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À La Une - Liban

Sleiman ordonne d'arrêter tout homme armé voulant combattre en Syrie

Les déclarations du président libanais interviennent après des mises en garde syriennes.

Le président libanais Michel Sleiman a ordonné à l'armée d'arretêr tout combattant voulant se rendre en Syrie. Issouf Sanogo/AFP

Le Liban doit empêcher les combattants de franchir la frontière pour entrer en Syrie, a affirmé le président Michel Sleiman, après les menaces de Damas de riposter en cas de poursuite des infiltrations.

Le chef de l'Etat a fait cette déclaration lors d'une réunion avec la communauté libanaise de Côte d'Ivoire durant une visite officielle, selon un communiqué publié samedi par la présidence à Beyrouth.

 

La stabilité du Liban est l'affaire "de nous tous...", a-t-il poursuivi, ajoutant : "Il ne faut pas envoyer des militants en Syrie et (il ne faut) pas en recevoir (...) Nous devons maintenir notre neutralité" dans le conflit syrien.

Il a souligné avoir donné l'ordre à l'armée libanaise "d'arrêter tout homme armé ayant l'intention (d'aller) combattre (en Syrie) qu'il appartienne à l'opposition ou pas".

Des jeunes sunnites libanais ont cherché à rejoindre les rebelles syriens alors que l'opposition accuse le mouvement chiite libanais Hezbollah, un allié du président Bachar el-Assad, de prêter main forte aux forces du régime.

 

Le Premier ministre libanais, Nagib Mikati, a, lui aussi, affirmé samedi avoir donné l’ordre à l’armée d’empêcher toute violation de la frontière libano-syrienne. M. Mikati a aussi appelé "toutes les parties à respecter la politique de distanciation du gouvernement et à empêcher que le Liban soit entraîné dans un conflit externe".

 

Le bureau du Premier ministre a indiqué que M. Mikati s'est entretenu avec le chef de l'armée "des mesures prises par les militaires libanais (...) sur la frontière avec la Syrie pour prévenir les infiltrations des militants et les opérations de contrebande d'armes". Des témoins ont affirmé avoir vu un renforcement des troupes syriennes le long de la frontière avec le Liban.

 

Jeudi, le ministère syrien des Affaires étrangères a menacé de frapper en territoire libanais les "bandes armées" passant clandestinement en Syrie. "Les forces syriennes font preuve de retenue en ne frappant pas ces bandes à l'intérieur du territoire libanais (...) mais cela ne durera pas indéfiniment", a-t-il averti dans une lettre aux Affaires étrangères libanaises.

L'armée syrienne a déjà tiré à de multiples reprises, la dernière fois pas plus tard que vendredi soir, sur des zones frontalières au Liban, mais c'est la première fois que la Syrie menace officiellement et publiquement de frapper son petit voisin libanais, divisé entre partisans et adversaires du régime Assad.

 

Pour Nikolaos van Dam, spécialiste de la Syrie, "les menaces syriennes doivent être prises très au sérieux. Si le régime syrien pense que cela va servir ses intérêts, il ne va pas hésiter à attaquer les forces de l'opposition syrienne en territoire libanais".

 

Sous couvert de l'anonymat, un haut responsable libanais a affirmé samedi à l'AFP que le gouvernement prenait la mise en garde "très sérieusement", ajoutant que "des consultations intensives sont en cours pour trouver le meilleur moyen pour protéger la frontière".

L'opposition libanaise, hostile au régime Assad, a appelé au déploiement de l'armée le long de la frontière pour empêcher le passage d'armes et de combattants et pour protéger le territoire libanais.

 

Le Liban a adopté une politique de "distanciation" vis-à-vis du conflit chez son voisin et ancienne force tutélaire.

 

Risque d'embrasement régional

Dans une rare démonstration d'unité, les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU se sont dits "très inquiets", cette semaine, des "incidents frontaliers répétés" entre la Syrie et le Liban, en citant des tirs meurtriers "par-dessus la frontière, des incursions, des enlèvements et un trafic d'armes".

Vendredi, le haut-commissaire de l’ONU pour les réfugiés (UNHCR), Antonio Guterres, a enfoncé le clou, lançant à Beyrouth un cri d’alarme face aux risques d’embrasement de la région en raison du conflit syrien. "Si le conflit syrien se poursuit, il y a un réel risque d’explosion au Moyen-Orient et il sera impossible de répondre à ce défi tant sur les plans humanitaire, politique et sécuritaire", a dit aux journalistes Antonio Guterres.

 

Après deux ans de violences inouïes, plus de 1,1 million de Syriens ont fui vers le Liban, la Jordanie, la Turquie et l’Irak voisins et quatre autres millions ont dû abandonner leur domicile, ce qui signifie que près d’un quart de la population est réfugiée ou déplacée, selon l’ONU. Dans le cadre d’une tournée régionale qui l’a conduit en Jordanie et en Turquie, M. Guterres a mis en garde sur l’impact sécuritaire que l’afflux de réfugiés peut avoir sur les voisins de la Syrie.

"La crise syrienne est à un point critique. Les choses vont encore empirer avant de s’améliorer. Mais ce n’est pas que cela ira plus mal seulement en Syrie, cela peut avoir aussi un très grand impact sur les pays avoisinants", a-t-il expliqué.

 

(Pour mémoire: Ils ont fui la mort en Syrie... pour tomber à Kahalé)

 

Appel à l'aide

Le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel a souligné la semaine dernière que selon les chiffres disponibles actuellement auprès de la Sûreté générale, le nombre de ressortissants syriens ayant traversé la frontière vers le Liban se chiffre aux alentours de 907 000. Selon les derniers chiffres de l’UNHCR, 317 000 réfugiés ont été enregistrés. Le nombre est en train de grossir de plus en plus rapidement.

