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À La Une - Révolte

Les rebelles syriens continuent de marquer des points sur le terrain

Le Front al-Nosra prend la ville d’el-Chaddadé à la frontière irakienne ; 40 civils enlevés par un groupe armé.

Dans la province d’Alep, des rebelles tirant sur des troupes du régime stationnées à l’aéroport de Kwiriss à el-Bab. Élias Édouard/AFP

Les rebelles ont marqué des points hier dans leur guerre contre les troupes du président Bachar el-Assad en abattant notamment deux avions militaires dans la province d’Idleb, au moment où ils bombardaient des localités, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Les deux avions militaires auraient été abattus à quelques heures d’intervalle dans les environs de Maarret el-Noomane.

 

Dans une vidéo, le groupe rebelle « Brigades des descendants du Prophète » a entre autres affirmé avoir abattu un appareil russe de type Sukhoï à l’aide des défenses antiaériennes. L’aviation est le principal atout du régime pour maintenir sa suprématie dans la guerre contre les déserteurs aidés de civils ayant pris les armes et de jihadistes parfois étrangers. Même s’ils sont bien moins équipés, les rebelles ont néanmoins réussi à abattre plusieurs avions militaires.

 


Dans le Nord-Est, près de la frontière irakienne, des combattants jihadistes du Front al-Nosra ont pris la ville d’el-Chaddadé dans la province pétrolière de Hassaka après trois jours de combats, toujours selon l’OSDH qui s’appuie sur un large réseau de militants et de médecins à travers le pays. Les combats et les attentats à la voiture piégée ces trois derniers jours se sont soldés par la mort d’au moins 100 membres des troupes gouvernementales et 30 combattants d’al-Nosra, dont 5 de nationalité koweïtienne, d’après l’OSDH. Des « dizaines d’employés » travaillant pour la compagnie pétrolière nationale syrienne ont également péri dans l’assaut des rebelles sur la ville, a indiqué l’organisation, sans plus de précisions.

 

(Lire aussi: Il n’y a pas qu’al-Nosra, il y a aussi Ahrar al-Cham !)

 


Province de Homs
Sur le front d’Alep, le régime a reconnu avoir perdu la veille le contrôle de la base stratégique Brigade 80. Par contre, il aurait pris le contrôle de Jobar, un quartier-clé de Homs, dans le centre du pays. Dans la province de Homs, l’aviation syrienne a bombardé pour le « dixième jour consécutif » Palmyre, ville autrefois touristique, a par ailleurs indiqué via Skype un militant qui se fait appeler Mohammad el-Khatib. « La province de Homs est stratégique pour le régime car elle est la plus grande du pays », explique un militant qui se fait appeler Abou Rawane. « L’armée fera tout son possible pour la récupérer » en entier, a-t-il dit. Et selon l’OSDH, les avions du régime ont également mené des raids contre la localité rebelle de Rastane, qui échappe au régime depuis près d’un an.


Dans ce contexte de violences, un groupe armé a enlevé hier au moins 40 civils, en majorité des femmes et des enfants, qui se trouvaient à bord d’un bus dans le nord-ouest de la Syrie, rapporte le président de l’OSDH Rami Abdel Rahmane, affirmant que ces civils venaient des villages d’el-Foua et de Kafraya dans la province d’Idleb. Il s’agit de villages musulmans chiites, alors que la majorité des rebelles combattant le régime de Bachar el-Assad sont des sunnites. Selon l’OSDH, qui n’identifie pas le groupe armé, le bus était en route vers Damas. L’ONG n’a toutefois pas été en mesure de dire si les motivations des ravisseurs étaient de nature criminelle ou politique. M. Abdel Rahmane a d’ailleurs mis en garde contre la recrudescence des enlèvements dans le nord de la Syrie, où l’armée régulière est de moins en moins présente. « Certains sont en train de profiter de l’absence d’un pouvoir centralisé », a-t-il indiqué.
Selon un bilan provisoire établi par l’OSDH et de nombreux militants présents en Syrie, les violences d’hier auraient fait 116 tués au moins, civils et militaires.

 

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Face à la guerre qui ne montre aucun répit, le quotidien arabe Asharq el-Awsat a fait état d’un plan de paix circulant à l’ONU prévoyant la création d’un Sénat de 140 membres pour superviser la transition mais ne mentionne pas le sort de M. Assad que l’Occident et l’opposition en exil veulent voir partir. Cent deux des 140 membres seront élus « sous la stricte supervision de l’ONU », tandis que les 38 autres seront nommés sur recommandation du régime, de l’opposition et des institutions religieuses. Ce Sénat sera présidé par le vice-président Farouk el-Chareh. Toutefois, l’ONU a démenti en cours de soirée l’existence d’un tel plan, tout en espérant un règlement pacifique du conflit syrien. Mercredi, le secrétaire d’État américain John Kerry a dit vouloir convaincre M. Assad de quitter le pouvoir via une solution négociée avec l’aide de la Russie, un autre allié du régime. Le même jour, la Russie a annoncé qu’elle accueillerait dans les prochaines semaines le chef de l’opposition Ahmad Moaz el-Khatib et le chef de la diplomatie syrienne Walid Moallem, tout en excluant toute rencontre entre les deux hommes à Moscou.

 


90 000 morts ?
Le conflit en Syrie, en cours depuis près de deux ans, pourrait avoir fait près de 90 000 morts, a par ailleurs déclaré M. Kerry en se basant sur des « estimations » saoudiennes, alors que l’ONU a, le 12 février, établi le bilan à près de 70 000 morts.
Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a pour sa part mis en garde hier contre le « danger » croissant pour l’Occident que représentent les islamistes combattant en Syrie avec l’enlisement du conflit. « La Syrie est la destination numéro 1 des jihadistes partout dans le monde aujourd’hui. Parmi eux se trouvent des personnes liées au Royaume-Uni et à d’autres pays européens », a ainsi déclaré M. Hague à Londres dans un discours consacré à « la lutte contre le terrorisme à l’étranger ». « Plus le conflit se prolonge, plus le danger est grand », a ajouté le ministre, appelant la Russie à cesser de soutenir le régime syrien.

 

(Reportage : « Qu’ont-ils fait de notre belle révolution ?)



Ban inquiet
Ces propos interviennent quelques heures après ceux du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, qui a « condamné fermement » l’attentat commis lundi à la frontière turco-syrienne et réitéré son inquiétude sur les risques de débordement du conflit syrien, d’après son porte-parole Martin Nesirky.
Enfin, Jihad Makdissi, l’ancien porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères et qui a fait défection en novembre dernier, a estimé que la situation est incontrôlable en Syrie. « J’aurais préféré rester sur le sol syrien, mais il n’y a plus de place pour la modération ou le compromis dans ce chaos », a déclaré Jihad Makdissi dans une déclaration à Sky News Arabia, en soulignant qu’il ne s’était installé ni aux États-Unis ni en Europe.

 

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