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À La Une - syrie

Le "bouton d'Alep", nouvelle plaie de la ville ravagée par la guerre

La leishmaniose, une maladie transmise à l'homme par une mouche, a gagné la métropole d'Alep

Un petit Syrien atteint de leishmaniose reçoit une injection dans une clinique à Alep, le 24 mars 2013. AFP/BULENT KILIC

Il s'appelle le "bouton d'Alep" et il ravage les visages de nombreux habitants du nord syrien. Avec l'arrivée massive de réfugiés venus des villages alentours, la leishmaniose, une maladie transmise à l'homme par une mouche, a gagné la métropole d'Alep.

 

Mohamed, 11 ans, a depuis trois mois le visage parsemé de petites taches qui grossissent de plus en plus. "C'est une mouche qui vient des grenadiers, elle te pique et tu attrapes le bouton d'Alep", explique-t-il.

Ces boutons, indolores, qui recouvrent son nez et ont fleuri autour de sa bouche lui laisseront des cicatrices à vie. De même qu'à sa mère, sa soeur et ses cousins, eux aussi piqués par des mouches porteuses de la leishmaniose.

Cette maladie, qui affaiblit le système immunitaire mais n'est pas mortelle, est longtemps restée cantonnée aux campagnes du nord syrien.

Elle est depuis quelques mois en forte progression dans la capitale économique du pays, ravagée depuis neuf mois par les combats, où partout s'amoncellent des détritus pourrissant dans l'humidité et au soleil.

 

Selon Ali, volontaire de 23 ans dans une clinique improvisée d'Alep, 200 à 250 personnes atteintes de leishmaniose viennent chaque jour se faire soigner.

Dans le couloir où il accueille les derniers arrivés, des dizaines d'hommes, de femmes, d'enfants présentent leur visage, leurs bras, parsemés de boutons. Dans la pièce voisine, un homme installé sur un canapé renverse une bouteille de Bétadine sur sa jambe. La leishmaniose a dévoré toute la peau de son mollet.

Mais la plupart des malades sont des enfants. Selon Ali, ils représentent au moins 50% des cas de leishmaniose à Alep.

"Les enfants passent la plupart du temps hors de la maison et ils jouent dans les rues au milieu des détritus", explique Aïcha, une lycéenne de 16 ans reconvertie en infirmière.

(Pour mémoire : MSF dénonce les conditions de vie "déplorables" des réfugiés syriens au Liban)

 

Pour se protéger, il faudrait au moins qu'ils dorment sous des moustiquaires, explique Ali. "Mais à 1.000 livres syriennes (environ 10 dollars) la moustiquaire, comment une famille avec plusieurs enfants peut-elle se permettre d'en acheter pour chacun de ses membres ?", dit-il.

 

Avec l'été qui approche, et le risque de voir les mouches bientôt pulluler, Rabié, 30 ans, un ex-étudiant en physique, membre de l'association al-Fatim, a décidé de prendre les choses en main.

Avec son cousin et un ami, il sillonne le quartier de Tariq al-Bab armé d'un étrange engin qui crache une épaisse fumée blanche. "C'est du pétrole mélangé à un insecticide", explique-t-il, un mince masque de chirurgie sur le visage.

"Nous avons décidé de nous organiser en vue de l'été pour tuer les mouches responsables de la transmission de la maladie à l'homme avant qu'elles ne commencent à piquer les gens", dit-il.

 

Avant le début il y a neuf mois des combats à Alep, les autorités procédaient chaque année à une campagne de désinsectisation.

Mais cette année, dans les quartiers tenus par les rebelles, Rabié et ses amis effectuent ce travail de fourmis à bord de leur petit pick-up, avec des fonds récoltés auprès de brigades rebelles et d'organisations de l'opposition.

Il a acheté sa machine 1.500 dollars en Turquie, et compte faire le tour du quartier, à raison d'une dizaine de rues par heure.

Mais il sait qu'il ne fait pas le poids face aux montagnes de détritus qui recouvrent chaque recoin de la ville. Malgré tout, il s'accroche, car à la clinique, on a ouvert le dernier carton de Glucantime, le traitement contre la leishmaniose. Ce médicament, fabriqué en France, est désormais introuvable en Syrie.


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