"Dépouillé" de sa figure de pape, Benoît XVI "se sent mieux"

Benoît XVI a frappé par sa "simplicité" en démissionnant et, "dépouillé de sa figure de pape", probablement "se sent mieux", a déclaré à l'agence I.Media le cardinal brésilien João Braz de Aviz, 65 ans, un des "papabili" d'Amérique Latine.

Le pape, en renonçant à sa charge, a "stupéfait par sa simplicité", a estimé le préfet de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, un ministère qui supervise les activités de quelque 800.000 hommes et femmes.

(Portrait : Le pape théologien confronté aux scandales de l’Église)

"Les choses n'arrivent jamais par hasard dans l'Eglise", a déclaré le cardinal Braz de Aviz à l'agence Ansa, en soulignant les "tensions" entre diverses personnalités du Saint-Siège et une gestion au quotidien "tout sauf sereine". "Certainement le pape a aussi pris en compte l'exposition au public de la maladie de Jean Paul II (pendant son agonie en 2005) et n'a pas voulu refaire le même chemin, pour le bien de l'Eglise", a affirmé le cardinal brésilien.

Le prélat n'avait pas caché dans de précédentes interviews son regret et sa frustration que les évêques du Sud ne soient pas mieux représentés à la Curie. "En Amérique Latine, en Afrique et en Asie, a-t-il répété, il y a un sentiment religieux très fort tandis que les vocations s'écroulent en Europe de manière très préoccupante".

Mgr Braz de Aviz n'a pas exclu qu'un Latino-Américain devienne pape. "La possibilité existe", a-t-il dit.

"Je ne peux dire que je suis candidat, je peux dire que je suis un des 116 candidats", les membres électeurs du Sacré collège, a-t-il noté.

(Lire aussi: Raï : La décision du pape a créé « un choc positif »)

João Braz de Aviz avait été nommé évêque alors qu’il n’avait que 46 ans. En janvier 2011, Benoît XVI l’a fait venir au Vatican. Proche du mouvement des "Focolari" et sympathisant d'une conception modérée de la "théologie de la libération", cet évêque vit depuis près de 30 ans avec quelque 130 petits plombs dans le corps, "souvenirs" d’une fusillade au milieu de laquelle, jeune prêtre, il s'était retrouvé par hasard sur une route.

Le pape a de son côté appelé jeudi à "un vrai renouveau de l'Eglise".

Lors de sa dernière messe dans la basilique Saint-Pierre, à l’occasion du mercredi des Cendres, début du carême, le pape a ainsi déploré que "le visage de l’Église (soit) parfois défiguré". "Je pense notamment aux coups portés à l’unité de l’Église, aux divisions du corps ecclésial", a-t-il dit en présence de nombreux cardinaux. Beaucoup de cardinaux et évêques avaient les larmes aux yeux à la fin de la cérémonie. "La tristesse voile mon cœur », a déclaré le secrétaire d’État Tarcisio Bertone, en lisant un message adressé au pape au nom de tous les cardinaux. Il l’a remercié d’« avoir donné un exemple lumineux de simple et humble travailleur dans la vigne du Seigneur".

(Lire aussi: Le processus d’élection d’un nouveau souverain pontife)

Mercredi matin, dans la grande salle Paul VI comble à l’occasion de l’audience hebdomadaire, le pape a invité le milliard de catholiques à prier pour "lui, l’Église et le futur pape" qui sera élu lors d’un prochain conclave, prévu "pas avant le 15 mars", selon le Vatican. Pendant ce temps, les spéculations continuaient sur les "papabili" au futur conclave qui se tiendra avant Pâques et qui pourrait commencer le 15, le 16, le 17 ou le 18 février.

Lire aussi

Jean Paul II, Benoît XVI : deux papes, deux décisions

Reportage

Dossier

Ovation et émotion à l’apparition de Benoît XVI