Loi électorale : la balle dans le camp de Berry

La sous-commission parlementaire ad hoc a clôturé hier ses discussions sur les articles 1 et 2 du texte de la nouvelle loi électorale, c’est-à-dire les articles relatifs au scrutin et au découpage électoral. Lors de sa neuvième réunion hier soir, la sous-commission a rédigé le procès-verbal de ses débats. Le document de neuf pages sera transmis au président de la Chambre Nabih Berry aujourd’hui après sa finalisation lors de la réunion matinale de la sous-
commission. Le président Berry devra décider en fonction de ce document de soumettre le vote de la nouvelle loi soit aux commissions conjointes, soit directement à l’assemblée générale.

Ce procès-verbal fait état de tiraillements entre les principaux partis chrétiens (Courant patriotique libre, Forces libanaises, Kataëb, Marada), et avec eux le Hezbollah et Amal, soutenant pour l’instant la proposition du Rassemblement orthodoxe, d’une part, et les partis qui s’opposent avec fermeté à cette formule, à savoir le courant du Futur, le Parti socialiste progressiste et les figures chrétiennes indépendantes, dont le porte-parole officieux est le député Robert Ghanem qui préside la sous-commission. Alors que la proposition du Rassemblement orthodoxe a recueilli le plus grand soutien au sein de la sous-commission (six des huit blocs représentés), son aboutissement reste incertain. En effet, la balle est désormais dans le camp du président de la Chambre.

(Pour mémoire : Loi électorale : A la recherche d'une parité sans sectarisme)

Le flou berryste
Même la position de ce dernier au sujet de cette loi reste incertaine. Alors qu’il avait déclaré, à la veille de la relance des réunions de la sous-commission, qu’il soutenait « tout projet bénéficiant de l’unanimité chrétienne », le député Amal Hani Kobeissi a déclaré hier que « nous n’appuierons aucune loi qui accentue les divisions et les différences entre les Libanais ». Ces propos élastiques pavent la voie à un éventuel refus du projet orthodoxe. D’ailleurs, d’autres formules seraient en cours de gestation et devraient être débattues lors de réunions parrainées par le président de la Chambre et qui devront se tenir en parallèle à celles de la sous-commission. Le député Boutros Harb, qui a réuni hier à son domicile plusieurs personnalités chrétiennes indépendantes opposées à la proposition Élie Ferzli, a également fait état d’une « tendance de plus en plus palpable vers des substituts à cette proposition ».

(Pour mémoire : Pourquoi le projet dit orthodoxe est (franchement) mauvais)

En réponse à cela, le député Kataëb Samy Gemayel reste attaché aux constantes que défendrait, selon lui, le projet dit orthodoxe, à savoir « l’équité envers les chrétiens ». « Nous souhaitons que le député Walid Joumblatt comprenne que la loi actuelle est injuste pour nous », a-t-il affirmé, s’étonnant de la campagne menée contre la proposition Ferzli. Ceci ne l’a pas empêché toutefois de se déclarer « ouvert à toutes les solutions qui ne marginaliseraient pas les chrétiens ».
Plus catégorique, le député du CPL Ibrahim Kanaan a remis en cause les propos tenus par le président Berry, selon lequel « les horizons sont toujours fermés face à la nouvelle loi électorale ». « Quel point de vue adopte-t-il pour établir ce constat? » s’est demandé le député, rappelant l’appui à la proposition Ferzli. « Si le courant du Futur et le PSP maintiennent leur refus, le vote en commissions conjointes tranchera l’affaire », a-t-il ajouté, insistant sur « l’inconstitutionnalité des lois qui n’assurent pas de représentation équitable pour tous ». Pour le député du Futur Ahmad Fatfat, la formule est simple : « La proposition du Rassemblement orthodoxe consacre la mainmise du Hezbollah sur le pays. » Et le député Serge Torsarkissian de s’en remettre enfin au président de la République, « qui a su tenir tête dès le départ à cette proposition ».

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