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À La Une - Conflit

Washington met en garde Damas contre un transfert d'armes au Hezbollah

Damas a les moyens de répondre au raid israélien, avertit l'ambassadeur syrien au Liban ; silence officiel en Israël.

Photo d'archives d'un avion de chasse israélien. Jack Guez/AFP

"Honte au régime de Bachar el-Assad !" Au lendemain de l'annonce d'un raid israélien en Syrie, le chef de la Coalition de l'opposition syrienne, Ahmed Moaz al-Khatib, a dénoncé la passivité du régime de Bachar el-Assad. "Les avions israéliens sont venus, et tes avions ne servent qu'à détruire les mosquées et les universités, et à tuer les civils", a-t-il dit, s'adressant au président syrien, lors d'un entretien, depuis le Caire, avec la chaîne satellitaire Al-Jazeera, basée au Qatar. "Tes avions ont regardé faire et n'ont pas arrêté les avions israéliens".

 

De l'autre côté du spectre politique syrien, l'ambassadeur syrien au Liban a averti que Damas a les moyens de répondre au raid qui a eu lieu dans la région de Damas contre un centre de recherche militaire ou un convoi d'armes destinées au Hezbollah, selon les sources. Ali Abdel Karim Ali, cité par el-Ahed news, un site Internet proche du Hezbollah, a précisé que la Syrie pourrait avoir recours à l'élément de surprise, dans sa riposte. "La Syrie s'emploie à défendre sa souveraineté et son territoire", a-t-il ajouté, estimant que le raid est une preuve supplémentaire de l'implication israélienne dans la crise syrienne.

 

Peu après, le ministère syrien des Affaires étrangères a protesté officiellement auprès des Nations unies "contre la violation par les Israéliens de l'accord de 1974", qui prévoyait la fin des hostilités entre la Syrie et l'Etat hébreu, qui restent officiellement en état de guerre.

 

Plus tôt dans la journée, le Hezbollah, allié du régime de Damas, a estimé qu'en perpétrant une attaque en Syrie, Israël avait montré au grand jour "les origines de ce qui se passe en Syrie depuis deux ans et les objectifs criminels visant à détruire ce pays et son armée pour affaiblir son rôle central dans la résistance (contre l'Etat hébreu) et parachever le grand complot contre nos peuples arabes et musulmans".

 

Dans un communiqué, le mouvement libanais chiite armé "condamne avec force cette nouvelle agression sioniste contre la Syrie", la première frappe israélienne en Syrie depuis qu'a éclaté en mars 2011 une révolte populaire hostile au régime syrien, devenue depuis conflit armé et ayant fait plus de 60.000 morts, selon l'ONU.

 

Cette "agression sauvage appelle une large et vigoureuse campagne de dénonciation et de condamnation de la part de la communauté internationale, des pays arabes et musulmans", dénonçant le silence international "chaque fois qu'Israël est l'agresseur".

Le Hezbollah exprime son "entière solidarité avec la Syrie, sa direction, son armée et son peuple". Pour lui cette attaque, démontre la volonté d'Israël d'empêcher "les forces arabes et musulmanes de renforcer leurs capacités militaires et technologiques".

 

"Il ne fait pas de doute que cette agression va dans le sens de la politique de l'Occident et des sionistes pour faire passer au second plan les succès du peuple et gouvernement syriens pour ramener la stabilité et la sécurité dans ce pays", a également affirmé le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, condamnant "l'agression brutale du régime sioniste". Cette action souligne "l'alignement des groupes terroristes avec les objectifs des sionistes", a-t-il ajouté. L'Iran comme les autorités de Damas qualifie de "terroristes" les groupes rebelles qui combattent le régime syrien.

 

 

Flou sur la cible

Damas a annoncé mercredi soir que l'aviation israélienne avait "directement bombardé" un centre de recherche militaire situé entre Damas et la frontière libanaise. "Un avion de combat israélien a violé notre espace aérien à l'aube et a directement bombardé un centre de recherche sur l'amélioration de la résistance et l'auto-défense dans la région de Jomrayah dans la province de Damas", a affirmé l'armée dans un communiqué publié par l'agence officielle Sana.

L'armée syrienne fait état de deux employés tués et de cinq blessés dans ce centre, qui a subi "d'importants dégâts" et dont le "bâtiment a été partiellement détruit".

 

Des habitants près de Damas ont également indiqué à l’AFP que des missiles avaient touché un "centre de recherches sur les armes non conventionnelles" à al-Hameh, à une quinzaine de kilomètres au nord-ouest de Damas.

