Rechercher
Rechercher

À La Une - Syrie

Un mercredi dans le sang : au moins 190 morts hier

Les combats s’intensifient dans le Nord et se rapprochent du centre de Damas ; Moallem et Khatib séparément à Moscou dans les semaines à venir ; Washington veut un départ diplomatique d’Assad.

Des combattants rebelles syriens se mettent à l'abri des bombardements des chars de l'armée loyaliste, le 30 janvier 2013, près de Damas.  REUTERS/Goran Tomasevic

Soutien quasi unique et indéfectible du régime de Bachar el-Assad, la Russie a décidé de montrer qu’elle pouvait se montrer équidistante des deux protagonistes. Ainsi, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, a annoncé que le chef de la coalition de l’opposition syrienne, Ahmad Moaz el-Khatib, et le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem, vont effectuer des visites séparées à Moscou dans les prochaines semaines.
Le premier doit se rendre dans la capitale russe « d’ici à deux, trois semaines », a déclaré M. Bogdanov, ajoutant que la date exacte n’avait pas encore été fixée. Le second s’y rendra d’ici à la fin février. « Nous ne nous sommes pas encore mis d’accord sur la date de cette visite, mais nous pensons que cela peut arriver assez vite », a-t-il précisé. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait rencontré pour la première fois M. Khatib début février en marge d’une conférence internationale à Munich.

 

(Eclairage : Moaz el-Khatib obtiendra-t-il « la masse critique » lors des deux prochaines réunions du CNS ?)


Si rien n’a été communiqué quant à la teneur de ces rencontres à venir, il semble peu probable qu’elles fassent évoluer les positions du Kremlin. Moscou a déjà bloqué à trois reprises, avec la Chine, un projet de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU condamnant la répression menée par le régime syrien. D’autant que la Russie ne compte pas mettre un terme à ses livraisons d’armes controversées à la Syrie, son principal fournisseur, et va continuer à le faire malgré la guerre civile, a insisté hier le directeur de la principale entreprise d’exportations d’armes russe. « Nous continuons à remplir nos obligations sur les contrats de fourniture de matériel militaire », a affirmé Anatoli Isaikin, directeur de Rosoboronexport. Il a précisé que les livraisons incluaient des systèmes de défense aérienne antimissile mais aucune arme d’attaque comme des avions ou des hélicoptères. « Les exportations ne violent pas les résolutions du Conseil de sécurité ni les lois internationales », a-t-il indiqué.

 

(Témoignage: Ancien prisonnier des geôles syriennes, Ali Abou Dehn témoigne dans un livre)


De l’autre côté de l’échiquier, à Washington, le secrétaire d’État John Kerry a déclaré hier vouloir convaincre Bachar el-Assad de quitter le pouvoir via une solution négociée avec l’opposition et avec l’aide de la Russie.
« Le gouvernement (américain) préfère une solution politique, une solution négociée mais qui ait pour résultat le départ du président Assad. Le président (Barack Obama) pense, et je pense, que c’est ce qui va arriver », a indiqué M. Kerry lors d’un point de presse avec son homologue jordanien Nasser Judeh. Le chef de la diplomatie américaine s’est refusé à donner un « calendrier », mais a jugé « inévitable » le départ du pouvoir du chef de l’État syrien, après quasiment deux ans de conflit en Syrie qui ont fait 70 000 morts, selon l’ONU. « Nous devons régler la question du calcul que fait actuellement le président Assad. Je pense qu’il y a des choses supplémentaires qui peuvent être faites pour changer sa perception actuelle » de la situation en Syrie, a dit le ministre américain, qui n’a pas voulu être plus précis.

 « Désastre humain »
Au regard des derniers déroulements sur le terrain, il est clair que la Russie ne pourrait en aucun cas rapprocher les deux parties. De violents combats entre soldats et rebelles syriens se sont poursuivis hier autour de bases militaires dans la province d’Alep au lendemain de la prise par les rebelles d’un aéroport militaire. « Des combats virulents entre soldats et combattants du Front al-Nosra, de Liwa al-Tawhid et de Mouhajirine, se déroulent autour d’une base appelée “la Brigade 80”, dont les rebelles ont quasiment pris le contrôle », a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Cette base est en charge de la sécurité de l’aéroport international d’Alep et de l’aéroport militaire al-Nairab, selon l’OSDH. Entre-temps, le Centre média d’Alep (antirégime) a indiqué que l’électricité et l’eau étaient coupées pour le quatrième jour consécutif, avertissant d’ « un désastre humain » dans la grande métropole du Nord.
Commentant la progression des rebelles à Alep, le directeur de l’OSDH Rami Abdel-Rahmane a estimé que l’armée desserre sa prise sur des parties du nord de la Syrie pour mieux sécuriser le centre. « L’armée résiste à peine à la progression des rebelles dans les bases du nord du pays, alors qu’elle lutte avec férocité à Daraya, près de Damas et à Homs, dans le centre du pays », précise M. Abdel-Rahmane. « Le régime sait qu’il doit sécuriser des parties du territoire pour pouvoir négocier » ensuite une transition politique, dit M. Abdel-Rahmane.

 

(Lire aussi: Il n’y a pas qu’al-Nosra, il y a aussi Ahrar al-Cham !)

Djobar
Par ailleurs, l’armée syrienne a bombardé hier les secteurs sunnites de l’est de Damas, spécialement le quartier de Djobar, ainsi que ceux du sud, pour tenter d’en chasser les combattants rebelles, rapportent des membres de l’opposition. Les habitants de la capitale ont confirmé ces informations. Un diplomate du Proche-Orient qui suit la situation de près décrit quant à lui les combats dans et autour de Damas comme « un engagement majeur. L’opposition est en train de frapper Damas à partir de diverses directions et le régime essaie de l’arrêter », raconte-t-il.
Les rebelles sont entrés dans Djobar la semaine dernière après avoir franchi les lignes de défense de l’armée syrienne sur le périphérique et enfoncé des positions de l’armée et des milices qui soutiennent le président Assad dans le secteur. Au total, au moins 190 personnes, dont 79 soldats et 76 rebelles, ont été tuées hier en Syrie, une des journées les plus sanglantes, selon un bilan de l’OSDH.
(Sources : agences)

 

 

Reportages

Ces Syriens qui veulent, malgré tout, fêter la Saint-Valentin


« Qu’ont-ils fait de notre belle révolution ? 

 

Lire aussi

Quelle distanciation à l’ombre du trafic de mazout vers Damas ?

Soutien quasi unique et indéfectible du régime de Bachar el-Assad, la Russie a décidé de montrer qu’elle pouvait se montrer équidistante des deux protagonistes. Ainsi, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, a annoncé que le chef de la coalition de l’opposition syrienne, Ahmad Moaz el-Khatib, et le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem,...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut