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À La Une - Conflit

Del Ponte : Il est temps de mettre en route la justice internationale pour la Syrie

Assad a la « certitude » de gagner la guerre.

Une jeune fille s’est créé un abri dans les catacombes de Serjilla, une cité romaine antique dans la province d’Idleb.          Photo tirée du Time

La Cour pénale internationale doit être saisie pour enquêter sur les crimes de guerre commis en Syrie, a déclaré hier à Genève Carla del Ponte, ancienne procureure à la Cour pénale internationale et membre de la commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie. Cette commission, qui a publié hier un nouveau rapport, détient une liste des noms des auteurs de crimes de guerre qui devraient être confrontés à la justice. Ce rapport de 131 pages dénonce notamment l’escalade de la violence, et pour Mme del Ponte, il est désormais « temps d’agir ».


« Nous proposons la Cour pénale internationale, nous ne pouvons pas décider nous-mêmes, mais nous faisons pression sur la communauté internationale pour qu’elle agisse », a ainsi déclaré Mme del Ponte au cours d’une conférence de presse pour présenter le nouveau rapport. « Il est temps de réagir, après deux ans, il est incroyable que le Conseil de sécurité n’ait pris aucune décision », a-t-elle poursuivi.


La décision de saisir la Cour pénale internationale est du ressort du Conseil de sécurité, profondément divisé entre, d’un côté les pays occidentaux, et de l’autre la Russie, un allié de longue date du régime syrien, et la Chine.
De son côté, le président de la commission d’enquête, le Brésilien Paulo Pinheiro, est intervenu par téléphone pendant la conférence de presse pour refuser de donner des précisions sur la liste de noms des personnes responsables de crimes de guerre, tant du côté gouvernemental que du côté des rebelles. La commission doit remettre cette liste le mois prochain au comité des droits de l’homme de l’ONU, ce qui pourrait être une première étape pour le déclenchement de la machine judiciaire. La commission ne publiera cependant pas cette liste, a indiqué M. Pinheiro. « Les noms sont dans notre banque de données et notre liste couvre tous les niveaux de responsabilité », a ajouté le diplomate. Mme del Ponte s’est également refusée à donner des précisions sur la liste.

 

(Reportage : Deir ez-Zor désertée et en ruine)


La commission d’enquête de l’ONU a été créée en 2011, sous l’égide du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. « Nous ne prenons pas parti, nous devons enquêter sur les crimes commis par ceux impliqués dans le conflit », a indiqué M. Pinheiro. La commission ne peut physiquement pas se rendre en Syrie pour enquêter, car le régime syrien n’a pas répondu à sa requête de venir sur place. Pour rédiger ses rapports, la commission se base sur des entretiens menés auprès de quelque 1 500 réfugiés. Selon M. Pinheiro, des combattants étrangers, qui ont fait leurs armes en Libye ou en Afghanistan, sont à l’origine de la radicalisation des milices antirégime.


Dans le même temps, se montrant tout aussi inflexible qu’au début de la révolte, le président Bachar el-Assad a affirmé avoir la « certitude » de pouvoir gagner la guerre, des propos tenus devant des hommes politiques libanais et repris hier par le quotidien as-Safir. « Nous sommes convaincus que l’avenir nous appartient (...). La Syrie a la volonté de vaincre le complot », a ainsi déclaré M. Assad, soulignant les « exploits politiques et militaires » du régime. « Cela ne veut pas dire que tout est réglé, nous avons encore beaucoup à faire en politique et dans le combat contre les groupes terroristes extrémistes », a-t-il ajouté.
Le président syrien a également affirmé que les « fidèles » à son régime « représentaient la majorité absolue des Syriens », soutenant que le corps diplomatique syrien était resté « inébranlable » pendant deux ans, malgré « les millions de dollars » offerts aux ambassadeurs et aux consuls. Quatre hauts diplomates, dont deux ambassadeurs, avaient fait défection en 2012, ainsi que de nombreuses personnalités politiques et militaires, dont un ex-Premier ministre.

 

(Pour mémoire : Donner naissance... un parcours de combattante pour les réfugiées syriennes)

Prolonger le train de sanctions
À Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont prolongé jusqu’à la fin du mois de mai les sanctions contre Damas, lesquelles ont été amendées afin de « fournir un soutien non létal plus important et une assistance technique pour la protection des civils ». « Il ne s’agit pas d’un soutien militaire », a expliqué Catherine Ashton, la chef de la diplomatie de l’UE. Elle n’a pas précisé quelle forme pouvait prendre ce soutien, indiquant que des experts européens allaient fixer son cadre légal afin qu’il soit acceptable pour toutes les capitales européennes. Les ministres ont discuté également lors de leur réunion de l’opportunité d’une levée de l’embargo sur les armes à destination des insurgés.
Sur le terrain, les rebelles se sont emparés d’un barrage militaire sur la route de l’aéroport international d’Alep, dans le cadre de la « grande bataille des aéroports » dans la zone, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).


L’armée loyaliste a affirmé de son côté qu’elle se préparait à « nettoyer » dans les prochaines 48 heures la zone tenue par les insurgés. « L’armée devrait étendre dans les 48 heures son contrôle sur la base 80 après avoir nettoyé la partie investie par les hommes armés », a précisé le quotidien proche du régime al-Watan, faisant état d’une « amélioration progressive » de la situation sécuritaire à Alep.


Selon l’OSDH, des combats secouaient aussi des quartiers du vieux Alep, comme Sabaa Bahrat et Boustane al-Qasr. Et à Deraa, les rebelles sont parvenus à détruire un barrage qui coupait une des routes menant à la frontière jordanienne. Le principal poste-frontière reste toutefois aux mains du régime. Dans la province de Hama, le régime a bombardé Qalaat al-Madiq, toujours selon l’OSDH. Selon un bilan provisoire, au moins 94 morts ont trouvé la mort hier à travers le pays.

 

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