 

Selon le Jerusalem Post, l’attaque israélienne pourrait avoir visé le Centre d’études et de recherches scientifiques de Damas (CERS). Ce centre était depuis plusieurs années, selon le quotidien israélien, sur les radars israéliens. En 2010, rappelle le JPost, l’ancien directeur du bureau anti-terrorisme israélien du Conseil national pour la sécurité, le général Nitzan Nuriel, avait lancé un avertissement à la communauté internationale concernant le CERS. Le centre devait être détruit, avait-il dit, s’il continuait à contribuer à armer des organisations terroristes.

 

D'autres sources sécuritaires ont néanmoins affirmé que le raid avait visé un "convoi armé en direction du Liban qui a été touché du côté syrien de la frontière".

Le New York Times, citant des responsables s'exprimant sous couvert d'anonymat, a indiqué que l'attaque aurait visé à la périphérie de Damas, un convoi d’armes sophistiquées destinées au Hezbollah.

 

De même, selon une source citée par le site NowLebanon, le convoi qui se dirigeait vers le Liban, plus précisément au Hermel, transportait des armes à destination du Hezbollah. Le convoi a été frappé au niveau de la région de Qousseir. "La cible était un camion transportant des armes, se dirigeant de Syrie vers le Liban", a également dit un diplomate occidental, selon lequel la cargaison ne comprenait probablement pas d’armes chimiques.

Une source au sein de la rébellion syrienne contre le président Bachar el-Assad a aussi déclaré qu’une frappe aérienne avait détruit à l’aube (04h30 GMT) un convoi sur une route montagneuse à environ cinq km au sud du point où l’autoroute Damas-Beyrouth franchit la frontière.

 

(Pour mémoire : Israël redoute une mainmise du Hezbollah sur les armes chimiques syriennes)

 

 

"Pas de commentaire"

Le New York Times a par ailleurs rapporté, citant des officiels américains, que les Etats-Unis avaient été informés à l'avance par Israël, du raid.

 

Jeudi, la Maison Blanche a mis en garde la Syrie contre toute tentative de transférer des armes au Hezbollah. "Il ne faut pas que la Syrie déstabilise encore plus la région en transférant des armements au Hezbollah", a affirmé Ben Rhodes, conseiller adjoint à la sécurité nationale du président Barack Obama, lors d'une conférence téléphonique.

 

Le dossier de la guerre civile en Syrie figurera en tête des préoccupations du vice-président américain Joe Biden lors de sa venue à Munich (Allemagne) ce week-end à l'occasion de la Conférence sur la sécurité, a par ailleurs indiqué un autre responsable de la Maison Blanche, Tony Blinken.

M. Biden, qui entame vendredi une mini-tournée européenne en Allemagne, en France et au Royaume-Uni, doit s'entretenir de la Syrie samedi avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, le médiateur international Lakhdar Brahimi et le chef de l'opposition Ahmed Moaz al-Khatib, selon M. Blinken. Auparavant à Berlin, M. Biden aura rencontré la chancelière Angela Merkel. Il verra lundi à Paris le président français François Hollande et le lendemain à Londres le Premier ministre David Cameron, a précisé M. Blinken.

 

Les autorités israéliennes, elles, gardaient le silence le plus complet jeudi. Interrogé par la radio publique, le ministre israélien des Finances Youval Steinitz, membre du cabinet de sécurité, s'est borné à affirmer qu'il se tenait au courant "par les médias". "Autrement dit : pas de commentaire", a-t-il ajouté.

 

"D'une manière générale, Israël ni dément ni ne confirme ce genre d'activités militaires pour des raison de sécurité", a souligné à la radio militaire Tzahi Hanegbi, un député du Likoud (droite), proche du Premier ministre Benjamin Netanyahu et ancien président de la commission de la Défense et des Affaires étrangères.

 

En 2007, les responsables israéliens s'étaient refusés à confirmer une attaque aérienne attribuée à l'Etat hébreu contre un réacteur nucléaire construit par la Corée du Nord dans le nord de la Syrie.

 

"Israël a toujours dit que si des armes sophistiquées en provenance d'Iran, de Corée du nord et de Russie tombaient dans les mains du Hezbollah, une ligne rouge serait franchie", a ajouté M. Hanegbi, en référence au mouvement chiite libanais qu'une guerre a opposé à Israël en 2006. Selon lui, "Israël ne peut accepter que des armes armes sophistiquées tombent dans les mains d'organisations terroristes".

