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À La Une - Reportage

La vieille ville d'Alep est devenue un champ de ruines

Depuis que la guerre civile l'a rattrapée, l'ancienne plaque tournante économique de la Syrie n'est plus qu'un triste théâtre de guerre.

Scène de rue, le 27 décembre 2012, dans la vieille ville d'Alep, rattrapée par le conflit syrien. REUTERS/Muzaffar Salman 

Il y a quelques mois, la vieille ville d'Alep était à la fois un musée vivant et une cité bruissant d'activité avec ses souks aux épices et aux livres, ainsi que son savon célèbre dans le monde entier. Aujourd'hui, la vieille ville d'Alep est une zone de guerre et un champ de ruines.

 

Une mosquée du XIIIe siècle désormais porte close, un minaret branlant, des tireurs embusqués juchés sur les murs d'enceinte de la vieille ville, là où se dressaient, il y a des centaines d'années, les guerriers de la Grèce antique, de l'Empire romain, byzantin, arabe et turc...

 

Depuis que la guerre civile a touché de plein fouet Alep il y a six mois, l'ancienne plaque tournante économique de la Syrie n'est plus qu'un triste théâtre de guerre. Et même si les rebelles hostiles au régime de Bachar el-Assad se sont emparés d'une grande partie de la ville, certaines zones restent livrées aux combats.

 

La vieille ville, avec ses fortifications monumentales construites sous le règne de Saladin, au XIIe siècle, après la victoire de ce dernier sur les Croisés, est classée depuis 1986 au patrimoine mondial de l'Unesco. Mais aujourd'hui, des feuilles de tôle ondulée grêlées d'impacts de balles couvrent des habitations aux volets clos, ainsi que les étals des marchés, brûlés ou démolis.

 

"La vieille ville d'Alep était à l'origine de ce monde", confie Haj Amer, qui possède une rotative dans le vieux marché. "Ce qui nous bouleverse le plus, c'est la destruction des mosquées. C'est ici que j'ai mes racines, ma vie, depuis 1975, ajoute-t-il. J'y resterai toujours".

 

Les experts de l'Unesco ont dressé une liste de toutes les merveilles que recèle vieille ville : "Sa citadelle du XIIIe siècle, sa grande mosquée du XIIe siècle et plusieurs 'medersa' (écoles coraniques), palais, caravansérails et hammams du XVIIe siècle donnent au tissu urbain d'Alep un caractère harmonieux et unique", écrivent-ils.

"La salle du trône du palais royal, qui date des Mamelouks (XVe et XVIe siècles) a été restaurée avec goût : artistes et artisans syriens ont su recréer le cadre de vie luxueux de la cour -le plafond avec ses poutres et caissons décorés, l'éclairage, les fenêtres, les colonnes polychromes- tout cela est un hommage à leur talent. Il y a près de 200 minarets, certains plus ramassés, tels des tours de défense, d'autres plus élancés, telles des aiguilles", notent-ils encore.

 

Trou béant

En se promenant dans les rues de la vieille ville, les Alépins montrent les dégâts causés et expriment leur grande tristesse.

 

Le dôme de la mosquée Ottomane, construit en 1728, est désormais percé par un trou béant, le sol en béton porte les traces d'un bombardement, et le verre qui décorait les voûtes élevées de l'entrée a volé en éclats.

 

"Il n'y avait pas de combattants dans cette mosquée, raconte Abou Mohammed, 70 ans, qui venait souvent y prier. Il y a deux semaines, nous étions en train de sortir après la prière de l'après-midi lorsqu'un obus a explosé dans notre cour".

 

Plus loin, une odeur de puanteur s'échappe de bains abandonnés, construits sous l'ère ottomane et très fréquentés avant la guerre. Un obus a explosé dans l'atrium et des éclats de verre coloré jonchent le sol, près de la fontaine.

 

Des Alépins ont commencé à retourner dans les ruines de la vieille ville. "Nous sommes revenus parce que nous n'avions nulle part où aller, témoigne Riham, 12 ans, qui accompagne sa grand-mère au dispensaire. Nous ne reconnaissons même plus les rues".

 

Dans le souk, le plus ancien du Moyen-Orient, quelques échoppes ont rouvert. Les commerçants vendent des confiseries ou des sodas tandis que des hommes sirotent du thé devant des ateliers.

"Bachar el-Assad a détruit les mosquées et les vieux souks qui comptent parmi les plus anciens du monde", dit Abou Othman, un combattant de la brigade Tawhid de l'Armée syrienne libre (ASL, rebelle). Cela fait deux mois que nous n'avons plus ni eau ni électricité. C'est comme si cet homme avait fait des souks et des mosquées, et même des commerçants, ses ennemis".

 

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Il y a quelques mois, la vieille ville d'Alep était à la fois un musée vivant et une cité bruissant d'activité avec ses souks aux épices et aux livres, ainsi que son savon célèbre dans le monde entier. Aujourd'hui, la vieille ville d'Alep est une zone de guerre et un champ de ruines.
 
Une mosquée du XIIIe siècle désormais porte close, un minaret branlant, des tireurs embusqués...

commentaires (2)

Détruisez ! Ruinez tout ! Les marchandages entre Russes, Chinois, turcs et Occidentaux, tous les loups affamés, battent leur plein pour la reconstruction. On dira qu'Assad, comme Ghaddafi, Ben Ali et Moubarak, a des centaines de milliards qui seraient débloqués. Une fois les contracts obtenus, les dettes du peuple syrien grimperont aux cimes, car les milliards... oh la bêtise des peuples... ( ! )...

SAKR LEBNAN

10 h 00, le 02 janvier 2013

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Commentaires (2)

  • Détruisez ! Ruinez tout ! Les marchandages entre Russes, Chinois, turcs et Occidentaux, tous les loups affamés, battent leur plein pour la reconstruction. On dira qu'Assad, comme Ghaddafi, Ben Ali et Moubarak, a des centaines de milliards qui seraient débloqués. Une fois les contracts obtenus, les dettes du peuple syrien grimperont aux cimes, car les milliards... oh la bêtise des peuples... ( ! )...

    SAKR LEBNAN

    10 h 00, le 02 janvier 2013

  • Là encore,ce sont des demi-vérités....quand l'ASL décide d'attaquer Alep,l'attaque est venue de l'extérieur de la ville et pas d'un soulèvement local...tout le monde le sait...çà ne justifie pas les destructions aveugles,bien sûr...mais bon,la "bataille " d'Alep,métroppole économique de la Syrie,était elle nécessaire?En définitive,elle touche beaucoup plus le peuple syrien qu'elle n'affaiblit le régime,non?

    GEDEON Christian

    05 h 38, le 02 janvier 2013

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