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À La Une - Liban

Incapable de nourrir sa famille, un réfugié syrien se pend à Saïda

« Mohammad souffrait beaucoup car il était incapable de trouver du travail dans le camp. Il essayait en vain de gagner sa vie pour nourrir sa famille ».

Dans la morgue du camp de réfugiés palestiniens de Ain el-Héloué, à Saïda (Liban-Sud), des secouristes s'occupent du corps de Mohammad Melsi, un réfugié syrien qui s'est suicidé faute de pouvoir assurer le minimum à sa famille. AFP PHOTO/MAHMOUD ZAYYAT 

Incapable de subvenir aux besoins de sa femme et de ses quatre filles, un Syrien s’est pendu à Saïda, illustrant la détresse des réfugiés ayant fui la guerre civile dans leur pays et luttant désormais pour survivre sans aide ni travail, rapporte Mahmoud Zayat dans un reportage de l’AFP.
« Il nous a dit qu’il allait acheter à manger pour les enfants. Ne le voyant pas revenir, nous l’avons cherché et nous l’avons trouvé à l’étage, pendu avec un fil de fer », confie sa femme Rima Bakkar sous le choc.
Mohammad Melsi, 35 ans, vivait dans le sud de Damas avant de fuir comme des milliers d’autres l’enfer des combats entre partisans et opposants au régime de Bachar el-Assad pour trouver un abri au Liban.
Arrivé il y a un mois avec sa famille, il s’était installé dans le camp palestinien de Aïn el-Heloué, où les loyers sont bon marché.


Assise dans une salle de l’hôpital al-Aqsa du camp, sa veuve raconte la tragédie.
« Mohammad souffrait beaucoup car il était incapable de trouver du travail dans le camp. Il essayait en vain de gagner sa vie pour nourrir sa famille », explique Rima, dont les paroles sont entrecoupées de sanglots.
Originaire d’Idleb, dans le nord de la Syrie, le père de famille travaillait dans une usine textile de la capitale, jusqu’à ce que les combats quotidiens, les bombardements et les raids aériens le poussent à fuir mi-décembre.
Mais au Liban, où les ONG sont débordées par l’afflux de réfugiés, ne l’attendait que la déchéance financière. Ses voisins racontent l’acharnement qu’il mettait à trouver du travail, ramassant parfois les morceaux de métal trouvés dans les rues ou les maisons.
« Son état psychologique n’a fait qu’empirer, surtout quand il n’a plus pu payer le loyer, le lait et les médicaments pour notre dernière fille qui a huit mois et souffre d’asthme », rapporte Rima.
À l’étage de la maison, le nœud est encore suspendu au-dessus du matelas, à côté d’un petit réchaud que Mohammad utilisait pour se réchauffer quand il montait pour fumer afin de ne pas déranger sa fille asthmatique.

 

(Lire aussi : Réfugiés syriens et communautés d’accueil : des besoins qui s’amplifient avec le temps ...)


La nouvelle du suicide s’est vite répandue dans le camp et ses amis sont en état de choc. Des habitants accompagnent Rima jusqu’à son domicile. Elle tient son bébé dans ses bras alors que ses trois autres filles, dont la plus âgée a 12 ans, la suivent.
Face à ce drame de la misère, Fouad Osmane, membre du comité populaire palestinien du camp de Aïn el-Heloué, blâme le « refus » des organisations internationales « d’assumer leurs responsabilités ».
Selon lui, les réfugiés syriens souffrent de discrimination, notamment de la part l’Agence de l’ONU pour l’aide aux réfugiés palestiniens (Unrwa) « qui refuse de leur distribuer des médicaments et des rations alimentaires » car ils ne sont pas palestiniens.

 

(Pour mémoire : Une situation effroyable pour les réfugiés syriens à Saïda)


Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (UNHCR) et les autorités libanaises estiment à 200 000 le nombre de Syriens réfugiés au Liban.
Le gouvernement libanais a réclamé début décembre 363 millions de dollars pour faire face au fardeau, notamment financier, que représente l’accueil de ces réfugiés.
Une réunion de donateurs est prévue fin janvier à Koweït pour mobiliser une aide humanitaire en faveur des civils syriens.

 

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