Il a également rappelé qu'Israël avait déployé ces derniers jours deux batteries antimissiles Iron Dome près de la frontière libanaise.

 

Les médias israéliens ont, par ailleurs, rapporté une forte augmentation des demandes de masques à gaz dans le nord du pays de crainte d'attaques de la Syrie ou du Hezbollah.

 

 

Nouvelle page dans le conflit
"La Russie est très préoccupée par les informations concernant des frappes de l'armée de l'air israélienne sur des sites en Syrie", a indiqué, de son côté, le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué. "Si cette information est confirmée, cela signifie que nous avons à faire à des frappes sans aucun prétexte sur le territoire d'un Etat souverain, ce qui viole grossièrement la charte de l'ONU et est inacceptable, quel qu'en soit le motif". "Nous prenons des mesures d'urgence pour éclaircir cette situation dans les moindres détails", a-t-il souligné.

 

Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil el-Arabi, a condamné le raid, dénonçant "une violation flagrante du territoire d'un Etat arabe et de sa souveraineté", alors que le président libanais, Michel Sleiman, a accusé Israël d'exploiter la crise syrienne "pour exécuter sa politique agressive dénigrant toutes les conventions et les accords internationaux".

 

La presse libanaise estimait, pour sa part jeudi, que le raid israélien ouvrait une nouvelle page dans le conflit sanglant qui déchire la Syrie depuis près de deux ans maintenant. "A l’approche du deuxième anniversaire du déclenchement de la crise syrienne, Israël a décidé de participer à la bataille visant à renverser le régime du président Bachar el-Assad", affirme le quotidien al-Akhbar, proche du Hezbollah. "Le raid contre un centre de recherches militaire (…) a ouvert une nouvelle page dans le conflit syrien", a ajoute le journal. (Voir la revue de presse ici)

 

Selon Olivier Lepick, spécialiste français de l’armement chimique à la Fondation pour la recherche stratégique, la Syrie est dotée d’un important arsenal d’armes chimiques qu’elle a commencé à développer dans les années 1970, "notamment grâce aux transferts technologiques avec l’Égypte et ensuite la Russie, et cela s’est poursuivi jusqu’à aujourd’hui". C’est au CERS que cette production aurait débuté.

 

(Pour mémoire : Recours, par Damas, à l'arme chimique : possible, mais peu probable)

 

Selon l’expert, la Syrie dispose d’une panoplie d’agents chimiques "assez robuste" et a "plusieurs modes de dissémination par agent". "On ne connaît pas les quantités mais on sait que les stocks sont très conséquents, disséminés sur des bases militaires assez bien réparties sur le territoire syrien", estime Olivier Lepick.

 

 

Reportage

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commentaires (8)

Ce n'est pas la premiere fois qu'Israel frappe la Syrie sans riposte; bien- sur cette derniere jure de se venger...aux calendes grecques!; il faut dire que le régime baathiste est beoucoup plus spécialisé et entrainé à s'attaquer à d'autres arabes qu'aux israéliens (se rappeler par exemple les bombardements sur les populations sionistes de Zahlé, d'Achrafieh, de Tripoli ou des camps palestiniens pendant la guerre civile). Quant aux acolytes du régime syrien au Liban c à d le hezb, depuis la victoire divine de la guerre de 2006( qui a provoqués au Liban des dommages du point de vue tant humanitaire qu'économique un million de fois plus importants qu'en Israel), ils semblent suivre le meme chemin car les avions israéliens sont biens moins inquiétés lors du survol de notre ciel que certaines personnalités libanaises lors de leur passage à l'AIB(voir par exemple Tuéni ou El-Hassan).

Dimitri Al Quandalaft

17 h 25, le 31 janvier 2013

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Commentaires (8)

  • Ce n'est pas la premiere fois qu'Israel frappe la Syrie sans riposte; bien- sur cette derniere jure de se venger...aux calendes grecques!; il faut dire que le régime baathiste est beoucoup plus spécialisé et entrainé à s'attaquer à d'autres arabes qu'aux israéliens (se rappeler par exemple les bombardements sur les populations sionistes de Zahlé, d'Achrafieh, de Tripoli ou des camps palestiniens pendant la guerre civile). Quant aux acolytes du régime syrien au Liban c à d le hezb, depuis la victoire divine de la guerre de 2006( qui a provoqués au Liban des dommages du point de vue tant humanitaire qu'économique un million de fois plus importants qu'en Israel), ils semblent suivre le meme chemin car les avions israéliens sont biens moins inquiétés lors du survol de notre ciel que certaines personnalités libanaises lors de leur passage à l'AIB(voir par exemple Tuéni ou El-Hassan).

