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À La Une - Vatican

Le pape démissionne, une première dans l'histoire de l'Eglise moderne

Benoît XVI affirme ne plus avoir "les forces" de la diriger ; un nouveau pape sera désigné "pour Pâques".

Le pape Benoît XVI a annoncé, lundi 11 février 2013, sa démission du Vatican, une première dans l'histoire de l'Eglise moderne. REUTERS/Stefano Rellandini/Files

Le pape Benoît XVI a pris lundi le monde entier au dépourvu en annonçant sa démission fin février, une première dans l'histoire de l'Eglise moderne. 

 

Un nouveau pape sera désigné "pour Pâques" le 31 mars, a précisé le porte-parole du pape, lors d'une conférence de presse convoquée à la hâte au Vatican.

La démission inédite de Benoît XVI, 85 ans, a été fixée "au 28 février, à 20h00" (19h00 GMT), après quoi débutera la période dite de "sede vacante", siège vacant. Un conclave sera organisé dans les 15-20 jours suivant la démission, a indiqué le porte-parole le père Federico Lombardi. 

Benoît XVI ne participera pas au conclave pour l'élection de son successeur et se retirera provisoirement dans la résidence d'été des papes à Castel Gandolfo puis dans un monastère dans l'enceinte du Vatican, selon le porte-parole.

 

(Portrait : Benoît XVI, le pape théologien confronté aux scandales de l'Eglise)


Dans son annonce en latin traduite par le Vatican, Benoît XVI a dit être "parvenu à la certitude que ses forces, en raison de l'avancement de son âge ("ingravescentem aetatem" en latin), ne lui permettent plus d'exercer de façon adéquate le ministère" de pape et évêque de Rome.


Benoît XVI a fait son annonce dans une salle du Palais Apostolique au cours d'un consistoire, à la surprise générale. "Le pape nous a pris un peu par surprise", a reconnu son propre porte-parole.
Selon le père Lombardi, "personne ne lui a suggéré ni ne l'a poussé à cela" et "il n'y aucune maladie en cours qui aurait influé sur cette décision". "Le pape a senti ses forces diminuer ces derniers mois et l'a reconnu avec lucidité", a-t-il ajouté.


Le frère du pape, Georg Ratzinger, a confié au quotidien allemand Die Welt qu'il était au courant depuis des mois de cette décision: "Mon frère souhaite plus de tranquillité dans sa vieillesse", a-t-il expliqué.
Selon le directeur de l'Osservatore Romano, bien introduit dans son entourage direct, Benoît XVI a pris sa décision secrètement après son voyage éprouvant au Mexique et à Cuba en mars 2012.

Joseph Ratzinger a reconnu lundi que sa vigueur s'était "amoindrie". "D'une telle manière que je dois reconnaître mon incapacité à bien administrer le ministère qui m'a été confié", a-t-il ajouté.


Durant son pontificat de huit ans, Benoît XVI a été confronté à un grave scandale d'abus pédophiles dans le clergé, la crise la plus profonde de l'Eglise contemporaine, et il y a répondu avec fermeté.
L'an dernier, il avait aussi dû faire face à un scandale de fuites de documents confidentiels au Vatican, qui a conduit à la condamnation de son propre majordome, Paolo Gabriele: un symptôme des mécontentements et des divisions dans la Curie, et une trahison personnelle qui avait beaucoup affecté Joseph Ratzinger.

 

(Retour sur la visite de Benoît XVI au Liban, en septembre 2012)


Dans un livre interview intitulé "Lumières du monde" sorti en 2010, le pape avait évoqué la possibilité d'une démission au cas où il ne se sentirait plus en état de continuer. Benoît XVI avait affirmé qu'un pape "a le droit et, selon les circonstances, le devoir de se retirer" s'il sent ses forces "physiques, psychologiques et spirituelles" lui échapper.


Selon le porte-parole, cette décision, différente de celle de Jean Paul II, qui avait choisi de donner jusqu'au bout son témoignage de souffrance et de prière lors d'une longue agonie en 2005, "ne liera" en aucune façon ses successeurs". Elle a été prise "sereinement" et non sous l'effet de quelque "dépression" que ce soit.
Quand Benoît XVI aura démissionné, "il n'interviendra pas" sur le pontificat de son successeur. Les Journées mondiales de la jeunesse catholique (JMJ), prévues à Rio de Janeiro du 23 au 28 juillet, seront ainsi maintenues, a annoncé l'archidiocèse de la ville.

