À Cilvegozu, un camionneur turc affirme que les Syriens demandent des pots-de-vin pour passer la frontière. « Il faut leur graisser la patte. Ils ont augmenté les tarifs de cent pour cent, nous devons payer 920 dollars pour passer. On ne peut pas attendre, alors on paye. Mais ça fait 920 dollars de perdus, pour un camion vide », dit-il. Les Syriens « voient maintenant les Turcs comme des ennemis, alors qu’avant, il y avait une bonne amitié entre nous », se plaint un autre chauffeur.
Signalons que Damas a suspendu un accord commercial avec la Turquie datant de 2004, après la décision d’Ankara, qui est un de ses principaux partenaires économiques, de se joindre à la Ligue arabe en imposant des sanctions contre le régime du président Bachar el-Assad. La Turquie a ainsi gelé les échanges commerciaux et coupé les liens entre les banques centrales des deux pays. La Syrie a de son côté suspendu l’accord de libre-échange, augmenté ses tarifs douaniers et mis des entraves à la circulation des camions à ses frontières.
Abdulkadir Cikmaz, de l’Association des exportateurs du Sud-Est anatolien, affirme que la tension entre les deux pays « menace gravement » l’économie régionale. « On ne peut plus expédier de marchandises vers les pays du Proche-Orient », affirme-t-il. Or la Syrie est une route importante pour ces échanges commerciaux. La Turquie a exporté pour 1,8 milliard de dollars de biens et denrées vers la Syrie en 2010, alors que les importations de la Syrie étaient de 663 millions, soit seulement 0,3 pour cent des importations turques. Les exportations turques vers le Proche-Orient ont représenté 2,5 milliards de dollars, selon M. Ozmen. Ankara affirme que c’est surtout la Syrie qui souffre de cette situation, mais les hommes d’affaires turcs ne sont pas d’accord. « Nous respectons les décisions de notre gouvernement, mais il faut se rendre compte que ce sont 300 à 400 camions qui passent normalement la frontière syrienne chaque jour, pour aller au Liban, en Jordanie ou en Arabie saoudite », explique M. Cikmaz. « La Syrie est en cinquième position dans nos exportations », a-t-il ajouté.
Face au blocage de la frontière, le gouvernement turc commence à envisager des solutions de remplacement : il pourrait ouvrir de nouveaux postes-frontières avec l’Irak, ou mettre en place des navettes maritimes entre le port turc de Mersin et Alexandrie.
(Source : AFP)
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