    Dimitri Al Quandalaft

    17 h 25, le 31 janvier 2013

  • Le regime legal syrien est bel et bien entrain de l'emporter sur le terrain, les sponsors des mercenaires dont israel ne l'entendaient pas de cette oreille, surtout que le chef des telecommandes mercenarises ne voit pas de problemes a negocier avec Bashar, israel fait ce qui n'est permis a aucun autre pays au monde de faire , attaquer un etat souverain sans raison et sans approbation des N.U. On disait le regime syrien a genoux et aux abois, il semble par cette lache attaque, approvee que par des cretins, que le regime continue a faire peur, qu'il dispose de moyens de faire face, etrange pour un etat exangue, au bord de la rupture en "2 semaines". Que les laches qui applaudissent se rassurent, si la Syrie de la resistance continue a faire peur c'est bien qu'elle dispose de quoi montrer de quel bois elle se chauffe, il faut juste que ces laches renoncent a penser que les syriens ont les memes principes et comportements qu'eux.C'est tout !

    Jaber Kamel

    12 h 20, le 31 janvier 2013

  • Se sentant lâché....pas laché...laminé....vous avez laissé entrer en Syrie les fous furieux d'allah soi disant,les nosras et autres tarés du même genre...et vous avez offert au régime,bande d'idiots,sa planche de salut(relatif)...vous pensiez quoi?que le peuple syrien allait accepter cette bande de tarés????et les "80 morts d'Alep"....vous avez perdu le jour où vous avez attaqué Alep...oh,pas perdu contre le régime syrien...perdu contre le peuple syrien...assassins!

    GEDEON Christian

    10 h 02, le 31 janvier 2013

  • Il révèle plutôt les engagements de sous la table... qui sont à l'avantage du régime et non contre lui. Netanyahu leur tend la perche du salut, et le gilet de sauvetage !

    SAKR LEBNAN

    07 h 28, le 31 janvier 2013

  • Et dire ...que le dictateur Assad fait la guerre peuple syrien, pendant qu'israel bombarde son territoire ...! une plainte à l'ONU s'impose en urgence pour cette agression...

    M.V.

    07 h 18, le 31 janvier 2013

  • Ils nous prennent vraiment pour des cons....Israël a décidé de participer,en effet...mais à la bataille visant à NE PAS renverser le régime...un camion,un bâtiment...histoire de permettre au régime de se poser en victime,et éventuellement de rallier autour de lui(avec quelles compromissions et quelles prébendes?)...ne pas oublier les ouvertures faites par le "leader " de l"opposition...quand je vous dis qu'on nous prend pour des cons...et puis,çà permet,si on chauffe le "front" syrien,de ne pas parler de ce que vient de dire l'ONU....évacuez les colonies...un clou chasse l'autre,en quelque sorte...mais on a une mauvaise nouvelle pour tous ces manipulateurs à la petite semaine...nous sommes moins cons qu'on n'en a l'air...

    GEDEON Christian

    06 h 52, le 31 janvier 2013

  • Une grande attaque contre les peuples arabes et musulmans et contre le role résistant de la Syrie contre l'état sioniste!? Contre le peuple perse plutot et contre l'axe irano-syro-hezbollah qui tue bien plus d'arabes, certes surtout sunnites, que de sionistes; tandis que la frontière israélo-sioniste se la coule douce depuis l'avènement du BAATH, l'axe de la résistance, elle, n'a eu de cesse de destabiliser le Liban et l' Irak, la plupart des attentats et des assassinats y étant son oeuvre (voir au Liban les assassinats contre les sionistes Hariri, Medawar, Khaled...), et les milliers de prisonniers palestiniens et libanais dans les prisons syriennes (eux aussi sionistes bien-sur), et aussi par exemple l'attentat contre le souk du caire qui a faillit détruire Israel..........!!!!!?????

    Jacob Marie Therese

    06 h 14, le 31 janvier 2013

  • Un centre de recherche pour l'amélioration de la résistance ? Quelqu'un comprend-il quelque chose ? Qu'est-ce que ça veut dire ?

    SAKR LEBNAN

    05 h 30, le 31 janvier 2013

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