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À La Une - Conflit

Syrie : la schyzophrénie de Moscou

Manifestations hebdomadaires en soutient à al-Nosra ; au moins 62 morts hier.

Deux rebelles syriens sur une moto dans la ville de Darkouch. Odd Anderson/

La Russie, l’un des derniers soutiens au régime de Bachar el-Assad, a affirmé hier qu’elle ne changerait « jamais » sa position sur la Syrie, au lendemain de propos surprenants d’un responsable russe jugeant possible une victoire de la rébellion dans la guerre. « Nous n’avons jamais changé et ne changerons jamais notre position », a ainsi martelé le porte-parole de la diplomatie russe, Alexandre Loukachevitch, dont le pays a opposé son veto au Conseil de sécurité de l’ONU contre toute résolution condamnant Damas, à qui la Russie vend des armes.
La veille, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, avait créé la surprise en affirmant ne « pas exclure » une victoire de l’opposition dans ce conflit qui a fait, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), plus de 43 000 morts en 21 mois. Cet aveu avait été commenté avec ironie par la diplomatie américaine, saluant « le réveil (face) à la réalité » de Moscou. M. Loukachevitch a d’ailleurs souligné que Moscou « n’avait jamais dormi ».
De quoi doucher les espoirs des Occidentaux qui avaient cru percevoir un infléchissement de cet allié de longue date, et l’un des derniers, du régime syrien. Pour Boris Dolgov, de l’Institut des études sur l’Orient de l’Académie des sciences, « dire que la Russie adoucit sa position est faux ». L’expert juge qu’en fait, c’est « l’Occident qui tente de faire changer la position de la Russie et de faire pression sur elle ». « Constater des faits ne peut être interprété comme un repli de la position russe », renchérit son collègue Alexandre Filonik, du même institut.

Hollande et Cameron
M. Loukachevitch a par ailleurs souligné hier que Moscou n’était engagé dans aucune négociation sur le sort du président syrien. « Nous ne menons aucune négociation ni avec nos collègues américains ni dans d’autres formats. La Russie recherche avec insistance et minutie un moyen de régler la situation en Syrie par la voie politique. »
Mais alors que l’opposition au régime reçoit un soutien de plus en plus important à l’étranger, Moscou pourrait être en train de manœuvrer pour assurer ses arrières, en cas de chute de Bachar el-Assad, suggère Iouri Korgouniouk, analyste politique du fonds Indem. « Les dirigeants du ministère des Affaires étrangères comprennent que s’ils adoptent une position rigide sur la Syrie, le même scénario qu’en Libye, où Moscou a perdu toute influence, peut se reproduire », a-t-il ainsi expliqué.
Parallèlement, le président français François Hollande a appelé à « faire partir Bachar el-Assad le plus rapidement possible , la guerre tournant maintenant à son désavantage », tandis que le Premier ministre britannique David Cameron a prévenu que « l’inaction et l’indifférence » n’étaient pas une option, s’engageant à tout faire pour « soutenir et aider » l’opposition. Avant eux, le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, avait estimé que le régime « se rapprochait de l’effondrement ».

« Le seul terroriste, c’est Assad »
Sur le terrain, la journée d’hier a connu ses désormais traditionnelles manifestations contre le régime. Cette semaine, les Syriens entendaient soutenir le Front al-Nosra, un groupe jihadiste que les États-Unis ont inscrit sur leur liste des organisations terroristes. Pour les manifestants, le seul « terroriste » en Syrie est Bachar el-Assad et non ce groupe présent sur la quasi-totalité des fronts en Syrie et qui a revendiqué de nombreux attentats parfois très meurtriers. « Merci à tous les “terroristes” en Syrie qui combattent Assad. Nous appartenons tous au Front al-Nosra », proclamait une pancarte dans la Ghouta orientale, une zone autour de Damas devenue un champ de bataille entre les rebelles et l’armée.
Dans le même temps, les violences qui font chaque jour des dizaines de morts ne connaissaient pas de répit. L’armée a bombardé les quartiers sud de Damas, tandis que des combats intenses entre soldats et rebelles pour le contrôle d’une école militaire près d’Alep ont fait 17 morts. Au total, au moins 62 personnes ont été tuées hier à travers le pays, selon un bilan d’activistes.
Par ailleurs, des rebelles musulmans sunnites ont incendié une mosquée chiite dans le nord du pays, peut-on voir sur une vidéo mise en ligne sur YouTube, illustrant la portée religieuse de la guerre civile qui déchire le pays. La séquence montre des dizaines de combattants habillés en tenues de camouflage et portant la barbe qui se félicitent et s’embrassent devant la mosquée chiite « Husseiniya » en feu. Ils brûlent également des drapeaux qu’ils disent être chiites.
(Sources : agences et rédaction)
La Russie, l’un des derniers soutiens au régime de Bachar el-Assad, a affirmé hier qu’elle ne changerait « jamais » sa position sur la Syrie, au lendemain de propos surprenants d’un responsable russe jugeant possible une victoire de la rébellion dans la guerre. « Nous n’avons jamais changé et ne changerons jamais notre position », a ainsi martelé le porte-parole de la...

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