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À La Une - Deux ans

Les Syriens vivent au rythme des pénuries

Le prix de la farine a augmenté de 140%, celui de l'essence de 62%, et celui du mazout de 106%.

Une photo datant de juillet 2012 montrant des Syriens faisant la queue devant une boulangerie à Alep, dans le nord de la Syrie, pour acheter du pain. AFP

Passer une nuit blanche pour faire le plein de sa voiture ou obtenir une bonbonne de gaz, bouche à oreille sur les boulangeries ouvertes sont devenus le quotidien des Syriens en deux ans de conflit.

 

"Pour acheter du pain, il faut s'inscrire sur une liste et patienter deux ou trois heures", se lamente Oum Fadi à Artouz, localité proche de Damas. Comme beaucoup d'autres Syriens, cette femme de ménage mère de quatre enfants, se chauffe désormais au bois en raison de la pénurie de gaz et de mazout. "Le prix de la bonbonne de gaz a explosé, passant de 450 livres syriennes (environ 4 dollars) à 3.500 livres" (35 dollars), s'indigne-t-elle.

 

A cela s'ajoute des pénuries de courant draconiennes, que les Syriens n'ont jamais connu. "Depuis un mois et demi, je n'ai pas de bonbonnes de gaz, j'ai commencé donc à utiliser le réchaud électrique. Mais le courant est coupé toutes les deux, trois heures", affirme Abou Rami à Damas.

 

"Un jour, je n'ai rien préparé à manger car l'électricité était coupée toute la journée", raconte Oum Fadi.

 

Bilal, employé, renchérit : "le mazout, si on en trouve, est deux fois plus cher, et il faut faire la queue pendant des heures pour faire le plein. C'est insupportable", fulmine cet homme de 35 ans.

 

Ces derniers mois, la farine a ainsi augmenté de 140%, l'essence de 62%, et le mazout de 106%.

Ziad, chauffeur de taxi entre Damas et Beyrouth, revient avec des bidons d'essence du Liban. "Avant, c'était l'inverse, les Libanais achetaient en Syrie", dit ce père de trois enfants.

 

Enlisée depuis deux ans dans un conflit sanglant, qui a débuté le 15 mars 2011 par une révolte populaire contre le régime du président Bachar el-Assad réprimée dans le sang, la Syrie a plongé graduellement dans une profonde crise économique. Le PIB s'est effondré, l'inflation a atteint des sommets, le chômage a grimpé et le déficit des comptes courants ne cesse de se creuser, le quart des PME ont fermé et la production pétrolière a chuté.

 

La production agricole a été divisée par deux alors que ce secteur fait vivre huit millions de personnes dans le pays, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

La production de blé et d'orge a chuté à moins de 2 millions de tonnes, contre 4 à 4,5 millions de tonnes avant le début du conflit, selon l'organisation.

 

Maged, un employé d'une boulangerie, affirme acheter de la levure à "un prix dix fois supérieur à celui d'avant".

Les violences empêchent souvent les habitants de se ravitailler. Abou Mohammad faisait ses courses au marché de Souk al-Hal à l'est de Damas, quand "soudain il y a eu des bombardements. J'ai rampé comme un rat tellement j'avais peur".

 

Dans l'ensemble du pays, la population doit se battre au quotidien pour assurer ses besoins minimums.

 

A Alep, ancien poumon économique dans le nord de la Syrie, qui a basculé dans de violents combats entre rebelles et force du régime à l'été 2012, certains quartiers sont totalement privés d'électricité depuis des mois.

 

"J'ai oublié l'existence de la machine à laver et du frigidaire", se lamente Oum Hassan, une sexagénaire habitant à Massaken Hanano, dans l'est de la ville, un secteur dominé par les rebelles.

Comme beaucoup d'Alépins, elle éclaire sa maison avec des lampes que son mari charge sur la batterie de la voiture.

La grande majorité de la population est inactive après la fermeture des usines, autrefois symboles de la prospérité de la deuxième ville de Syrie.

 

Mohammad, 50 ans, ferronnier avant le conflit, vend désormais de la viande grillée dans la rue.

"J'essaie tant bien que mal de gagner ma vie", explique-t-il.

 

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