumentales, offre à voir un travail plus comprimé, une composition de pièces inspirées de son vécu. Pour la troisième sculpture, il s'agit du travail de la Libanaise Hiba Kalache qui repeint son univers en rouge: cinq troncs d'arbre arrachés à sa rue et peints de cette couleur font écho à une toile toute cramoisie baptisée Give and take. Selon Kalache, nos sentiments se tissent à travers un monde d'objets familiers et un autre irréel. C'est ainsi que l'artiste a confronté ces «choses» tellement matérielles et réelles aux lavis de peinture presque imaginaires.
En corps, formes et sons, les mondes intérieurs de toutes ces artistes dévoilent des identités et des valeurs multiples, répondant aux questionnements de toutes les femmes. Des travaux qui se reflètent dans un seul miroir... à plusieurs facettes.

* Galerie The Running Horse, Quarantaine. Heures d'ouverture: du lundi au vendredi de 12h00 à 19h00 et le samedi de 14h00 à 17h00. Tél. : 01/562778.
«Ce n'est nullement une exposition féministe, précise dès le départ Mayssa Fattouh, curatrice de l'exposition. Je ne suis pas là pour brandir l'étendard de la condition féminine, les artistes non plus d'ailleurs. Invitées à confronter leurs idées sur l'âme féminine et non leur statut (ne confondons pas), ces...

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