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À La Une - Le point

Le nouvel Obama est arrivé

À l’époque où il représentait le Nebraska au Sénat, Chuck Jekyll ne s’était pas montré particulièrement tendre pour Israël et ses tentacules américaines.


« Le lobby juif, avait-il lancé un jour, intimide nombre de personnes au Capitol Hill. Je suis un sénateur américain et non pas israélien. » Mais en certaines occasions, il est arrivé à Hagel Hyde de se déclarer favorable à l’octroi de milliards de dollars à l’État hébreu et de voter en faveur d’un projet invitant la communauté internationale à éviter tout contact avec le Hamas tant que celui-ci n’aura pas reconnu la souveraineté israélienne.


En d’autres temps, Chuck Jekyll s’était opposé à des sanctions unilatérales contre l’Iran, les jugeant contre-productives. C’est ainsi qu’en 2001, il avait été l’un des deux membres de la Chambre haute à juger que punir la République islamique (et la Jamahiriya de Mouammar Kadhafi) équivalait à condamner toute possibilité de dialogue avec les mollahs. Mais aujourd’hui, Hagel pourrait – si sa nomination est approuvée – se retrouve au sein d’une administration dont le chef a décidé de durcir son attitude afin d’obliger Téhéran à renoncer à son programme nucléaire.


On pourrait aussi parler du passé antigay de Chuck Hagel (lorsqu’il s’était agi de la désignation d’un ambassadeur, jugé par lui « ouvertement et agressivement homo »), une attitude sur laquelle il était revenu. Et puis comment oublier qu’en octobre 2002, il avait applaudi à la décision de George W. Bush de partir en guerre contre l’Irak de Saddam Hussein avant de faire amende honorable, jugeant que l’Amérique avait renoncé à son objectif initial et surestimé sa capacité à changer la société irakienne ? Comment aussi perdre de vue le fait que ce vétéran de la guerre du Vietnam – deux « Purple Heart » et des éclats d’obus qu’il porte encore dans la poitrine – va présider aux destinées d’un Pentagone chargé d’achever le retrait des troupes US engagées en Afghanistan et d’opérer des coupes sombres dans un budget militaire qui a pratiquement doublé depuis le 11 septembre 2001 ?


Que l’on ne se méprenne pas : le futur secrétaire à la Défense ne suit pas une politique à géométrie variable ; il serait plutôt un homme pragmatique qui a très vite compris que « ce n’est pas la girouette qui tourne mais le vent qui change ». Il ne faut pas comprendre autrement son passage d’un camp à un autre, mais seulement après son retrait de l’arène politique, en 2008. Quelques mois plus tard, affichant publiquement ses nouvelles convictions, ce sénateur atypique (son taux d’approbation est plus élevé parmi les électeurs du Nebraska que chez leurs concitoyens républicains) avait accompagné le sénateur Barack Obama dans une tournée englobant Kaboul, Bagdad, Amman et le Koweït, puis s’était tourné vers l’enseignement. Actuellement, il est professeur à l’Edmund A. Walsh School of Foreign Service, un établissement qui relève de l’Université Georgetown, mais aussi président de l’Atlantic Council et coprésident de l’Intelligence Advisory Board.


Depuis l’annonce de sa nomination, les sénateurs républicains ne décolèrent pas. Lindsey Graham (Caroline du Sud) : « Il sera, dans l’histoire de notre nation, l’adversaire le plus acharné d’Israël. » Mitch McConnell (leader de la minorité républicaine) : « Il devrait faire face, le moment venu, à une batterie de questions difficiles. » John Cornyn (Texas) : « C’est le pire message adressé à Israël et à nos autres alliés au Proche-Orient. » Néanmoins, aucun des élus de la nation n’est allé jusqu’à se dire ouvertement opposé à cette nomination. Tel n’est pas le cas de l’American Jewish Committee dont les membres ont entrepris de bombarder congressmen et salles de rédaction de messages indignés, sinon proprement vengeurs.


Le chef de l’exécutif a, lui, défendu déjà son choix, dans une interview accordée à la chaîne de télévision NBC, qualifiant Hagel de « patriote qui a accompli un travail remarquable au Sénat puis à l’Intelligence Board ». Pour certains observateurs, il est probable que l’intéressé aura droit à un « examen de passage » difficile, une sorte de salve d’honneur qui donnera à tout ce joli monde l’occasion de s’en tirer à bon compte. Il paraît inconcevable, en effet, qu’un héros de guerre, qui fut de plus un collègue républicain bon teint douze années durant, soit écarté d’un poste militaire par excellence. Surtout que les décisions à appliquer sont généralement prises au niveau présidentiel après, bien entendu, consultation des départements concernés.


Le président s’est incliné de bonne grâce, face à ses adversaires, dans l’épisode Susan Rice. Il est douteux qu’il fasse machine arrière de nouveau dans le cas de Chuck Hagel. Surtout qu’il ne joue plus, cette fois, sa réélection. Numérotez vos abattis, Monsieur Netanyahu ?

 

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