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À La Une - Histoire

Sexe, héritage, pouvoir et conspiration, ou comment Ramsès III a eu la gorge tranchée

Le mystère de la « conspiration du harem » levé.

Ramsès III a été assassiné. Gianni Dagli Orti / AFP

Ramsès III a eu la gorge tranchée : il aura fallu une bonne dose de rayons X et d’analyses ADN pour résoudre un crime vieux de 3 000 ans et lever le voile sur la « conspiration du harem », un des épisodes les plus sombres de l’Égypte antique. Cette conspiration ourdie par des membres du harem pharaonique est attestée par des documents d’époque, en particulier le Papyrus judiciaire conservé à Turin (Italie) qui relate une tentative de coup d’État de la reine Tiyi, l’une des épouses de Ramsès III.


Tiyi souhaite en effet asseoir sur le trône son fils, Pentaour. Mais l’héritier légitime de Ramsès III est le fils d’Isis, sa première épouse. La reine Tiyi espère notamment mettre à profit l’hostilité croissante du peuple à l’égard du pharaon, qui vit dans le luxe alors que les ouvriers ne sont plus payés et que la famine menace. Un mécontentement tel qu’il aboutit à la première grève connue dans l’histoire de l’humanité. Bien que cloîtrée dans son harem, Tiyi parvient à nouer des contacts à l’extérieur pour mettre au point son complot, qui implique des militaires et même un prêtre. Même si les détails exacts ne sont pas connus, l’objectif semble être tout simple : éliminer Ramsès III, probablement au cours d’une nuit de plaisir passée dans le harem.


D’après les documents officiels qui nous sont parvenus de l’Égypte antique, la tentative de coup est déjouée en 1156 avant J.-C., et une trentaine de coupables condamnés. Mais les textes restent flous sur le sort subi par Ramsès III, âgé alors d’environ 65 ans. Longtemps restée introuvable, sa momie avait finalement été découverte à la fin du XIXe siècle dans une cachette. Et aucun traumatisme n’avait été révélé lors d’une radiographie pratiquée dans les années 1960. Le pharaon a-t-il été assassiné par les sbires de Tiyi et de Pentaour, ou ont-ils seulement blessé le souverain qui expirera une ou deux semaines plus tard ?


Spécialiste des momies, l’Allemand Albert Zink, rendu célèbre pour avoir percé les secrets d’Ötzi, « l’homme des glaces » découvert en 1991 dans les Alpes à la frontière italo-autrichienne, s’est penché sur la dépouille de Ramsès III. Avec l’aide d’autres experts, dont Zahi Hawass, ancien responsable du Conseil suprême des antiquités égyptiennes, il a soumis la momie à une technique d’imagerie médicale en 3D très poussée, la tomographie assistée par ordinateur. Pour la première fois, l’autopsie numérique a révélé une blessure grave à la gorge, juste en dessous du larynx, jusque-là passée inaperçue. « La blessure fait environ 70 mm de large et s’étend jusqu’aux os (...) La trachée a été coupée net » à l’aide d’un couteau tranchant ou d’une lame similaire, précise l’étude, publiée mardi par le British Medical Journal. « L’étendue et la profondeur de la plaie indiquent qu’elle a provoqué la mort immédiate de Ramsès III », estiment les chercheurs.


Plus étonnant encore, la tomographie a identifié un corps étranger enfoncé dans la plaie : une amulette en pierre, « l’Œil d’Horus », auquel les Égyptiens prêtaient des pouvoirs de guérison. « La gorge tranchée et l’amulette prouvent clairement que le pharaon a bien été assassiné », déclare Albert Zink dans un communiqué. Les experts se sont également intéressés à une étrange momie retrouvée dans la même cachette que celle de Ramsès III.
La momie est celle d’un homme de 18 à 20 ans, enveloppé non pas dans des bandelettes mais des peaux de chèvre, une matière « rituellement impure ». Une punition qui aurait été infligée à Pentaour, fils rebelle contraint au suicide, pour lui interdire une vie après la mort, suprême humiliation dans l’Égypte antique. Selon l’analyse ADN pratiquée par l’équipe d’experts, cette momie est celle d’un fils de Ramsès III. Mais pour être sûr qu’il s’agit bien de Pentaour, il faudrait disposer de l’ADN de la reine Tiyi, dont la momie n’a jamais été retrouvée.

(Source : AFP)

Ramsès III a eu la gorge tranchée : il aura fallu une bonne dose de rayons X et d’analyses ADN pour résoudre un crime vieux de 3 000 ans et lever le voile sur la « conspiration du harem », un des épisodes les plus sombres de l’Égypte antique. Cette conspiration ourdie par des membres du harem pharaonique est attestée par des documents d’époque, en particulier le Papyrus...

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