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À La Une - Le Billet de Gaby Nasr

Voyance extra-débile

La nouvelle année-déglingo à peine commencée, que pointent déjà les surdoués de la pupille. Ils sont là en rangs serrés, tout ruisselants de marc de café, couchés sur les paillassons des télés, attendant leur tour pour vomir à l’avance et dans le détail le programme de nos futures misères. La main sur le cœur et le cœur sur le porte-monnaie, ils prétendent voir bien au-delà de nos misérables rétines...
Ces Nostradamus du pauvre se mettent donc au goût du jour et enfilent heurts et malheurs face à la piétaille crédule. Et comme dans tout pays arriéré, il n’y en a que pour les vieux canassons de la politique. Prédire l’avenir d’un artiste, d’un écrivain, d’un musicien, voire d’un philosophe... ne leur viendrait même pas à l’idée, à nos oracles maison, et ce n’est d’ailleurs pas leur genre de beauté.
Le neuneu de base pourra ainsi picorer entre la grossesse multiple de Bahia Hariri, l’apoplexie gazeuse de Michel Aoun, la chtouille sulfurée de Adnane Mansour, et la nouvelle marque de shampoing de Samir Geagea... À moins qu’il ne trouve son bien-être dans les giclées d’hémoglobine du Salon de l’aviation et du missile de Damas. À ce stade, ce n’est plus de la voyance mais du voyeurisme...
La recette est en tout cas imparable : entrebâiller les portes de l’enfer et promettre aux Libanais les sept châtiments du jugement dernier. Sur les 365 jours, pas un dixième de seconde de bonheur. Une vieille manie apocalyptique destinée sans doute à chauffer la ménagère de moins de 50 ans...
Et comme il faut bien jeter un os d’optimisme aux derniers niaiseux qui y croient encore, les druides astro-hallucinés entrent aussitôt en transe et exsudent de leur boule de cristal « un Liban merveilleusement prospère qui se reconstruit ». Libanais, n’en profitez pas pour faire des folies !
Mais on a beau tout savoir, on ne peut pas tout prévoir. Pour cette année, les farfelus de la voyance ont même prédit qu’ils pourraient se tromper et l’avenir leur donnera certainement raison. Pour l’heure, ils attendent juste 2014 pour nous dire ce qu’ils avaient prévu pour 2013.

 

gabynasr@lorientlejour.com

La nouvelle année-déglingo à peine commencée, que pointent déjà les surdoués de la pupille. Ils sont là en rangs serrés, tout ruisselants de marc de café, couchés sur les paillassons des télés, attendant leur tour pour vomir à l’avance et dans le détail le programme de nos futures misères. La main sur le cœur et le cœur sur le porte-monnaie, ils prétendent voir bien au-delà...

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