Deux militantes saoudiennes ont annoncé samedi avoir déposé des plaintes devant la justice de leur pays contre le refus des autorités de leur délivrer un permis de conduire et contre l'interdiction qui leur est faite de prendre le volant.
Manal al-Chérif, icône d'une campagne lancée l'année dernière sur internet pour inciter les Saoudiennes à braver l'interdiction de conduire, et Samar Badaoui, une militante des droits de l'Homme, ont attaqué le ministère de l'Intérieur en justice.
Manal al-Chérif, qui avait été arrêtée en mai 2011 et maintenue 10 jours en détention après avoir diffusé sur YouTube une vidéo dans laquelle on la voyait conduire, a expliqué avoir décidé de saisir la justice après que les autorités lui aient refusé un permis de conduire. "Il n'y a pas de loi qui stipule précisément que les femmes ne peuvent pas conduire" en Arabie saoudite, et donc il n'a y a aucune raison légale pour ne pas délivrer de permis, a-t-elle souligné.
De son côté, Samar Badaoui a déclaré avoir déposé sa plainte devant le bureau des réclamations du ministère de l'Intérieur, qui lui a dit de rappeler dans une semaine pour confirmer une date d'audience. Mme Badaoui a déposé cette plainte avec le soutien de son mari, Waleed Abulalkhair, un militant des droits de l’Homme. La militante a déjà purgé une peine de prison de sept mois pour avoir refusé la tutelle abusive de son père.
"Il est peu probable que le gouvernement punisse ces femmes pour avoir déposé ces plaintes", estime la saoudienne Eman el-Nafjan sur son blog. "Depuis quelques jours, des rapports non officiels indiquent que le roi d'Arabie aurait émis une décision de ne pas poursuivre en justice les femmes au volant. Ces informations ont été par la suite confirmées dans les médias", précise la blogueuse qui fait état de la mise en place d’un comité d’experts chargé de traiter les questions liées aux conventions sociales sans toutefois contredire la charia. "Il est clair que ce comité est mis en place uniquement pour régler la question liée à l’interdiction de conduire pour les femmes", précise al-Nafjan.
L'Arabie saoudite, royaume ultra-conservateur, est le seul pays au monde à interdire aux femmes de conduire, même si beaucoup n'hésitent pas à prendre le volant dans les régions désertiques loin de la capitale. Pour circuler au quotidien, celles qui en ont les moyens engagent un chauffeur, tandis que les autres dépendent du bon vouloir des hommes de leur famille.
commentaires (5)
Rires. Bonne remarque M. Talaat. Mais bon, depuis le Coran, la charia a "évolué".
Robert Malek
05 h 45, le 07 février 2012