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À La Une - Syrie

Attentat de Damas : c'est el-Qaëda, accuse le régime

Près de 60 personnes tuées, en majorité des civils ; Assad ne peut être associé à un accord, réaffirme l'opposition réunie au Caire.

Près de 60 personnes ont été tuées, jeudi 21 février, dans un attentat suicide à la voiture piégée près du siège du parti Baas à Damas. REUTERS/Sana

Damas a été la cible, jeudi, d'une série d'attaques sanglantes. Un attentat suicide à la voiture piégée près du siège du parti Baas à Damas a été suivi par la chute de deux obus sur le siège de l'état-major syrien dans la capitale, selon une ONG et des médias officiels.

 

Vers 10h00 locales (08h00 GMT), heure de grande affluence dans le quartier commerçant de Mazraa, un kamikaze a fait sauter sa voiture remplie d'explosifs devant un barrage formé de blocs de béton obstruant l'entrée du siège du Baas, au pouvoir depuis un demi-siècle dans le pays.

Selon un bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui s'appuie sur un large réseau de militants et médecins, au moins 59 personnes -en majorité des civils et dont 15 soldats- ont été tuées et 200 ont été blessées dans cette attaque, la plus meurtrière à Damas depuis le début de la guerre. Dans le même temps, 13 personnes, dont 10 membres des forces de sécurité, ont été tués dans un double attentat à la voiture piégée à Barzé, dans le nord de la capitale.

La télévision officielle a fait état de 53 morts et 237 blessés dans l'attentat qui n'a pas été revendiqué.

 

Selon la chaîne officielle Al Ekhbariya, des enfants figurent parmi les blessés car "une école se trouve à proximité" du lieu de l'explosion. Le secrétaire général du Front démocratique pour la libération de la Palestine (FDLP), Nayef Hawatmeh, a été également légèrement blessé dans l'attentat, a rapporté un porte-parole de cette formation palestinienne basée en Syrie.

 

 

"C'est ça la liberté qu'ils veulent?

Des images diffusées par la télévision montraient des voitures détruites et en feu, une épaisse fumée noire, des corps d'hommes ensanglantés gisant par terre et des immeubles endommagés.

"C'est ça la liberté qu'ils veulent? C'est ça l'Armée syrienne libre (ASL, principale composante de la rébellion armée, ndlr)?", a dit un homme interrogé par la télévision syrienne sur le lieu de l'attentat qui n'a pas été revendiqué. "C'est du terrorisme! c'est ça que vous appelez islam?", fulminait de son côté un blessé, en référence aux groupes jihadistes qui combattent auprès de l'ASL le régime Assad confronté depuis mars 2011 à une révolte transformée en conflit armé.

 

 

Le régime accuse des groupes liés à el-Qaëda

L'attentat a fait exploser les fenêtres de l'ambassade de Russie, sans faire de blessés, selon des agences de presse à Moscou. La Russie est l'une des rares puissances appuyant le régime du président Bachar el-Assad et qui continue d'avoir une présence diplomatique à Damas.

 

Les autorités ont accusé des groupes liés à el-Qaëda d'être responsables de l'attentat.

Cet attentat "terroriste" a été "exécuté par des groupes terroristes armés liés à Al-Qaïda et qui reçoivent un soutien financier et logistique", a indiqué le ministère syrien des Affaires étrangères dans un communiqué. Le régime assimile systématiquement les rebelles à des "terroristes" financés par l'étranger, notamment l'Arabie saoudite et le Qatar.

Le ministère souligne que le soutien à ces groupes est "contraire à la loi internationale et aux résolutions des Nations Unies en matière de lutte contre le terrorisme".

 

La Coalition de l'opposition a dénoncé elle aussi dans un communiqué l'attentat "terroriste" estimant que les attaques visant des civils étaient criminelles "quel qu'en soit l'auteur". Elle a évité d'accuser le régime comme elle le faisait d'habitude lors de ce genre d'attentat.

 

Plusieurs attentats meurtriers ont frappé Damas, visant notamment les bâtiments gouvernementaux, de renseignements ou de la sécurité, dont plusieurs ont été revendiqués par les jihadistes du Front Al-Nosra.

 

Des rebelles ont en outre tiré, trois heures après l'attentat, deux obus de mortier sur le siège de l'état-major syrien dans le quartier des Omeyyades, également dans le centre de Damas.

Les rebelles ont multiplié, ces derniers jours, les attaques dans la capitale. Mardi, deux obus sont tombés à proximité d'un palais présidentiel, pour la première fois depuis le début du conflit, et mercredi des obus ont touché un complexe sportif tuant un footballeur.

Les troupes du régime repoussent depuis des mois les tentatives des rebelles d'entrer dans Damas, place forte du pouvoir, et bombardent par air et à l'artillerie lourde les poches de résistance à la périphérie.

 

Les violences se poursuivent ailleurs dans le pays, où 18 personnes, dont huit rebelles, trois secouristes et une enfant, ont tuées dans un raid aérien dans la ville de Deraa, berceau de la révolte devenue guerre civile.

 

 

Des secouristes s'activent sur le site de l'explosion à Damas le 21 février 2013.

