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Campus - Libre cours

« Ce qui m’a le plus marquée, c’est le génie féminin »

Fabienne Le Houérou à Wadi Halfa (Soudan) lors d’un entretien collectif.

Spécialiste de l’histoire coloniale et postcoloniale et des migrations forcées, Fabienne Le Houérou, historienne, cinéaste et chercheuse à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (Iremam) du CNRS – en visite au Liban pour participer au colloque international organisé par l’AUF, « Dialogue des cultures, culture du dialogue au Moyen-Orient », qui s’est tenu les 21 et 22 mars à l’ESA – a à son actif de nombreux ouvrages et plusieurs documentaires scientifiques sur les migrants, notamment sur les déplacés forcés éthiopiens et érythréens au Soudan et en Égypte, dont Nomades et pharaon (2005), Hôtel du Nil : voix du Darfour (2007) et Filmer les déracinés (2008).
« Les migrants traversent beaucoup d’espaces. Ils traversent l’espace géographique, l’espace social, les préjugés, les cultures. Et ils sont obligés de se réinventer. Les migrants, forcés ou non, sont des gens extrêmement imaginatifs. Et c’est passionnant d’entendre leurs histoires de vie », affirme avec enthousiasme la chercheuse française pour expliquer l’intérêt qu’elle porte depuis des années aux migrations.
L’historienne, qui filme toutes ses enquêtes, trouve les images « fondamentalement heuristiques ». Le film comme outil de recherche. Une méthode que la chercheuse défend farouchement. « Les images, porteuses d’émotions, permettent d’humaniser les sciences », dit-elle. Sa conviction de « l’importance et l’éthique » de cette méthodologie, elle la partage avec les étudiants inscrits au séminaire « Filmer les suds » qu’elle dirige à l’Iremam, et qui « consiste en une série de séances ayant pour fil conducteur l’image comme support ou témoin ethnographique et dont les thématiques sont aussi variées que celles traitées par les images présentées ».
Ses recherches l’ont emmenée au Soudan, en Égypte et jusqu’au Tibet. Fabienne Le Houérou – trilingue en français, anglais, italien, qui parle couramment l’espagnol, l’amharique, le swahili et qui possède des notions d’arabe – confie que ce qui l’a le plus marquée au cours de ses enquêtes auprès des migrants est « le génie féminin », les « grandes capacités inventives de femmes qui ne savent ni lire ni écrire, mais qui possèdent une intelligence de vie exceptionnelle ». Elle précise : « Je me rappelle une femme du Darfour, seule survivante de sa famille, qui avait subi des épreuves atroces. Elle parlait avec calme, avait un discours de pardon. Ces femmes (soudanaises) ont une énorme force au quotidien. Et elles sont d’une grande honnêteté par rapport à leur émotions. » Qualités que la chercheuse retrouve également chez les Tibétaines.
Fabienne Le Houérou – qui a reçu un prix d’Académie des jeux floraux de Toulouse pour son ouvrage Quartier 4 et demi sur les coptes d’Égypte (mai 2012) – ajoute en guise de conclusion : « Cela me pose une question : y a-t-il un éternel féminin ? »
Spécialiste de l’histoire coloniale et postcoloniale et des migrations forcées, Fabienne Le Houérou, historienne, cinéaste et chercheuse à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (Iremam) du CNRS – en visite au Liban pour participer au colloque international organisé par l’AUF, « Dialogue des cultures, culture du dialogue au Moyen-Orient », qui...

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