Rechercher
Rechercher

À La Une - Révolte

Le chef de l'opposition syrienne jette l’éponge

La coalition n’a pas encore accepté la démission de Ahmad Moaz el-Khatib ; Israël répondra « immédiatement » à tout tir syrien venant du Golan.

Dans le quartier aleppin de Seif el-Dawla, des affrontements violents opposent régulièrement les rebelles aux troupes loyalistes. Bulent Kilic/AFP

Le chef de l’opposition syrienne Ahmad Moaz el-Khatib a annoncé hier sa démission, illustrant publiquement la difficulté des opposants à unir les rangs face au régime de Bachar el-Assad. À la tête depuis novembre de la Coalition nationale de l’opposition, groupe reconnu comme le représentant légitime du peuple syrien par des dizaines de pays et d’organisations internationales, M. Khatib a donc annoncé sur sa page Facebook qu’il démissionnait pour « pouvoir œuvrer avec une liberté » qu’il ne pouvait avoir « au sein d’une organisation officielle ». « Ces deux dernières années, nous avons été égorgés par un régime d’une brutalité sans précédent, alors que le monde nous observait. Toutes les destructions, la détention de dizaines de milliers de personnes, l’exil forcé de centaines de milliers n’ont pas suffi pour que la communauté internationale prenne une décision afin de permettre au peuple de se défendre », a-t-il ajouté. « J’ai fait une promesse à notre grand peuple que je démissionnerais si une ligne rouge était franchie. Aujourd’hui, j’honore ma promesse », a affirmé M. Khatib. Selon Ahmad Kamel, un membre de la Coalition de l’opposition, « les membres de l’Assemblée générale de la coalition n’ont pas encore accepté cette démission et quelques-uns ont demandé à M. Khatib de retourner à son travail ». Cette assemblée doit accepter la démission pour qu’elle devienne effective.

Le rôle du Qatar
D’après des opposants, M. Khatib était hostile à la désignation d’un Premier ministre rebelle par intérim, Ghassan Hitto, élu le 18 mars. Il reprochait « notamment au Qatar de vouloir contrôler l’opposition » et d’avoir imposé l’élection de M. Hitto, soutenu par les Frères musulmans, a dit l’un d’eux. Selon un politologue syrien, la crise au sein de l’opposition « illustre la rivalité entre le Qatar, qui s’appuie sur les Frères musulmans et est opposé à tout compromis avec le régime, et l’Arabie saoudite et les États-Unis, qui souhaitent une solution pour mettre fin à la guerre ».
Le Qatar, qui accueille demain un sommet arabe auquel il comptait convier l’opposition pour représenter la Syrie, mais sans qu’une décision n’ait été prise à ce sujet, a d’ailleurs officiellement appelé M. Khatib à revenir sur sa démission, alors que le secrétaire d’État américain John Kerry a regretté le départ de M. Khatib.

 

(Lire aussi : Qatar, le petit émirat devenu puissance régionale controversée)


Mais sur le terrain, les rebelles sur le front d’Alep ne sont pas du tout concernés par cette démission. « Rien ne va changer (...) même si toute la coalition démissionne, car dans les faits, ils n’ont rien pu faire pour les gens à l’intérieur du pays », a ainsi affirmé Abou Fouad, chef d’un groupe rebelle. Pour Hadji el-Bab, numéro 2 de Liwa’ al-tawhid, l’une des plus importantes brigades d’Alep, « la démission de cheikh Khatib n’a aucun impact sur le terrain car nous n’avons pas voté pour lui, elle touche ceux qui l’ont élu, pas les combattants ».
De son côté, le Premier ministre rebelle par intérim Ghassan Hitto s’est rendu hier dans la province d’Alep, où de larges secteurs sont aux mains des rebelles, pour des entretiens avec des représentants du Conseil rebelle local. L’Armée syrienne libre (ASL) a toutefois annoncé qu’elle ne reconnaissait pas M. Hitto. « Nous ne le reconnaissons pas comme Premier ministre car il n’a pas été choisi par consensus », a ainsi déclaré Louaï Moqdad, un responsable de l’ASL.
Toujours du côté d’Alep, l’aviation du régime a mené un raid aérien sur un bastion rebelle dans la province d’Alep, tuant dix personnes dont une femme et quatre enfants, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Chute d’obus à Damas
À Damas, dix personnes ont été blessées par la chute d’obus dimanche aux alentours du ministère de l’Enseignement supérieur, près de la place des Omeyyades, a affirmé l’agence officielle SANA. Les tirs d’obus et de roquettes par les insurgés se sont multipliés ces dernières semaines sur Damas, place forte du régime dont les troupes tentent de neutraliser les poches rebelles à la périphérie et d’empêcher les combattants d’avancer dans la capitale.


Les rebelles ont pris dans le Sud le contrôle d’une bande de 25 km allant de la Jordanie à la ligne de cessez-le feu avec Israël sur le Golan. Dans ce contexte, le nouveau ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon a promis hier de répondre « immédiatement » à tout tir syrien venant du plateau du Golan, mettant en garde le régime de Damas contre toute « violation de la souveraineté » israélienne. Des soldats israéliens postés dans la partie du Golan occupée par Israël avaient auparavant lancé un missile antichar Tamuz sur une position militaire syrienne après avoir essuyé des tirs du territoire syrien pour la seconde fois en 24 heures, selon un porte-parole militaire israélien. On ignorait dans l’immédiat si les tirs syriens provenaient des forces loyalistes ou des rebelles présents dans la région.


Ces événements sont intervenus alors que les rebelles se sont emparés samedi d’une importante base aérienne de la province de Deraa, près de la frontière jordanienne, après deux semaines de combats, selon l’OSDH, d’après laquelle les violences à travers le pays ont causé hier la mort de 104 personnes au moins.
Par ailleurs, le chef d’al-Oummah, un groupuscule islamiste aux Émirats arabes unis, a été tué au début du mois en combattant en Syrie aux côtés des rebelles dans la province de Raqa, ont annoncé des groupes islamistes de trois pays du Golfe dans un communiqué.


Sur le plan humanitaire, alors que l’ONU multiplie les appels à l’aide humanitaire, une poignée d’expatriés syriens vivant en Pologne ont quitté hier Varsovie à bord de deux ambulances d’occasion pleines de médicaments destinées à un camp de réfugiés en Turquie. « On ne peut plus attendre. Le monde tarde à trouver une solution pour le peuple syrien et les réfugiés sont dans une situation dramatique », a expliqué Imat Aldahari, 51 ans, l’un des initiateurs de l’opération. « On parle officiellement d’un million de réfugiés, mais, selon nos informations, il y en a plusieurs millions déjà », a-t-il ajouté.

 

Lire aussi

L'opposition syrienne diffuse une vidéo accusant l’Iran d'envoyer des armes au régime via l’aéroport de Beyrouth

 

Reportage

A Alep, après neuf mois de combats, la vie reprend ses droits



Le chef de l’opposition syrienne Ahmad Moaz el-Khatib a annoncé hier sa démission, illustrant publiquement la difficulté des opposants à unir les rangs face au régime de Bachar el-Assad. À la tête depuis novembre de la Coalition nationale de l’opposition, groupe reconnu comme le représentant légitime du peuple syrien par des dizaines de pays et d’organisations internationales, M....

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut