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À La Une - Liban

Ersal en ébullition après une opération sécuritaire de l'armée

Ce n’est pas la première fois que l’armée libanaise affronte une rébellion armée à Ersal, une localité sunnite près de la frontière syrienne que l’on accuse d’être devenue une voie de passage pour les combattants en provenance de Syrie, et vice versa. Ceci n’explique pas toutefois l’opération « commando » qui a eu lieu hier et qui suscite, pour l’heure, de nombreux points d’interrogation.

L'armée en patrouille dans la région de Ersal. Pour normaliser Ersal, l’armée a payé un lourd tribut : deux morts, le capitaine Pierre Machaalani et le sergent Ibrahim Zahraman, et plusieurs blessés.

Envoyée en mission pour arrêter un suspect recherché, Khaled Hmayed, accusé d’actes terroristes, une unité des services de renseignements de l’armée s’est heurtée à un groupuscule armé formé des habitants de la localité.
Selon plusieurs versions concordantes, les habitants du village s’en sont pris aux éléments de l’armée qu’ « ils n’avaient pas reconnus au départ, puisque ces derniers se sont présentés au domicile du suspect en tenue civile, conduisant des voitures banalisées », comme l’atteste une source à Ersal.


Les membres des services de renseignements auraient « tendu une embuscade à la personne recherchée et l’ont tuée sur le coup. Ils ont aussi tenté de prendre le corps avec eux, ce qui a provoqué le courroux de ses proches qui s’en sont pris aux membres du commando », a-t-on appris de même source.


C’est à ce moment-là que les accrochages aux armes automatiques ont commencé, les habitants « croyant toujours avoir affaire à des éléments du Hezbollah », selon une source sécuritaire, « à des services de renseignements du régime syrien », selon une source locale. D’après une première version, Khaled Hmayed aurait péri dans les échanges de tirs, et non à la suite de la perquisition de son domicile. Résultat : au moins trois personnes, dont deux militaires, ont été tuées hier dans les heurts. Huit autres soldats ont été blessés au cours des affrontements, dont certains grièvement.

 

 

La situation s’est aggravée lorsque le bâtiment de la municipalité où les blessés avaient entre-temps été transportés, n’ayant pu être évacués vers les hôpitaux à cause de la neige, a été encerclé par les habitants. Il a fallu l’intervention des Forces de sécurité intérieure pour calmer le jeu et convaincre les habitants d’ouvrir le passage devant les blessés qui ont été acheminés vers l’hôpital de Ras Baalbeck.


La version succincte des faits communiquée par le bureau d’orientation de l’armée est toutefois différente. « Une patrouille de l’armée est tombée dans une embuscade qui lui a été tendue par des éléments armés » alors qu’elle « poursuivait une personne recherchée par la justice, accusée de plusieurs actes terroristes », précise le communiqué. Le texte, qui fait également état de blessés parmi les « groupes armés », précise que la troupe a réussi à maîtriser la situation après avoir reçu du renfort et aussitôt imposé un cordon sécuritaire autour du village.


Selon une source de sécurité, les heurts se sont déroulés en bordure de Ersal et ont impliqué des « islamistes ». Un fait que confirme une source à Ersal contactée par L’Orient-Le Jour, qui affirme qu’effectivement, Khaled Hmayed « était un islamiste et prenait part aux combats en Syrie ». « Son seul tort est d’être un islamiste convaincu », ajoute la source qui laisse entendre que c’est probablement cette raison qui aurait motivé l’armée à effectuer cette opération. D’autres sources citées par la chaîne al-Jadeed ont fait état d’un lien présumé qu’entretiendrait Khaled Hmayed, la cinquantaine, avec le mouvement islamiste Fateh el-Islam ainsi qu’avec les groupuscules de Abdallah Azzam et du Front al-Nosra, très actifs en Syrie.


Certes, on ne sait toujours pas pour l’heure quel est exactement le crime qui lui a été imputé, la troupe ayant fait preuve de réserves sur cette affaire, ni la raison pour laquelle l’institution militaire a préféré envoyer des éléments des services de renseignements, en civil, pour accomplir cette mission.


Dans l’après-midi, des informations citées par des médias locaux avaient fait état d’un lien présumé entre Khaled Hmayyed et les preneurs d’otages des Estoniens, il y a deux ans. Une rumeur que dément en partie une source de sécurité, qui affirme que Khaled Hmayed avait un rôle « quasi insignifiant » dans cette affaire et que, de « toute manière, ce dossier est prêt d’être clos par la justice ».


En soirée, un calme précaire prévalait dans le village, les habitants ayant refusé catégoriquement de remettre à l’armée les personnes ayant pris part aux affrontements. Faisant bloc face à la troupe, qui a promis de faire preuve de fermeté en cas d’absence de coopération, les habitants continuaient d’affirmer qu’ils n’ont rien à voir avec ce qui s’est passé et que ce sont des « milices armées qui ont tué Khaled Hmayed », lequel « n’a rien à voir avec les accusations qui lui sont imputées et qu’il est une victime ».


En soirée, les habitant de Mrayjate ont coupé la route internationale de Dahr el-Baïdar pour protester contre la mort de Pierre Machaalani, l’une des victimes de l’armée lors de l’incident.
Depuis le début du soulèvement en Syrie en mars 2011, des incidents parfois meurtriers ont éclaté à la frontière nord et est du Liban, où transitent de nombreux réfugiés fuyant les violences, mais aussi des combattants hostiles au régime de Bachar el-Assad.


Selon les services de sécurité libanais, des heurts ont régulièrement opposé l’armée syrienne à des groupes armés favorables à la rébellion anti-Assad. Des affrontements ont également eu lieu entre des groupes armés et l’armée libanaise, qui tente d’empêcher l’infiltration de combattants.

Envoyée en mission pour arrêter un suspect recherché, Khaled Hmayed, accusé d’actes terroristes, une unité des services de renseignements de l’armée s’est heurtée à un groupuscule armé formé des habitants de la localité.Selon plusieurs versions concordantes, les habitants du village s’en sont pris aux éléments de l’armée qu’ « ils n’avaient pas reconnus au départ,...

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