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À La Une - Liban

Conséquence de la loi électorale "orthodoxe" : pour voter librement, devenez juif !

Et en bonus : la remontée de l'arbre généalogique de ceux qui pensent rayer la mention de leur religion des registres d'état civil.

La synagogue de Beyrouth. Archives Reuters

Les responsables politiques libanais ont-ils vraiment réfléchi à toutes les conséquences de l'adoption du projet de loi électorale du Rassemblement orthodoxe ?

Certes, l'on a glosé et mis en garde contre les menaces que fait planer ce projet de loi sur la coexistence au Liban, sur la modération, sur le modèle même libanais.

 

Il est une autre conséquence de ce projet, qui ne manque pas d'ironie : pour exercer librement son droit de dote, pour échapper à l'article 2 du projet qui prévoit que les électeurs votent pour un candidat de leur confession, une seule solution : devenir juif.

 

Explication : le projet de loi électorale dit du "Rassemblement Orthodoxe", approuvé le 19 février par les commissions parlementaires conjointes, prévoit que chaque communauté élise ses propres députés, sur base de la proportionnelle. Pratiquement, ceci signifie qu'un électeur maronite ne peut voter que pour des candidats maronites, qu'un électeur chiite ne peut voter que pour des candidats chiites et ainsi de suite.

 

Se posait alors la question des minorités, qui ne sont pas toutes représentées par un député au Parlement libanais.

Côté chrétien, pour contourner l'obstacle, le projet dit "orthodoxe" prévoit la création de sièges supplémentaires : un siège aux grecs-catholiques et deux sièges aux syriaques. Pour maintenir l'équilibre chrétien/musulmans, trois autres sièges (un chiite, un sunnite et un druze) ont été ajoutés, portant le nombre total de sièges au parlement de 128 à 134.

 

En conséquence de quoi, comme le stipule l'alinéa "c" de l'article 2 du projet de loi : "les électeurs chrétiens des sectes minoritaires voteront pour les candidats des minorités, alors que les électeurs musulmans des sectes minoritaires qui ne sont pas représentées par un député à la Chambre pourront voter pour le candidat musulman de leur choix".

 

Et la dernière phrase de l'alinéa de préciser : "Les électeurs juifs auront le droit de voter pour le candidat chrétien ou musulman de leur choix".

 

Certains Libanais horrifiés par la mise en boîte confessionnelle du projet orthodoxe ont pensé pouvoir s'en sortir en rayant la mention de leur religion du registre d'état civil. Une démarche qui avait permis à Khouloud Succariyeh et Nidal Darwiche de contracter le premier "mariage civil" au Liban.

Pour échapper au mariage religieux, Khouloud et Nidal se sont appuyés sur le préambule de la Constitution et le décret 60 L.R. de 1936, qui remonte au mandat français. Ce décret reconnaît et accorde des droits civils aux personnes qui ne sont affiliées à aucune communauté religieuse au Liban. Ayant rayé la mention de leur communauté religieuse du registre d’état civil, les jeunes mariés ont pu profiter de ce décret pour sceller leur union.

 

Pourquoi, dès lors, ne pas profiter de cette initiative pour les élections ?

 

Erreur : "Même si une personne raye la mention de sa communauté religieuse du registre d'état civil, son affiliation religieuse reste mentionnée dans les registres électoraux. Cette personne reste affiliée à la religion de son père (ou de son grand-père, si le père a aussi rayé cette mention)", explique à Lorientlejour.com une porte-parole de l'Association libanaise pour la démocratie des élections (LADE).
"Lors des élections précédentes ces personnes pouvaient voter pour le candidat de leur choix, car la loi électorale ne prévoyait pas que chaque communauté élise ses propres députés", précise la porte-parole.

 

Conclusion : pour être libre de son vote, l'électeur libanais va devoir se convertir au judaïsme.

Une conséquence de la loi confirmée par la LADE et par Abdo Saad, directeur du Beirut Center for research and information.
Sur les réseaux sociaux, certains internautes libanais, horrifiés par l’approbation de la loi dite "orthodoxe", ont déjà appelé leurs compatriotes à se convertir au judaïsme.

 

 

Pour mémoire

Seuls les maronites sont autorisés à lire cet article


Repères

Loi électorale : petit guide à l’usage de l’électeur libanais perplexe

 

Dossier

Les électeurs libanais ont la parole
Les responsables politiques libanais ont-ils vraiment réfléchi à toutes les conséquences de l'adoption du projet de loi électorale du Rassemblement orthodoxe ?
Certes, l'on a glosé et mis en garde contre les menaces que fait planer ce projet de loi sur la coexistence au Liban, sur la modération, sur le modèle même libanais.
 
Il est une autre conséquence de ce projet, qui ne manque pas...

commentaires (4)

Ben moi,je trouve que cet article est bon...l'absurdité révelée au grand jour...les juifs font otujours officillement partie des communautés libanaises...(à juste titre d'ailleurs) Bon,les gars,revenez...on a rénové la synagogue,la vie est belle, et tout va bien....Safra et autres,welcome back home!

GEDEON Christian

05 h 33, le 22 février 2013

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Commentaires (4)

  • Ben moi,je trouve que cet article est bon...l'absurdité révelée au grand jour...les juifs font otujours officillement partie des communautés libanaises...(à juste titre d'ailleurs) Bon,les gars,revenez...on a rénové la synagogue,la vie est belle, et tout va bien....Safra et autres,welcome back home!

    GEDEON Christian

    05 h 33, le 22 février 2013

  • Argumentaire du futur de bas relief et de médiocre importance.

    Jaber Kamel

    11 h 36, le 21 février 2013

  • Laissez les " BLAGUES " à côté !

    SAKR LEBNAN

    10 h 39, le 21 février 2013

  • si ma mémoire est bonne la 1ère personne qui a rayé la mention religion sur sa carte d'identités s'appelle : ALEXANDRE BRAKHYA c'était à l'entour de 1967 à l'Université Nationale des beaux arts. ah ...les religions et leurs marchands

    Gebran Eid

    06 h 56, le 21 février 2013

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