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À La Une - Égypte

La rue égyptienne toujours en colère contre Morsi

Des heurts violents opposaient protestataires et forces de l’ordre devant la présidence et dans plusieurs villes.

Les forces de l’ordre ont tenté hier de disperser par la force des manifestants au Caire, lors d’une nouvelle journée de protestations à travers le pays contre le président islamiste Mohammad Morsi. Les heurts, qui se poursuivaient en soirée, ont éclaté en dépit de l’engagement de l’ensemble des forces politiques à éviter la violence, après des accrochages qui ont fait 56 morts en une semaine dans le pays divisé entre pro et anti-Morsi, premier président civil et islamiste d’Égypte élu en juin. Rassemblés à l’appel du Front du salut national (FSN), principale coalition de l’opposition, les manifestants ont lancé pierres, cocktails Molotov et feux d’artifice contre le palais présidentiel au Caire et les forces de l’ordre qui ont fait usage à leur tour de canons à eau et de gaz lacrymogène et ont tiré en l’air. Les protestataires ont également mis le feu à des pneus en criant : « Le peuple veut la chute du régime », le slogan lancé il y a deux ans durant la révolte populaire qui a chassé du pouvoir le président Hosni Moubarak. La police a dû, un moment, se replier vers l’enceinte du palais de Héliopolis, certains manifestants ayant réussi à retirer des fils barbelés et tenté d’escalader l’un des portails. « Personne ne nous fera bouger d’ici », a lancé Ahmad Gamal, un jeune manifestant encagoulé. « Nous ne partirons que lorsque nous aurons renversé Morsi », a renchéri Mohammad Samir, un chômeur de 32 ans.

 

(Pour mémoire : Egypte : l'opposition rejette l'appel de Morsi à un dialogue "vide de sens")


Près de la place Tahrir au Caire, non loin des ambassades américaine et britannique, des heurts sporadiques ont aussi opposé la police à des manifestants dont deux ont été blessés par des tirs de chevrotine, selon des témoins. Un manifestant est d’ailleurs décédé après des tirs à balles réelles. Le ministère de la Santé a fait état de 10 blessés dans les heurts, dont 4 près du palais, et celui de l’Intérieur a recensé cinq policiers blessés.

 « Morsi, dégage ! »
« Liberté », « Morsi est illégitime », « Dégage ! », a scandé la foule dès l’après-midi sur les principales artères du Caire, en arborant sous la pluie des banderoles réclamant « justice » pour les victimes des violences (24-29 janvier) qui avaient éclaté à la veille du 2e anniversaire de la révolte contre Hosni Moubarak. Des milliers d’autres manifestants ont défilé à Alexandrie et Port-Saïd. C’est d’ailleurs dans cette dernière ville que les heurts le 26 janvier ont été les plus sanglants (40 morts) après la condamnation à mort de supporteurs du club de football local pour un massacre survenu dans un stade il y a un an.


La présidence a averti, dans un communiqué, que les forces de sécurité agiraient « avec la plus grande fermeté pour appliquer la loi et protéger les bâtiments publics », en soulignant que « les forces politiques qui auraient incité (à ces actes) en assumeraient l’entière responsabilité ». La présidence a également affirmé que les manifestants avaient tenté de casser le portail du palais et demandé à l’opposition de « dénoncer immédiatement ces actes et d’appeler ses partisans à se retirer d’urgence des environs du palais ». Mais le FSN a affirmé dans un communiqué « ne rien à voir avec ces troubles », disant « condamner tous les actes de violences » et appelant la police à « exercer le maximum de retenue ».

 

(Pour mémoire : Morsi promet "la liberté pour tous, sans exception")


Avant les heurts, Mohammad el-Baradei, un chef du FSN, a averti sur Twitter que « la violence et le chaos se poursuivront » si M. Morsi continue à marginaliser l’opposition. Pour sortir de la grave crise qui secoue le pays depuis des mois, le FSN réclame la fin de la « monopolisation » du pouvoir par les Frères musulmans dont est issu M. Morsi, avec la mise en place d’un gouvernement de salut national et une révision de la Constitution.
Pourtant, lors d’une réunion jeudi sous l’égide de l’institution sunnite al-Azhar, les forces politiques, dont le FSN et le bras politique des Frères musulmans, ont dénoncé « toute incitation à la violence » et affirmé favoriser le dialogue. Mais les experts restent sceptiques sur les chances d’un véritable dialogue susceptible de réconcilier un pays profondément divisé. Les partisans de M. Morsi font valoir qu’il est arrivé au pouvoir démocratiquement. L’opposition l’accuse, elle, de privilégier l’idéologie islamiste au détriment de l’intérêt général et d’échouer à faire face à la crise économique.

Les forces de l’ordre ont tenté hier de disperser par la force des manifestants au Caire, lors d’une nouvelle journée de protestations à travers le pays contre le président islamiste Mohammad Morsi. Les heurts, qui se poursuivaient en soirée, ont éclaté en dépit de l’engagement de l’ensemble des forces politiques à éviter la violence, après des accrochages qui ont fait 56 morts...

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