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À La Une - Témoignages

Plan de sauvetage de Chypre : les expatriés libanais mécontents mais résignés

"Nous avons contribué à hisser l'île parmi les économies les plus performantes à coup d'investissements de plusieurs millions de dollars et voilà comment ils nous remercient"

De nombreux commerces, touchés de plein fouet par la crise économique à Chypre, ont fermé ces dernières semaines. Barbara Laborde/AFP

Le plan de sauvetage européen de l’économie chypriote, au bord de la faillite, et prévoyant une taxe sur tous les dépôts bancaires, suscite amertume et interrogations chez les résidents étrangers, notamment libanais, de cette île méditerranéenne jadis prospère.

 

"La situation économique est très mauvaise depuis plusieurs mois", reconnaît, dans un entretien téléphonique avec Lorientlejour.com, Liliane Chemaly journaliste dans une agence de presse internationale. "Mais pourquoi les étrangers doivent-ils contribuer au sauvetage de l’économie chypriote ? Pourquoi de pauvres domestiques, qui arrivent à peine à joindre les deux bouts doivent-ils payer 7% de taxe sur leurs maigres épargnes ?", demande Mme Chemaly qui réside depuis plus de 25 ans à Chypre.

 

Pour Santa, une ressortissante philippine interrogée par Lorientlejour.com, l'adoption du plan de sauvetage se traduira par une taxe de 100 euros. "Une somme considérable pour moi, au regard de mes faibles revenus", dit-elle.

 

En contrepartie d'un prêt de 10 milliards d'euros pour l'île au bord de la faillite, les bailleurs de fonds ont exigé l'instauration d'une taxe exceptionnellede 6,75% sur tous les dépôts bancaires en-deçà de 100.000 euros et de 9,9% au-delà, ce qui devrait rapporter 5,8 milliards d'euros. A ces taxes s'ajoutent des privatisations et une hausse de l'impôt sur les sociétés, qui passera de 10 à 12,5% sur cette île longtemps perçue comme un paradis fiscal et soupçonnée de manquer de vigilance sur la provenance des fonds placés dans ses banques, en particulier depuis la Russie.

Le Parlement chypriote devait se prononcer lundi sur ce plan de sauvetage, très impopulaire dans l'île, mais le vote, qui avait déjà été reporté une première fois, l'a été une deuxième fois, à mardi.

 

Pratiquement, le plan signifie que ceux qui ont mis de l'argent de côté - les Chypriotes épargnent notamment pour les études de leurs enfants - seront pénalisés. Les étrangers aussi - outre les Libanais, des milliers d'expatriés britanniques et russes notamment vivent et travaillent sur l'île - seront touchés.

 

Nombreux sont les Libanais qui avaient senti le vent tourner, note toutefois Liliane Chemaly, ajoutant qu'ils avaient décidé depuis l’année dernière de rediriger leurs capitaux vers le Liban, ne gardant qu’une petite partie de leurs économies à Chypre. Mais "d’autres expatriés libanais, craignant les tensions au Liban, ont effectué le mouvement contraire et se retrouvent aujourd’hui obligés de soutenir l’économie chypriote. Ils sont toutefois très peu nombreux", poursuit la journaliste, qui conclut : "En fin de compte, nous payerons ce que nous devrons payer".

 

Une autre Libanaise, mariée à un Anglais et résidant depuis plusieurs années à Chypre, est outrée par la mise à contribution des étrangers. "Nous avons contribué à hisser Chypre parmi les économies les plus performantes à coup d'investissements de plusieurs millions de dollars et voilà comment ils nous remercient", s'insurge cette femme qui préfère garde l'anonymat. Finalement, au delà de la colère, cette Libanaise se veut, elle aussi, fataliste : "En fin de compte, nous nous plierons aux décisions dans l'espoir de jours meilleurs".

 

Pour Mikhlakis Pipis, homme d’affaires chypriote, "mettre à contribution les étrangers ayant des économiques à Chypre est tout à fait naturel". "Si l’économie coule, nous coulerons tous ensemble, et si elle prospère à l’avenir, ce sera pour le bien de tous", estime-t-il.

 

"Les étrangers ont jadis profité de la prospérité de Chypre, ils doivent à présent contribuer à son sauvetage", poursuit cet homme, âgé d'une quarantaine d'années et membre du parti Disy du nouveau président chypriote Nicos Anastasiadès.

 

M. Pipis, à la tête de nombreuses affaires, tient en outre à rappeler qu’en échange des taxes sur les dépôts bancaires, les déposants recevront des actions dans les banques. Ceux qui garderont leur dépôt dans les banques pendant plus de deux ans recevront des obligations grâce aux recettes de l’État liées à l'extraction attendue de gaz naturel au large des côtes chypriotes.

 

Repère

Plan de sauvetage pour Chypre : Pourquoi? Comment?

 

Analyse

La taxation des dépôts bancaires risque de déstabiliser l’économie chypriote

Le plan de sauvetage européen de l’économie chypriote, au bord de la faillite, et prévoyant une taxe sur tous les dépôts bancaires, suscite amertume et interrogations chez les résidents étrangers, notamment libanais, de cette île méditerranéenne jadis prospère.
 
"La situation économique est très mauvaise depuis plusieurs mois", reconnaît, dans un entretien téléphonique avec...

commentaires (1)

Il ne faut pas perdre de vue aussi que l'économie chypriote ne représente que 0,2% de l'économie européenne et le redressement de ce petit pays ne semble pas trop difficile . Antoine Sabbagha

Sabbagha Antoine

15 h 19, le 18 mars 2013

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Commentaires (1)

  • Il ne faut pas perdre de vue aussi que l'économie chypriote ne représente que 0,2% de l'économie européenne et le redressement de ce petit pays ne semble pas trop difficile . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    15 h 19, le 18 mars 2013

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