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À La Une - Roses rouges, tulipes, cœurs et peluches, mais...

Ces Syriens qui veulent, malgré tout, fêter la Saint-Valentin

S’aimer dans un pays en guerre : tout un art. Louaï Beshara / AFP

Comme beaucoup de ses compatriotes, Nawwar, un fonctionnaire syrien de 35 ans, est déterminé : il entend fêter malgré tout la Saint-Valentin cette année car, pour lui, « célébrer l’amour peut faire oublier un instant » la tragédie de la guerre qui ravage son pays depuis deux ans.
« Sans amour, il n’y a pas de solution à la crise (...) L’amour suscite le dialogue » entre les hommes, juge-t-il, alors que le conflit qui oppose l’armée loyaliste aux rebelles a causé la mort de près de 70 000 personnes, selon l’ONU.
Roses rouges, tulipes, cœurs et peluches occupent la vitrine de Fleurs d’al-Rawda, un magasin d’un quartier huppé de la capitale, mais le cœur, justement, n’y est pas. « Les affaires sont au point mort. Mes clients habituels qui achetaient des bouquets pour des milliers de livres syriennes ont fui le pays car ils craignaient les enlèvements », déplore un responsable du magasin. « Je vends ce bouquet à 3 000 SYP (30 dollars) », ajoute-t-il en montrant des bouquets de roses rouge sang, ainsi que des tulipes. « La célèbre rose damascène coûte cette année 250 SYP (2,5 USD), contre 100 les années précédentes », un prix élevé dans un pays où l’inflation a grimpé à plus de 50 %.
La Saint-Valentin était devenue populaire en Syrie ces dernières années : des magasins, des restaurants et même des rues arboraient à l’occasion des rubans et des cœurs rouges. Mais cette année, comme en 2012, les signes distinctifs de cette fête, commémorant à l’origine un martyr du christianisme, sont peu nombreux dans les rues. Seuls les fleuristes et quelques boutiques tentent, sans trop y croire, de vendre fleurs et cadeaux.

« Tout devient destruction et mort »
Dans un autre magasin, deux cadeaux empaquetés attendent dans un coin un improbable client. « On me les a commandés il y a un mois. D’habitude, vous auriez vu une montagne de cadeaux », regrette Abou Ahmad, propriétaire de cette échoppe à Chaalane, dans le cœur commerçant de Damas.
« Certes, le temps n’est pas à l’amour, nous souffrons tous de la violence », affirme Samir, un vendeur de 23 ans, assis avec sa petite amie Bana, 18 ans, sous un citronnier dans le jardin public Sabki à Damas alors que résonne au loin le bruit des bombardements. « Pour oublier les malheurs » et avant de quitter le pays dans six mois pour l’Arabie saoudite, il ira avec sa bien-aimée « célébrer la Saint-Valentin » au club Barada dans un quartier résidentiel du centre-ville.
Un autre jeune couple, Wassim et Lilas, affiche également son amertume. « Il faut trouver un temps pour célébrer l’amour, mais chaque jour nous en éloigne », regrette Lilas, une jeune femme voilée de 18 ans.
Pour Abou Rached, un chauffeur à Damas qui a fui il y a deux mois les violences dans sa ville de Mouadamiya, à 10 km du centre de Damas, pour se réfugier à Roukneddine, un quartier historique de la capitale, « ce n’est pas le temps de l’amour ni des fleurs ». Il raconte que ses oncles ont également abandonné Mouadamiya pour se réfugier à Ifrine, dans la province d’Alep, dans le Nord, à plus de 400 km de Damas. « Je n’ai pas le cœur à célébrer les fêtes, dans mon pays tout devient destruction et mort. »

 

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