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À La Une - Syrie

Moscou serait-il sur le point de lâcher Assad

Le gouvernement annonce l’annulation de poursuites judiciaires contre les opposants qui participeraient au dialogue national.

Un homme passe devant des immeubles endommagés après une attaque aérienne de l’aviation de l’armée loyaliste syrienne sur Ain Tarma.  Goran Tomasevic/Reuters

La Russie, dans une rare attaque contre son allié syrien, a accusé hier le président Bachar el-Assad d’avoir commis une « erreur peut-être fatale » en retardant les réformes dans le pays meurtri par près de deux ans de guerre. M. Assad « aurait dû agir beaucoup plus vite et inviter l’opposition pacifique qui était prête à s’asseoir à la table des négociations avec lui. C’est une grave erreur de sa part, peut-être fatale », a déclaré le Premier ministre russe Dmitri Medvedev. « Il me semble que ses chances de maintien (au pouvoir) s’amenuisent de jour en jour », a-t-il dit dans une interview à la chaîne CNN réalisée en marge du Forum de Davos, dont l’intégralité a été publiée sur le site du gouvernement russe. M. Medvedev a souligné avoir essayé de convaincre en personne le président de dialoguer avec l’opposition, en vain. Mais il a réaffirmé la position de Moscou selon laquelle seul le peuple syrien peut décider du sort de M. Assad, dont les Occidentaux, la Turquie et plusieurs pays arabes réclament le départ. Aucun dirigeant russe n’avait jusque-là été aussi clair sur l’avenir du président syrien, confronté depuis mars 2011 à un mouvement de contestation qui s’est mué en guerre civile.


Le 6 janvier, M. Assad a proposé un plan de règlement prévoyant la fin des opérations militaires, suivi d’un dialogue national sous l’égide de son gouvernement. L’opposition à l’extérieur et celle tolérée à Damas l’avaient rejeté. Et hier, le Conseil supérieur de la justice syrienne a annoncé que « toutes les poursuites judiciaires cesseraient contre les forces et personnalités politiques de l’opposition qui participeront au dialogue national », pour lequel aucune date n’a été annoncée, et qui seront « désignées » par le pouvoir. La veille, le ministre de l’Intérieur Mohammad el-Chaar avait dit que toutes les facilités seraient accordées aux opposants installés à l’étranger qui souhaitent rentrer en Syrie pour le « dialogue national ».


Sur le terrain, les combats sur plusieurs fronts dont celui de Damas et les bombardements de l’artillerie lourde et de l’aviation du régime ne connaissaient aucun répit, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Les violences ont entraîné la fermeture d’une autoroute stratégique qui relie Damas à Deraa, a indiqué l’ONG, en faisant état d’un bilan provisoire de 67 personnes tuées hier dans le pays, au lendemain de raids meurtriers qui ont fait de nombreuses victimes dont des enfants.


Des troupes d’élites de l’armée syrienne ont par ailleurs bombardé Daraya, localité de la périphérie de Damas, ont indiqué des militants du Conseil général de la révolution syrienne. Les forces du régime ont également bombardé la localité de Beit Saham, au sud-ouest de la capitale, située près de la route stratégique menant à l’aéroport de Damas, après des attaques rebelles visant plusieurs barrages militaires de la région, selon l’OSDH.
À Idleb, des combats meurtriers ont opposé soldats et rebelles depuis vendredi dans l’enceinte de la prison centrale, a rapporté samedi l’OSDH. Son directeur, Rami Abdel Rahmane, a précisé par téléphone que les rebelles étaient parvenus à libérer plus de 100 détenus sans toutefois prendre le contrôle de la prison, alors que d’autres sources faisaient état de la libération de 300 détenus par les rebelles, qui auraient découvert une trentaine de détenus exécutés d’une balle dans la tête par les geôliers.


À Homs, plus de 20 personnes ont été tuées samedi par les forces loyalistes, a déclaré un médecin sur place, alors que les combats font rage non loin de cette ville pour le contrôle d’une voie stratégique de ravitaillement pour les troupes du régime. L’opposition accuse les milices chabiha fidèles au régime d’avoir tué environ 200 civils sunnites à Homs dans divers massacres commis au cours des deux dernières semaines. Ces affirmations sont difficiles à vérifier de manière indépendante.


En tout cas, l’OSDH affirmait hier que les violences en Syrie ont fait 50 009 morts, depuis le début de la révolte populaire contre le régime du président Bachar el-Assad il y a 22 mois, alors que l’ONU avait fait état le 2 janvier de la mort de 60 000 personnes pour la même période.


Face aux combats qui continuent de faire rage dans le pays entre rebelles et soldats, la responsable des opérations humanitaires de l’ONU, Valerie Amos, a discuté à Damas des moyens de distribuer l’aide humanitaire à environ quatre millions de Syriens qui en ont grandement besoin. Une réunion de donateurs internationaux est d’ailleurs prévue le 30 janvier au Koweït pour mobiliser l’aide humanitaire en faveur des civils syriens. Quelque 600 000 personnes ont trouvé refuge dans les pays voisins, a indiqué l’ONU, qui s’attend à ce que leur nombre atteigne 1,1 million d’ici à juin si le conflit ne cesse pas.

 

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