Le Premier ministre libanais Nagib Mikati a souligné vendredi la nécessité de "préserver l’unité" de la communauté sunnite, mettant en garde contre toute tentative de la diviser. S’exprimant à l’issue d’une rencontre avec plusieurs personnalités de Tripoli (nord), M. Mikati a affirmé que les élections du Conseil supérieur islamique – qui ont été reportées à deux reprises depuis le début de l’année – "doivent avoir lieu en temps prévu" et "conformément aux procédures légales".
En février, le mufti de la République, cheikh Mohammad Rachid Kabbani avait appelé les électeurs à Beyrouth et dans toutes les régions libanaises à élire de nouveaux membres au sein du Conseil supérieur islamique, le 22 avril. Une élection visant, selon lui, à moderniser Dar el -Fatwa, la plus haute instance religieuse sunnite.
Le mufti de la ville de Tripoli avait dénoncé la tenue des élections en avril qualifiant cette décision d’"illégale, puisque le mufti de la République ne s’est pas concerté avec ses collègues avant de l’annoncer".
Les relations entre le mufti de la République et le Courant du futur et particulièrement avec l'ancien Premier ministre Saad Hariri se sont détériorées suite à la rencontre de cheikh Kabbani avec une délégation du Hezbollah, l'an dernier. Cette rencontre avait eu lieu le jour même de la publication par le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) de l'acte d'accusation sur l'assassinat de Rafic Hariri, inculpant quatre membres du parti chiite.
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Concernant les récents incidents meurtriers à Tripoli, M. Mikati s’est dit soulagé de constater que le calme a été rétabli dans la grande ville du nord, affirmant que les "violences ne mènent nulle part".
Il a également démenti les propos qui lui ont été attribués prétendant que si l’armée ne s’était pas déployée à Tripoli pour contenir les récents débordements sécuritaires, la ville se serait transformée en émirat isolé. "J’ai utilisé le terme +émirat+ dans un contexte différent, a justifié M. Mikati. Je voulais dire que les habitants de Tripoli respectent la souveraineté de l’Etat et qu’ils n’accepteront jamais d’établir un émirat (islamique) isolé". "Notre discours doit toujours refléter une volonté de paix et non pas de guerre", a-t-il ajouté.
Un calme précaire règne depuis lundi dernier à Tripoli, à la faveur d’un déploiement massif de l’armée libanaise dans les quartiers de Bab el-Tebbaneh et Jabal Mohsen. Le Conseil national de sécurité a en effet décidé d’un déploiement parallèle et simultané de la troupe dans les deux quartiers historiquement rivaux après les heurts de la semaine précédente qui ont fait au total 19 morts et des dizaines de blessés.
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Sur la question du flux des réfugiés syriens et palestiniens au Liban, le Premier ministre a assuré que la fermeture des frontières avec la Syrie, comme le propose le CPL et le PSNS, serait inacceptable. "Impossible que je prenne une telle décision", a affirmé M. Mikati, tout en promettant de subvenir aux besoins humanitaires des réfugiés.
Selon des chiffres avancés par le ministère libanais des Affaires étrangères plus de 160.000 réfugiés syriens et palestiniens ayant fui les violences en Syrie se trouvent actuellement au Liban.
Le sujet des réfugiés a été discuté mardi au Conseil des ministres, les ministres Ali Kanso (PSNS) et Gebran Bassil (CPL) ayant proposé de fermer les frontières libano-syriennes pour arrêter l’hémorragie des déplacés au pays, estimant que "ce ne sont pas tous des réfugiés, et que parmi eux se trouvent des éléments incontrôlés qui pourraient affecter plus tard la stabilité du pays". Les ministres du Parti socialiste progressiste ont refusé la proposition, le ministre Ghazi Aridi jugeant "impossible" un tel projet, puisque "l’État est incapable de contrôler ses frontières et qu’une telle mesure pourrait augmenter le nombre de passages frontaliers non légitimes".
Jeudi, le ministre des Déplacés, Alaeddine Terro, a indiqué que "le Liban est dans l’incapacité de recevoir ce grand nombre de déplacés sans une aide arabe et internationale". Il a applaudi les efforts du Premier ministre, Nagib Mikati, ainsi que des institutions publiques, soulignant que "sans cette collaboration la situation se serait aggravée".
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De son côté, le ministre de la Défense Fayez Ghosn a souligné qu’"au regard de l’afflux de déplacés syriens et palestiniens trouvant refuge au Liban, le problème sera abordé sous ses deux volets, humanitaire et sécuritaire". M. Ghosn a insisté, dans ce contexte, sur l’importance des mesures prises par l’armée, affirmant que "le renforcement des capacités de l’armée est aujourd’hui prioritaire".
commentaires (7)
Mais qu'est-ce qu'on a à Foutre?, .... de ces "Frontières?" !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
14 h 27, le 22 décembre 2012