Sur une grande scène érigée à ciel ouvert au cœur d'un écrin de verdure et de pelouses soigneusement entretenues, sur fond de spots bleus et de lumignons rouges, un ensemble de musiciens de l'Orchestre du Festival Puccinni, entre deux écrans géants, jette les premières notes. Apparaît, micro en mains, Il Divo, le quartette de garçons polyglottes dans le vent.
Délire du public pour ces quatre superstars qui caracolent au haut des hit-parades des ventes avec leurs vingt-cinq millions d'albums que jeunes et moins jeunes se sont littéralement arrachés depuis 2004.
Fracs noirs et chemises blanches, cheveux mi-longs ou ultracourts, sourires ravageurs, corps sveltes et musclés (sans être outrageusement bodybuildés), bourreaux de cœur de ces dames, idoles des adolescents, véritables chanteurs de charme, ils sont là les divos. Les divos, comme leurs alter ego féminins les divas, sont ces divins artistes qui envoûtent par leurs voix.
Jolie descente des escaliers, avec effet de reins, de jambes, de torses et de regards (de velours, bien entendu, pour ces loups aux dents longues), pour ces quatre garçons dans le vent qui déchaînent le délire des foules. Tout comme leurs prédécesseurs, les Beatles, mais sur un registre absolument différent.
Voilà donc pour la présentation, tout horizon confondu (car ils sont de diverses nationalités), de ces quatre play-boys du « bel canto » qui revisitent la chanson populaire tous azimuts. En lui restituant des lettres de noblesse nouvelles et presque inattendues. Délices des surprises vocales d'un groupe de charme charismatique. Mais ici, seule note sombre au tableau : la sonorisation, intempestive, pèche souvent par excès de décibels.
Pour le registre du baryton, en toute autorité et assurance, Carlos Marin. Et s'alignent, pour les tonalités du ténor, à l'unisson ou en solo, David Miller, Sébastien Izambard et Urs Buhler.
Bouquet de mélodies aux fragrances panachées pour ce concert d'une douzaine de chansons oscillant entre art lyrique et variété légère. Pour ce fringant « boys band » fonçant droit dans les envolées opératiques aux vibratos et trémolos remuants, ni Charles Aznavour, ni Leonard Cohen, ni les Abba, ni Barbara Streisand (leur grande amie et égérie), ni Vivaldi ne sont plus les mêmes quand leur intervention et leur souffle sont passés par là.
De la Mamma à l'hommage à Celine Dion, en passant par la Promessa, Halleluia, She, Without You et autres tubes, avec la déchirante complainte de Caruso, le quartette Il Divo s'avère un véritable stratège pour relooker les variétés et leur offrir une ouverture, une densité de voix encore plus prenante et impressionnante, sans toutefois jamais toucher la qualité de l'émotion, si ce n'est le plus souvent pour l'amplifier ou la renforcer.
Notes finales en triomphe, comme un charmant pied de nez aux conventions sclérosées, avec le My Way de Frank Sinatra. Et pour l'ultime bis, encore un clin d'œil à l'auditoire tout en délire, l'Impossible Dream de Don Quichotte, touchant pourfendeur des moulins à vent dans un Abou Dhabi dominé par les gigantesques monolithes des tours scintillant de colliers de lumière...
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