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À La Une - Éclairage

À quelques mois des élections, chacun joue son va-tout

À partir du 1er janvier 2013, le Liban tout entier entre en campagne électorale. Désormais, toutes les prises de position, toutes les initiatives et toutes les déclarations seront conditionnées par les législatives de juin prochain. Chacun des deux camps estime que ces élections seront cruciales, car elles interviendront à un moment particulièrement délicat pour la région et pour le Liban.

 

Dans ce nouveau Moyen-Orient qui se dessine, le Liban lui aussi risque de connaître des modifications, en tout cas c’est ce que le 14 et le 8 Mars espèrent, chacun selon ses propres désirs. Mais à ces deux camps, il faut désormais ajouter un troisième, celui des centristes, Nagib Mikati et Walid Joumblatt en tête. Ce dernier souhaite continuer à faire et à défaire la majorité parlementaire et donc à avoir son mot à dire au sein du pouvoir en place.

Le 14 Mars
Le 14 Mars a déjà défini ses trois « non » : pas de report des élections, pas de changement de la loi actuelle et pas de prolongation du mandat du Parlement. En même temps, il affirme qu’il devrait remporter les élections avec plus de 65 sièges sans avoir recours au chef druze Walid Joumblatt. Ce camp ne cache pas sa volonté de reprendre le pouvoir au Liban par le biais des élections législatives de juin, d’abord en remportant une majorité confortable des sièges, qui lui permettra de choisir un président de la Chambre appartenant à ses rangs et ensuite en imposant la formation d’un gouvernement issu des élections qui, à son tour, favorisera l’élection en 2014 d’un président de la République qui lui sera proche.

 

Nombreux sont ceux qui, au sein de ce camp, considèrent avoir commis une grave faute en acceptant de maintenir Nabih Berry à la tête du Parlement en 2005 et en 2009, estimant que sous une apparence centriste, M. Berry reste carrément dans le camp du 8 Mars.

 

Pourtant, cette opinion ne fait pas l’unanimité au sein de l’opposition où certains pensent au contraire que Nabih Berry pourrait éventuellement prendre ses distances avec le Hezbollah et qu’il faudrait donc miser sur lui pour lui permettre de s’éloigner du 8 Mars. C’est dans cet esprit, précisent des sources du 14 Mars, que les députés du groupe ont accepté récemment de mettre de l’eau dans leur vin et de recommencer à assister aux réunions de la commission réduite formée par le chef du législatif chargée d’étudier la prochaine loi électorale, laquelle, une fois un accord conclu, sera soumise aux autres députés.

D’une part, il s’agit de se montrer coopératif, car la position de refus de tout dialogue et de toute participation aux réunions parlementaires est devenue difficile à tenir et, d’autre part, il s’agit de faire en quelque sorte un petit cadeau au président de la Chambre pour consolider sa position et montrer que ses efforts pour renouer le dialogue parlementaire ne sont pas vains.

 

Mais, toujours selon les sources qui lui sont proches, le 14 Mars ne se fait pas beaucoup d’illusions sur l’issue des réunions parlementaires, estimant que dans les circonstances actuelles, il est difficile d’aboutir à un accord et qu’en définitive, le gouvernement se verra contraint d’organiser les élections sur la base de la loi actuelle. D’autant que la communauté internationale rejette toute idée de report des élections et que le début du procès par contumace des assassins présumés du Premier ministre Rafic Hariri aura commencé et pèsera de tout son poids sur l’atmosphère générale dans le pays, en remuant les sentiments de colère et de condamnation de la partie qui couvre les coupables présumés. Sans parler des développements en Syrie qui devraient aller dans le sens de l’affaiblissement du régime, si ce n’est de sa chute, renforçant encore la position du 14 Mars.

L’équation
Face à cette approche, la conception du 8 Mars est tout à fait différente. Elle se résume à l’équation suivante : non au déroulement des élections sur la base de la loi actuelle, quitte à devoir aboutir à un report du scrutin. Il n’est pas question pour ce camp de se laisser impressionner par les exigences de la communauté internationale comme ce fut le cas au printemps 2005, lorsque le fameux accord quadripartite a été conclu à la hâte entre le PSP, le courant du Futur, Amal et le Hezbollah pour pouvoir organiser les législatives à la date prévue en croyant assurer un filet de sécurité au Liban, alors qu’il s’agissait en fait de donner la majorité parlementaire au 14 Mars pour lui permettre de s’emparer du pouvoir. Le 8 Mars affirme avoir tiré cette leçon et réitère son entière confiance dans le président de la Chambre qui cherche à dénouer les blocages dans l’intérêt de tous, mais sans faire des concessions sur le fond.

 

Ce camp affirme aussi que ni les développements en Syrie ni le début du procès devant le TSL n’auront un impact concluant sur le cours des événements au Liban, d’autant que, selon lui, en Syrie, la situation peut encore durer un an ou deux alors que le procès est entaché de nombreuses irrégularités. Il alterne donc les ouvertures et les déclarations optimistes qui annoncent, par exemple, qu’il est encore possible de parvenir à un compromis sur une nouvelle loi électorale, avec les positions fermes sur son refus d’être mis devant le fait accompli. Le 8 Mars laisse ainsi entendre qu’avec Walid Joumblatt, il continue à avoir une majorité parlementaire et s’il est coincé, il peut l’utiliser, en ayant d’abord pris soin de calmer les appréhensions du leader druze. Mais pour ce dernier aussi, l’échéance électorale est cruciale, car elle risque d’entraîner un changement politique au Liban, même si elle ne modifie pas vraiment les rapports de force sur le terrain.

Va-tout
Dans ce contexte, les premiers mois de l’année risquent d’être houleux, chaque camp jouant ses cartes à fond. Mais une grande partie de la population, elle, espère que la raison finira par l’emporter et que les deux parties respecteront la tradition libanaise selon laquelle les solutions reposent sur le principe « ni vainqueur ni vaincu ».

 

 

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