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Syrie : vers une solution américano-iranienne ?

Y aura-t-il un accord américano-russe en faveur d’une solution en Syrie après le dernier discours du président Bachar el-Assad ? La position russe, qui prône un accord global sur la transition avant le départ d’Assad – sans quoi, affirme Moscou, ce sera le chaos –, le laisse entendre. La Russie et les États-Unis semblent s’accorder sur les mêmes appréhensions de l’après-Assad si un tel accord ne voit pas le jour dès à présent, à savoir un capharnaüm à la mode égyptienne, libyenne ou tunisienne, avec une opposition plurielle incapable de s’entendre sur une alternative et donc susceptible de se laisser rapidement doubler par les islamistes, plus organisés et donc plus prompts à se saisir du pouvoir.


La question qui n’est pas sans susciter la crainte des pays limitrophes de la Syrie est la suivante : s’il n’y a pas d’intervention étrangère pour déloger Assad, et en l’absence de toute solution, la guerre civile est-elle partie pour durer ? Et si aucune des parties n’arrive à l’emporter sur le terrain, le scénario libanais – une guerre en bonne et due forme sur la durée – est-il en voie de réédition ? À l’époque, la guerre froide américano-soviétique avait empêché les États-Unis d’imposer une solution unilatérale au Liban : les forces multinationales avaient été contraintes de se retirer après les attentats fomentés contre elles, l’ambassade américaine avait été elle aussi victime d’un attentat, le New Jersey n’avait pu protéger les forces en question et avait fini par se retirer... Washington avait abandonné l’idée d’une solution unilatérale au Liban ainsi qu’au Proche-Orient, et des « lignes rouges » avaient été mises en place, créant un équilibre de forces syro-israélien au niveau de l’espace aérien libanais.


Les États-Unis sont à l’école de la realpolitik. Lorsqu’ils échouaient dans leurs projets, ils faisaient appel à un rôle soviétique à l’époque. Moscou, qui était l’allié de Hafez el-Assad, avait conclu un marché prévoyant l’entrée des forces syriennes au Liban, la fin des combats et le départ des combattants palestiniens menés par Yasser Arafat à Tunis. Le sommet arabe de Riyad avait alors créé la Force arabe de dissuasion, une force arabe plurielle mais à majorité syrienne, pour tenter de limiter quelque peu la gloutonnerie syrienne au Liban et dissiper les angoisses de certains leaders libanais, dont le Amid du Bloc national, Raymond Eddé, qui avait mis en garde contre les visées d’Assad sur le pays du Cèdre... Les craintes du Amid étaient tout à fait fondées, puisque l’armée syrienne s’est enkystée dans le pays, avant de l’occuper entièrement en 1990, au terme d’un accord syro-américain dans la foulée de la participation de Damas à la coalition contre Saddam Hussein, ce dernier ayant à l’époque envahi le Koweït.


D’aucuns estiment que la situation sur le terrain en Syrie préside aux destinées des positions arabe et internationale concernant les solutions éventuelles. Mais en attendant qu’un vainqueur émerge, les répercussions sur les pays voisins, dont le Liban, pourraient être majeures. Certains estiment ainsi que Washington pourrait, s’il ne parvenait pas à s’entendre sur une sortie de crise syrienne avec la Russie, se tourner vers l’Iran comme partenaire éventuel, une sorte de substitut de ce que la Syrie fut autrefois pour résoudre la crise libanaise. Un accord avec Téhéran pourrait en effet s’avérer moins coûteux qu’avec Moscou. La Syrie, à l’époque, avait lâché l’Union soviétique et s’était jetée sur l’accord avec les États-Unis, qui lui donnait le Liban en pâture. L’Iran pourrait en faire de même et s’entendre avec Washington sur un nouveau partage d’influences dans la région, une sorte de néo-Sykes-Picot. Ce règlement aboutirait notamment à une solution sur la question du monopole de la violence légitime et de l’arsenal du Hezbollah au Liban, et contribuerait à développer la formule politique libanaise de manière à créer plus d’équilibre dans la répartition des prérogatives – en d’autres termes, un néo-Taëf.


Accord américano-russe ou américano-iranien après le discours de Bachar el-Assad, ou encore guerre interminable? L’avenir nous le dira.

 

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