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À La Une - Conflit

Syrie : des centaines de civils enlevés en deux jours

La bataille des aéroports se poursuit dans le Nord ; Israël affirme avoir soigné des Syriens blessés dans le Golan.

Un Syrien fouille une benne à ordures, le 16 fevrier 2013, à Alep. AFPP PHOTO/EDOUARD ELIAS

Des centaines de civils ont été enlevés en deux jours dans le nord-ouest de la Syrie, rapportent samedi une ONG et des habitants, des rapts ayant un caractère confessionnel sans précédent depuis le début du conflit.

La majorité des rebelles combattant le régime sont des sunnites, tandis que le clan du président Bachar el-Assad est alaouite, une branche du chiisme.

 

Ces enlèvements, impliquant pour la première fois un grand nombre de femmes et d'enfants, ont commencé jeudi, lorsque plus de 40 civils des villages chiites d'al-Foua et Kafraya dans la région d'Idleb ont été kidnappés par un groupe armé. Quelques heures après, plus de 70 personnes originaires de villages sunnites étaient enlevées par des groupes pro-régime. Par la suite, des dizaines de sunnites, notamment des villages de Saraqeb, Bennech, et Maaret al-Noomane, ont été enlevés par les groupes pro-régime, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

 

"En deux jours, le nombre de personnes enlevées a augmenté jusqu'à dépasser les 300 personnes", explique Rami Abdel Rahmane, président de l'organisation basée au Royaume-Unis et qui s'appuie sur un large réseau de militants, de médecins et d'avocats à travers le pays.

 

Un habitant de 29 ans du village d'al-Foua a également rapporté l'enlèvement de centaines de sunnites après le rapt de plus de 40 chiites, tout en précisant que les femmes et enfants sunnites avaient été par la suite libérés.

D'après lui, les enlèvements sont fréquents dans cette région et les victimes sont souvent mis en liberté dans le cadre d'un échange.

 

Les enlèvements sont quasi-quotidiens à travers la Syrie depuis la militarisation du conflit, mais l'ampleur de ces rapts est sans précédent, estime l'OSDH qui dénonce un "crime de guerre". "Il n'y a plus d'autorité centrale, et en particulier dans cette région", explique M. Abdel Rahmane.

 

(Lire aussi: Il n’y a pas qu’al-Nosra, il y a aussi Ahrar al-Cham !)


Sur le terrain, de violents combats entre rebelles et armée syrienne se poursuivaient samedi autour de plusieurs aéroports, notamment militaires, dans la région d'Alep (nord), selon l'OSDH.

Des affrontements violents ont éclaté à la mi-journée aux abords de l'aéroport militaire de Koueirés, à l'est d'Alep, deuxième ville du pays, selon l'ONG, accompagnés d'intenses bombardements et raids aériens des troupes loyalistes.

Des combats intermittents secouaient toujours les abords de l'aéroport international d'Alep et l'aéroport militaire d'al-Naïrab tout proche, toujours d'après l'OSDH.

 

Le 12 février, les rebelles ont lancé "la bataille des aéroports" dans la région d'Alep, attaquant bases aériennes et aéroports afin de neutraliser la puissance de feu aérienne du régime, son principal atout dans sa guerre contre les insurgés. Ces derniers, bien moins équipés, sont parvenus à contrôler l'aéroport militaire de Jarrah, la base aérienne de Hassel et la base 80, chargée de la sécurité de l'aéroport d'Alep et de celui de Naïrab, situés tous à l'est d'Alep. Ils assiègent également l'aéroport militaire de Mingh, au nord de la ville.

Leur but principal est de prendre le contrôle de l'aéroport international, deuxième du pays.

 

Dans la province de Deraa, berceau de la révolte dans le sud du pays, les rebelles ont par ailleurs pris le contrôle d'un poste de gardes-frontière près de la localité de Zeizoune, proche de la frontière jordanienne.

Les violences qui ensanglantent la Syrie depuis 23 mois ont encore fait au moins 170 morts vendredi, selon un bilan de l'OSDH.


"Un incident isolé"

Sur un autre plan, l'armée israélienne a secouru samedi sept Syriens blessés dans des affrontements sur le plateau du Golan et les a transportés dans un hôpital en Israël, a-t-on appris de sources concordantes.

L'hôpital de Ziv, à Safed en Galilée, a annoncé avoir pris en charge sept blessés syriens, qui ont tous dû subir une opération et restaient hospitalisés samedi soir. L'un des blessés est dans un état critique, a précisé la porte-parole de l'établissement.

Une porte-parole de l'armée israélienne avait auparavant indiqué que des soldats israéliens avaient prodigué les premiers soins puis conduit à un hôpital israélien cinq syriens blessés près de la barrière de sécurité sur le Golan. L'armée a ensuite annoncé que les blessés étaient sept.

Mais ni l'armée, ni l'hôpital n'ont précisé si les blessés étaient des civils ou des combattants engagés contre les forces du président syrien.

 

Selon un responsable militaire anonyme cité par la radio publique, Israël fournit une aide humanitaire aux réfugiés, au travers de zones spéciales mises en place près de la barrière de sécurité sous les auspices de l'ONU, tout en gardant la frontière fermée.

Mais le vice-Premier ministre Moshe Yaalon a affirmé à la télévision que l'intervention de samedi était "un incident isolé" qui s'expliquait par "des raisons humanitaires", dans la mesure où des blessés avaient "atteint la frontière".

Il a répété qu'Israël ne souhaitait pas s'impliquer dans le conflit syrien et redoutait un possible afflux de réfugiés venant de Syrie.

 

Selon l'OSDH, des rebelles syriens ont attaqué samedi un barrage de la police militaire à Khan Arnabeh, près de la ligne de cessez-le-feu séparant la syrie d'Israël sur le plateau du Golan. L'armée syrienne a répliqué en bombardant Khan Arnabeh ainsi que le village voisin de Jubata al-Khashab, situé dans la zone de cessez-le-feu, a ajouté l'ONG.

 

(Reportage : « Qu’ont-ils fait de notre belle révolution ?)

 


"Une transition où Assad n'aura pas sa place"

Sur le plan diplomatique, le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a prôné samedi à Abou Dhabi une action en Syrie meurtrie par la guerre, pour favoriser une transition sans Bachar el-Assad.

"Face au prix énorme que le peuple syrien a déjà payé (...), il est plus que jamais urgent d'agir pour dépasser les divisions en faveur d'une transition politique", a déclaré M. Le Drian devant les participants à une conférence sur la défense dans le Golfe à Abou Dhabi.

Le changement en Syrie, où environ 70.000 personnes ont péri en près de deux ans de conflit selon l'ONU, devrait être "une transition où le président Assad n'aura pas sa place", a-t-il ajouté. "Une tragédie, un drame se déroulent sous nos yeux à cause de l'acharnement d'un homme et d'un clan, accrochés au pouvoir en multipliant les exactions et les massacres quotidiens".

 

Vendredi, la Coalition de l'opposition syrienne a réaffirmé que tout dialogue en vue d'une solution doit exclure M. Assad et les piliers de son régime, après la proposition de son chef, Ahmed Moaz al-Khatib, d'entamer des négociations avec des représentants du régime "sans sang sur les mains".

 

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