AFP PHOTO/LOUAI BESHARA

 

 

L'ASL met en garde le Hezbollah

La crise syrienne menace en outre de déborder les frontières du pays. Alors que le Liban voisin cherche à se distancier du conflit qui a fait plus de 70.000 morts selon l'ONU, le général Selim Idriss, chef d'état-major de l'ASL a menacé, mercredi, de bombarder le Hezbollah, allié indéfectible du régime de Bachar el-Assad.

Dans l'après-midi de jeudi, jour de l'expiration de l'ultimatum adressé au Hezbollah par l'ASL, des informations contradictoires circulaient quant à un éventuel bombardement de positions du parti chiite au Liban par les rebelles syriens.

 

(Lire : L'ASL a-t-elle bombardé le Hezbollah au Liban ?)

 

Assad ne peut être associé à un accord

Entre-temps, l'opposition syrienne en exil était réunie au Caire pour discuter de la proposition de son chef Ahmed Moaz al-Khatib d'entamer des discussions avec le régime, qui selon lui doivent nécessairement aboutir au départ de M. Assad.

 

Dans un projet de déclaration rapporté par l'agence Reuters, le Conseil national syrien (CNS) se dit disposé à entamer des négociations en vue d'un règlement du conflit, mais le président Bachar el-Assad ne peut être associé à un tel accord.

Le texte obtenu ne réclame pas explicitement le départ du chef de l'Etat syrien, un préalable à l'ouverture de pourparlers que ses adversaires brandissaient jusqu'ici. Les auteurs jugent toutefois qu'il devra rendre compte de ses actes, tout comme les membres de son régime, et ajoutent que tout accord de paix devra être négocié sous les auspices des Etats-Unis et de la Russie.

"Bachar el-Assad et les états-majors de l'armée et des services de sécurité sont responsables des décisions qui ont conduit le pays là où il est, sont désormais exclus du processus politique et ne peuvent être parties prenantes d'un règlement politique en Syrie. Ils doivent rendre compte des crimes qu'ils ont commis", disent-ils.

 

Les partisans de M. Khatib assurent que son initiative a le soutien de la population syrienne qui souhaite le départ pacifique d'Assad et la fin des combats. Mais les combattants rebelles, sur lesquels le chef du CNS n'a guère de prise, se montrent globalement hostiles à cette proposition.

 

(Reportage : À Homs, l’université n’est pas à l’abri de la guerre confessionnelle)

 

 

"La Russie est la clé"

Au sein du CNS, les Frères musulmans, seul groupement organisé de l'opposition politique, ont jugé que l'initiative était dommageable pour la révolution. Mais un responsable de la confrérie a confié que les Frères ne saboteraient pas l'offre car ils restent persuadés que Bachar el-Assad refusera un départ négocié, ce qui pourrait contribuer à convaincre la communauté internationale de venir en aide à la rébellion. "La Russie est la clé", a-t-il ajouté.

 

La Russie espère que Moaz Al-Khatib se rendra prochainement à Moscou pour faire avancer les discussions.

Mais Walid el-Bounni, un opposant de longue date qui le soutient, souligne que le président du CNS ne se rendra pas à Moscou sans l'aval des 70 membres de la coalition et n'ira pas si sa visite coïncide avec celle du ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem, qui est attendu le 25 février en Russie.

 

 

(Lire aussi : « Nous voulons éviter les combats au sein du peuple », affirme Kilo)

 

Par ailleurs, le chef de la diplomatie britannique William Hague, en visite à Beyrouth, a exhorté Damas à répondre positivement à l'offre de M. Khatib et renouvelé l'appel à M. Assad à quitter le pouvoir.

Le régime syrien s'était, lui, dit prêt à dialoguer mais sans "conditions préalables".

M. Hague a par ailleurs annoncé une aide de 17 millions de dollars aux réfugiés syriens au Liban estimés à près de 300.000 personnes.

Damas a été la cible, jeudi, d'une série d'attaques sanglantes. Un attentat suicide à la voiture piégée près du siège du parti Baas à Damas a été suivi par la chute de deux obus sur le siège de l'état-major syrien dans la capitale, selon une ONG et des médias officiels.
 
Vers 10h00 locales (08h00 GMT), heure de grande affluence dans le quartier commerçant de Mazraa, un kamikaze a...

commentaires (4)

La logique dit que : cet attentat noirci l'ASL aux yeux du monde, tandis qu'il apporte de l'eau au moulin du régime. Qui des deux alors ?

SAKR LEBNAN

12 h 11, le 21 février 2013

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Commentaires (4)

  • La logique dit que : cet attentat noirci l'ASL aux yeux du monde, tandis qu'il apporte de l'eau au moulin du régime. Qui des deux alors ?

    SAKR LEBNAN

    12 h 11, le 21 février 2013

  • Tout le monde part un jour, mais pas par la volonté des mercenaires et de leurs employeurs, cette fois ci !!

    Jaber Kamel

    11 h 42, le 21 février 2013

  • Le même scénario à l'irakienne. Je me souviens, comme si c'était hier, de ces voitures calcinées au coeur de Bagdad. Le but inavouable ? Séparer les communauté ! تقسيم est le seul mot d'ordre chez les maîtres de Damas.

    Charles Fayad

    09 h 48, le 21 février 2013

  • Folie meurtrière pour une mort gratuite toujours .Révoltant . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    05 h 56, le 21 février 2013

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