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Éclairage sur une jeunesse qui ne se croise pas les bras

L’exposition Nawfal a tenu sa promesse et s’est déroulée comme prévu cet hiver. Retour sur une exposition culturelle et artistique de trois mois, sous le signe de la jeunesse.
Al-Tall. Rue grouillante. Dix-huit heures, la fameuse horloge ne ment pas. Les passants vaquent à leurs occupations ordinaires, les étals de montres, portefeuilles, barquettes de frites, bonnets d’hiver se vendant au rythme des bribes de musique fuyant les fenêtres entrouvertes des files de taxis. Deux petites filles quémandent cinq cents livres libanaises, sous les yeux friands de vieilles femmes à court de parfum dernier cri. Au Soufi, célébrissime fast food populaire, les riverains tendent la main en direction d’un chawarma. Plus à gauche et en hauteur, l’imposant palais demeure tranquille. Entre lui et l’autre monde, se tiennent, sages mais arqués, deux escaliers qui donnent sur un jardin nouvellement rénové.
Si la scène se veut poussiéreuse, agitée, ancrée dans une réalité quotidienne cacophonique, plus haut un groupe de Tripolitains a choisi d’opérer le contraste et se mobilise pour entretenir la nouvelle vague culturelle, introduite l’an passé par la décision de mener une saison culturelle en hiver au palais Nawfal. Fin novembre, les escaliers, souvent esseulés, se préparent à la saison, qui débute sous le signe de l’écriture de jeunesse, avec le livre de Raafat Majzoub, Fetish System. Cet architecte de 25 ans, diplômé de l’AUB, a publié son ouvrage à compte d’auteur afin, dit-il, « d’exprimer le plus librement possible ce que j’ai à dire ».

L’art par les jeunes et pour les jeunes
La jeunesse se veut le creuset de l’exposition avec une majorité d’artistes âgés de 18 à 30 ans. Le but de la saison : présenter les œuvres créatives de jeunes venant de Tripoli ou d’ailleurs, sensibiliser la ville à la création artistique, mais aussi renouer avec l’art, en perte de vitesse dans la ville, par les jeunes et pour les jeunes. Khaled Merheb, coorganisateur de la saison, en partenariat avec Élias Khlat et Sahar Minkara Karamé, explique que la saison Nawfal a fait un pas en avant en invitant pour la première fois une artiste internationale, Kristen Hope, jeune musicienne américaine, mais aussi en exposant des œuvres d’art urbain, une première pour « la belle au bois dormant ».
Tous les arts figurent au programme : la musique, avec les prestations de Kristen Hope, ainsi que le leader des « Incompetents », Serge Yared, réunis dans un duo intitulé « Folk Without A Cause », suivis de la Beyrouthine Liliane Chela, qui a présenté « Idle Remains ». Quant à la photographie, elle était représentée, pour la seconde année consécutive, par de jeunes amateurs. Ainsi, Nour Fattal, 19 ans, étudiante en arts graphiques à Balamand, et Nour Kabbara, diplômée en business de l’AUB, ont pu exposer pour la première fois leur travail. Les « Friends of Tripoli Railway Station » ont quant à eux utilisé le même procédé pour célébrer par la photo le centenaire de la station.
Même si l’exposition reste modeste, même si Tripoli ne peut se targuer encore d’une révolution, même si les tentatives de rallier toute la jeunesse à sa cause sont encore à leurs prémices, la seconde saison Nawfal dénote l’existence certaine d’un groupe de pression tripolitain qui ne compte pas se croiser les bras.

Maya SOURATI
Al-Tall. Rue grouillante. Dix-huit heures, la fameuse horloge ne ment pas. Les passants vaquent à leurs occupations ordinaires, les étals de montres, portefeuilles, barquettes de frites, bonnets d’hiver se vendant au rythme des bribes de musique fuyant les fenêtres entrouvertes des files de taxis. Deux petites filles quémandent cinq cents livres libanaises, sous les yeux friands de vieilles...

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