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Économie - Agriculture

En Équateur, la lutte de David contre Goliath des producteurs de bananes bios

Le président Rafael Correa menace de « nationaliser » le secteur.

Avec l’arrivée au pouvoir du président Correa, la donne a commencé à changer grâce à la loi sur la banane qui fixe un prix officiel.Rodrigo Buendia/AFP

En Équateur, 1er exportateur mondial de bananes, des producteurs biologiques s'unissent face aux diktats des multinationales, entraînant avec eux les agriculteurs traditionnels, tous soutenus par le président Rafael Correa qui menace de « nationaliser » le secteur.
Perchés à plus de mille mètres d'altitude dans la région agricole de El Oro, les quelque 350 producteurs « bio » de la coopérative de El Guabo, créée en 1998, sont fiers des résultats atteints.
« Je produis 100 caisses par semaine alors que les producteurs qui utilisent des pesticides en font entre 350 et 500. Mais moi, j'ai décidé de préserver ma terre et ma santé », affirme Wilson Sanchez, l'un d'entre eux.
Ces producteurs ont décroché le prestigieux label international « Fair Trade », certifiant le caractère « durable » de leur entreprise et produisent 33 000 tonnes, une quantité encore marginale face aux 2,5 millions de tonnes exportées en 2010.
Leurs bananes sont officiellement plus chères - 7,5 dollars la caisse contre 5,5 pour les traditionnelles - et devraient rapporter plus, si les multinationales respectent le prix fixé par l'État pour les bananes destinées à l'exportation.
« Avec la coopérative, nous subissons moins la pression des exportateurs, mais ils essayent toujours de revoir le prix à la baisse. C'est pourquoi nous devons créer notre propre circuit de distribution et ne plus dépendre de ces intermédiaires », assure Romulo Archibala, producteur bio de la région de Machala.
L'exportation de bananes - représentant pour l'Équateur des ventes annuelles de quelque 1,8 milliard de dollars - reste contrôlée à 85 % par cinq multinationales d'origine américaine, à l'exception de l'équatorienne Noboa : Chiquita Brands International et Dole Food Company occupent 25 % chacune du marché, Del Monte Fresh Products 15 %, Noboa 11 % et Fyffes 8 %.
Depuis les années 1970, elles dictaient « le prix de la caisse de bananes », assure Eduardo Lesdesma, de l'Association des exportateurs de bananes de l'Équateur (AEBE).
Avec l'arrivée au pouvoir du président socialiste Rafael Correa en janvier 2007, la donne a commencé à changer grâce à la loi sur la banane qui fixe un prix officiel. Mais quinze des 140 exportateurs ont été mis en examen pour de possibles entraves à cette règle.
Certains producteurs doivent « rendre en liquide une partie du paiement. On leur fait signer un contrat dans lequel le prix officiel est de 5,5 dollars ou 7,5 dollars et ensuite on leur demande de rétrocéder 3 dollars en contrepartie de l'achat de tous leurs fruits », a récemment assuré Rafael Correa. « Si l'on doit nationaliser les exportations, on le fera, compagnons, car on en a assez de toutes ces pratiques honteuses », a-t-il menacé.
L'Association des exportateurs de bananes s'oppose à toute nationalisation. « Il faut faire respecter les normes en vigueur », indique-t-on à l'association, qui suggère « que le prix officiel soit payé à travers la Banque centrale ».
Les producteurs conventionnels envient parfois la solidarité qui permet aux producteurs bios de faire front.
« Les producteurs bios produisent moins que nous, mais ils sont plus soudés, avec leur coopérative, pour imposer leurs conditions financières et sont du coup gagnants dans les négociations : ils vendent presque toujours au prix officiel », souligne Boanerges Correal, un producteur traditionnel.
Seuls les agriculteurs bios arrivent pour l'instant à gagner un salaire minimum, soit 70 dollars par semaine.
Le secteur de la banane emploie 1,4 million de personnes, un Équatorien sur dix. Les principaux marchés sont la Russie (23 %), les pays de la mer Baltique (22 %), ceux de l'Union européenne (19 %), et les États-Unis (18 %).

(Source : AFP)
En Équateur, 1er exportateur mondial de bananes, des producteurs biologiques s'unissent face aux diktats des multinationales, entraînant avec eux les agriculteurs traditionnels, tous soutenus par le président Rafael Correa qui menace de « nationaliser » le secteur.Perchés à plus de mille mètres d'altitude dans la région agricole de El Oro, les quelque 350 producteurs « bio » de la...

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