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À La Une - Liban

Baabda, le Sérail et le 14 Mars désavouent Mansour

« La position du ministre Mansour n’est pas celle du gouvernement », affirment les milieux de Baabda à « L’OLJ ».

Mercredi, le chef de la diplomatie libanaise, Adnane MAnsour (à droite et ici aux côtés du secrétaire de la Ligue arabe, Nabil Arabi) a demandé, dans le cadre d'un réunion ministérielle de la LIgue arabe, que la Syrie récupère son statut au sein de l'organisation. AFP/GIANLUIGI GUERCIA

Le ministre des Affaires étrangères Adnane Mansour a demandé hier que la Syrie retrouve son siège à la Ligue arabe, après sa suspension décidée en novembre 2011. S’exprimant lors de la réunion ministérielle de l’institution panarabe au Caire, il a argué que « la communication avec la Syrie est essentielle pour trouver une solution politique ». « Je demande que l’adhésion de la Syrie à la Ligue arabe soit débloquée, après l’échec des pays arabes à résoudre la crise syrienne », a-t-il ajouté.


Alors que l’objet de la réunion était de débattre sur la possibilité d’attribuer le siège de la Syrie aux opposants au président syrien, Adnane Mansour a veillé à se démarquer, dès le départ, de l’hypothèse même de ce scénario. « La Syrie est un État et un gouvernement, et l’idée qu’un État puisse être remplacé par un groupe d’opposants est très dangereuse », a-t-il expliqué à l’agence Reuters. La réunion a abouti finalement au vote d’une résolution appelant la Coalition nationale syrienne à se doter d’une « instance exécutive » afin de pouvoir occuper le siège de la Syrie.
Le Liban s’est dissocié de cette résolution, qu’il a qualifiée de « précédent dangereux », tandis que l’Irak et l’Algérie ont émis des réserves sur le texte.


L’allocution du ministre Mansour n’a pas été sans susciter un vif débat au sein de la réunion ministérielle arabe, précisément avec le Premier ministre qatari. « Le bain de sang, c’est (le président syrien) Bachar el-Assad qui l’a provoqué lorsqu’il n’a pas coopéré avec nous sur les solutions pacifiques que nous avions avancées amicalement », aurait-il lancé au ministre Mansour. Dans le contexte régional, cette confrontation entre M. Mansour et les ministres arabes survient au lendemain de la plainte exprimée par le secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe à Baabda sur le non-respect de la politique de distanciation. Hier encore d’ailleurs, le CCG a mis en garde le Liban contre la dérogation à cette politique officielle observée jusque-là.

 

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« La proposition de Mansour n’est pas celle du gouvernement »
Il reste que, sur le plan interne, la position du ministre Mansour a été critiquée, sur la base justement de la politique de distanciation. Le Premier ministre Nagib Mikati a d’abord rappelé dans un communiqué la teneur de cette politique et de la déclaration de Baabda. « Notre décision de se distancier de la crise syrienne est toujours maintenue », a-t-il affirmé à deux reprises, dans une allusion à peine voilée à la position du chef de la diplomatie.
S’alignant sur la déclaration du Premier ministre, les milieux de Baabda ont affirmé à L’Orient-Le Jour que le « président de la République appuie pleinement cette politique du gouvernement ». Ils sont même allés plus loin que cela en affirmant avec insistance que « la position du ministre Mansour n’est pas celle du gouvernement ».
Ils ont prévu enfin que les présidents Sleiman et Mikati s’entretiennent sur la procédure à suivre à l’égard du ministre en question, ou du moins des propos qu’il a tenus. Rappelons que le Premier ministre avait même été jusqu’à appeler à la démission du ministre, en précisant que ses propos ne représentaient que sa propre opinion, lors d’un entretien télévisé lundi.


Pour le ministre Ghazi Aridi, le ministre Mansour « a porté atteinte à la réputation du gouvernement et a mis le Premier ministre au défi ». Il a rappelé que sa fonction « est de transmettre uniquement la politique étrangère du Liban ».

 

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Hariri et Geagea
Interrogé par notre correspondant au palais Bustros Khalil Fleyhane, le ministre Mansour a pourtant exprimé sa surprise, demandant : « Qu’est-ce qui est étrange dans ma position ? Il faut prendre conscience que si la crise en Syrie se prolonge, le Liban en paiera le prix. »


Pour le secrétariat du 14 Mars en revanche, « la qualité de ministre des Affaires étrangères, qui n’a jamais été celle de Adnane Mansour, devient un réel danger pour l’État et les intérêts des Libanais ». Le secrétariat a appelé les autorités concernées à « appliquer le mécanisme constitutionnel susceptible de lever la couverture officielle qu’il met en réalité au service du régime Assad ».


Les propos du ministre ont été stigmatisés en chœur hier par les figures du 14 Mars, qui n’ont pas manqué de s’en prendre au gouvernement dans son ensemble. « La Syrie a retrouvé sa tribune au sein de la Ligue arabe », a affirmé l’ancien Premier ministre Saad Hariri dans un communiqué. Il a estimé que la position du ministre Mansour « résume le vrai rôle, odieux, du gouvernement dans sa manière d’approcher la crise syrienne ». Pour sa part, le chef des Forces libanaises Samir Geagea a mis l’accent sur « les graves dangers, aussi bien sécuritaires que matériels », que les propos du ministre peuvent entraîner. « Le Liban risque d’être marginalisé aussi bien par les États arabes que par la communauté internationale », a-t-il ajouté, avant de se demander « où en est la politique de distanciation du gouvernement ? ». Il a prié enfin les présidents Sleiman et Mikati d’apporter des précisions sur ce qui a permis au ministre « d’imprégner de honte le front de chaque Libanais libre ».


Quant au député Marwan Hamadé, il a conclu : « Les Libanais ne devraient pas subir la responsabilité de prises de position irresponsables. »

 

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