 

Un "coup de tonnerre dans un ciel serein"

Unique précédent dans l'histoire de l'Eglise, Célestin V avait abdiqué en 1294, peu après avoir été élu la même année. Il avait vécu en ermite jusqu'à sa désignation et ne se sentait pas prêt à assumer ce rôle. D'autres papes ont quitté leur charge de leur vivant mais en d'autres circonstances, et eux n'avaient pas décidé, seuls, de démissionner, ne se jugeant plus capables d'exercer leur ministère.

 

(Repère : Les dix derniers papes et la durée de leur pontificat)

 

Les réactions à ce "coup de tonnerre dans un ciel serein", selon les termes du doyen des cardinaux Angelo Sodano, n'ont cessé d'affluer du monde entier.

"De la part des Américains partout dans le monde, Michelle (son épouse, ndlr) et moi-même souhaitons offrir nos remerciements et nos prières à Sa Sainteté le pape Benoît XVI", a déclaré le président américain Barack Obama dans un communiqué, en évoquant le "rôle crucial" que joue l'église catholique aux Etats-Unis et dans le monde.

 

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a pour sa part souligné  "l'engagement profond de Benoît XVI en faveur du dialogue entre religions et sa volonté de relever les défis mondiaux que constituent la réduction de la pauvreté, la lutte contre la faim et la promotion des droits de l'homme et de la paix".

En pleine campagne électorale, le chef du gouvernement italien démissionnaire, Mario Monti, s'est, lui, dit "très secoué par cette annonce inattendue", et son rival Silvio Berlusconi a exprimé son "admiration face à un geste de grande responsabilité". 

 

Le président français François Hollande a pour sa part qualifié la décision du pape d'"éminemment respectable", tandis que la chancelière allemande Angela Merkel a exprimé son "plus grand respect". Le Premier ministre britannique David Cameron a de son côté estimé que Benoît XVI allait manquer "comme chef spirituel à des millions de gens" et lui a adressé ses "meilleurs voeux".

 

Né le 16 avril 1927 dans une famille modeste de la très catholique Bavière, Joseph Ratzinger, a succédé au charismatique Jean Paul II le 19 avril 2005 à l'âge de 78 ans après avoir régné près d'un quart de siècle sur la Congrégation pour la doctrine de la Foi.

 

Reportage

"Un pape, ça ne démissionne pas, c'est un gros choc"
Le pape Benoît XVI a pris lundi le monde entier au dépourvu en annonçant sa démission fin février, une première dans l'histoire de l'Eglise moderne. 
 
Un nouveau pape sera désigné "pour Pâques" le 31 mars, a précisé le porte-parole du pape, lors d'une conférence de presse convoquée à la hâte au Vatican.
La démission inédite de Benoît XVI, 85 ans, a été fixée "au 28...

commentaires (5)

Même au ciel, les lignes son engorgées, vaut mieux prendre son grabat et marcher... sans papa, pater, pape...

Zacharie

12 h 03, le 11 février 2013

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Commentaires (5)

  • Même au ciel, les lignes son engorgées, vaut mieux prendre son grabat et marcher... sans papa, pater, pape...

    Zacharie

    12 h 03, le 11 février 2013

  • Qu'il nous laisse le téléphone de dieu ,pour que l'on puisse l'appeler en cas d'urgence...

    M.V.

    09 h 35, le 11 février 2013

  • Et si lors du Habemus Papam on nous présentait notre patriarche RAI ? commençons nos prières pour que ce voeu se réalise, le M.O et le monde en ont besoin..Nshallah ya Rabb.

    Jaber Kamel

    09 h 29, le 11 février 2013

  • Juger l'état de ses forces incompatible avec ses fonctions, courageuse mesure pour un Pape vraiment lucide , et conscient de ses responsabilités. Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    06 h 39, le 11 février 2013

  • Alors qu'il faisait BIEN, !!! j'espère que sa santé ne va pas trop le faire souffrir, et que le sucesseur ne nous décevra pas ! bon repos Sa Sainteté.

    Jaber Kamel

    06 h 26, le 11 février 2013

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