 

Lundi dernier, Michel Sleiman a demandé une aide internationale pour le Liban afin qu’il puisse supporter le fardeau du flux des réfugiés syriens. "Le présence d’un million de réfugiés syriens en plus des 500.000 réfugiés palestiniens fait que le quart des habitants du Liban sont désormais des réfugiés", a déclaré le chef de l’État à Reuters, qualifiant ces chiffres de "supérieurs à ce que tout pays peut supporter". Et de poursuivre : "Le problème ne réside pas uniquement dans l’aide matérielle nécessaire pour assister ces réfugiés, mais dans la capacité géographique et démographique qui arrive à saturation, ainsi que dans les problèmes résultant de cette vague de réfugiés qui déferle sur le Liban et qui affectent le pays sur les plans social, économique et sécuritaire."

 

(Pour mémoire : Bouchra, la « réfugiée millionième » de la guerre syrienne )

 

Michel Sleiman a appelé à une conférence internationale dans le but de trouver les moyens de répartir les réfugiés sur d’autres pays, comme le prévoit la convention de Genève de 1979 en vertu de laquelle plusieurs pays étrangers sont convenus de répartir les dizaines de milliers de réfugiés fuyant à l’époque la guerre au Vietnam. "Le monde devrait penser à soulager le Liban de ce fardeau", a insisté M. Sleiman.


 

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Le chef de l'Etat a fait cette déclaration lors d'une réunion avec la communauté libanaise de Côte d'Ivoire durant une visite officielle, selon un communiqué publié samedi par la...

commentaires (7)

Je me suis fait refouler à la frontière ; les Autorités concernées ayant jugé que le lance-pierre ‘’nekeifeh’’ que je tenais bien caché dans la poche de mon veston était une arme redoutable. Je tente ma chance de nouveau, mais cette fois avec une batterie de Katioucha. J’espère qu’ils ni verront que du feu !!!. Antoune Saad

Saad Antoune

09 h 57, le 17 mars 2013

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Commentaires (7)

  • Je me suis fait refouler à la frontière ; les Autorités concernées ayant jugé que le lance-pierre ‘’nekeifeh’’ que je tenais bien caché dans la poche de mon veston était une arme redoutable. Je tente ma chance de nouveau, mais cette fois avec une batterie de Katioucha. J’espère qu’ils ni verront que du feu !!!. Antoune Saad

    Saad Antoune

    09 h 57, le 17 mars 2013

  • Je ne sais pas M. le président ce qui vous fait réagir aussi bien, vous et le PM... Est-ce par acquis de conscience suite à un rapport détaillé de nos SR qui relève le grand danger que les djihadistes et leurs amis et complices représentent pour notre sécurité nationale et nos rapports avec la Syrie officielle? Est-ce la mise en garde Syrienne par la voix nette de l'ambassadeur Abdel ALI, est-ce les 2 en même temps?..C'est finalement bien et pas trop tôt d'agir correctement et responsable ment car n'oublions pas que vous êtes le chef suprême des armées ... On commençait à très mal penser. Il serait opportun M. Le président, puisque vous représentez la légalité dans notre pays, de faire taire les importuns, les mal informés et tous ceux qui osent mettre au même niveaux des hirsutes islamistes djihadistes près à tuer quiconque partout et notre LEGALE branche armée de résistance du Hezbollah, soutenue et appuyée LEGALEMENT par tous nos gouvernements successifs depuis 1995 à ce jour, sans parler du très vaste et indéfectible soutien populaire dont elle JOUIT au pays du cèdre.

    Ali Farhat

    20 h 46, le 16 mars 2013

  • Quand Hassan Nasrallah a annoncé plus d'une fois que ses combattants allaient bel et bien en Syrie (pour faire leur "jihad") alléguant que c'était pour défendre "ahlana" des villages chiites en territoire syrien, personne n'a osé dire un mot !! On voit maintenant les conséquences de cette politique lâche. D'un côté les salfistes s'infltrent en Syrie, d'un autre le régime assassin de Damas lance ses menaces qu'il faut prendre bien au sérieux.

    Halim Abou Chacra

    19 h 20, le 16 mars 2013

  • Ça c'est fort...! Et tout homme armé voulant combattre au Liban aussi ?

    M.V.

    17 h 42, le 16 mars 2013

  • M. le Président, j'espère que nos ministres, et en particulier ceux de l'Intérieur et des Affaires étrangères, sauront enfin honorer et exécuter vos ordres. Les vrais Libanais comptent sur vous pour faire tout votre possible afin d'empêcher réellement toute aide logistique, matérielle et militaire à la Syrie, y compris celle des miliciens du Hezbollah. Quant à la promesse de Charbel d'arrêter tout homme armé sur le territoire, j'espère que cela pourra enfin se réaliser dans la foulée, y compris les miliciens du Hezbollah.

    Robert Malek

    15 h 36, le 16 mars 2013

  • Qu'y a-t-il de plus simple que de déployer l'Armée Narionale sur toutes les frontières avec la Syrie et de les boucler, interdisant l'infiltration dans les deux sens de qui que ce soit, et si l'Armée seule ne peut pas, je ne dis pas n'est pas capable, de faire appel URGEMMENT à l'ONU pour déployer aussi UNE FINUL ARMÉE, et éviter que la crise syrienne soit IMPORTÉE et détruise ce pays ? Si la volonté y est c'est possible. Cela devrait être fait contre vents et marées...

    SAKR LEBNAN

    14 h 43, le 16 mars 2013

  • ENFIN !!!

    Robert Malek

    14 h 36, le 16 mars 2013

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