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À La Une - Repère

La crise égyptienne en 7 questions

Une crise dans un pays instable deux ans après la chute de Moubarak

Un opposant égyptien manifestant devant le palais présidentiel, au Caire, le 5 décembre 2012. AFP/MAHMOUD KHALED

La crise qui secoue l'Egypte témoigne d'un pays où les différents acteurs du pouvoir et secteurs de la société peinent toujours à trouver leur équilibre, près de deux ans après la chute de Hosni Moubarak en février 2011.

Islamistes au pouvoir et opposants libéraux ou laïques, militaires, magistrats etc. sont impliqués dans des luttes de pouvoir ou d'influence complexes, dans lesquelles se joue l'avenir du pays le plus peuplé du monde arabe, avec 83 millions d'habitants.

Au coeur de la crise, un décret adopté par le président Morsi lui accordant des pouvoirs exceptionnels.

L'opposition égyptienne a prévu de nouvelles manifestations vendredi pour exiger du président qu'il retire ce décret, au lendemain d'un discours de ce dernier dans lequel il a refusé de faire machine arrière.

 

Retour sur la crise, en sept questions : 

 

 

Quels sont les pouvoirs du président Mohamed Morsi?

Quasiment illimités. M. Morsi dispose du pouvoir exécutif, mais aussi du législatif en raison de la dissolution de l'Assemblée en juin. Son décret du 22 novembre met ses décisions à l'abri de tout contrôle judiciaire. Mohamed Morsi souligne toutefois que ces pouvoirs exceptionnels cesseront avec l'adoption d'une nouvelle Constitution. Cette crise montre, pour certains que le président issu des Frères musulmans est allé trop loin dans sa volonté de verrouiller le pouvoir. "L'erreur de calcul de Morsi" est de penser que son élection "lui a donné ainsi qu'à son parti un mandat pour gouverner le pays sans beaucoup de considération pour ceux qui ne sont pas d'accord avec eux", estime le spécialiste de l'Egypte Steven Cook dans la revue américaine Foreign Affairs.

 

Quels sont les enjeux du référendum constitutionnel?

La prochaine Constitution doit permettre d'instaurer un mode de pouvoir mixte, mi présidentiel, mi parlementaire, conforme à une démocratie moderne, selon ses partisans. Ses adversaires dénoncent un texte faible sur la défense des droits -femmes, expression, religion etc.- laissant ouverte la porte à des dérives et à une monopolisation du pouvoir par M. Morsi et ses amis. Certains articles peuvent ouvrir la porte à une extension de la loi islamique, et ont provoqué un retrait des églises chrétiennes de la commission constituante. Le référendum se tient le 15 décembre.

 

L'opposition fait-elle le poids?

Très fragmentée, l'opposition libérale et de gauche égyptienne avait du mal à faire entendre sa voix depuis l'élection de M. Morsi. La crise lui donne une occasion de faire cause commune. Un trio émerge avec Mohammed ElBaradei, prix Nobel de la Paix et ancien chef de l'agence nucléaire de l'ONU, Amr Moussa, ancien chef de la Ligue arabe et Hamdeen Sabbahi, leader de la gauche nationaliste et ex-candidat à la présidence.

 

L'armée peut-elle intervenir?

A la tête du pays entre la chute de Hosni Moubarak en février 2011 et l'investiture de M. Morsi en juin, elle est aujourd'hui plus discrète. Le mise en retraite de son chef, le maréchal Hussein Tantaoui, le 12 août a marqué un recentrage du pouvoir au profit du président. Détentrice d'un immense patrimoine économique et de bénéficiant de nombreux avantages, il est toutefois improbable que l'armée, se désintéresse de cette crise si elle devait s'aggraver. Elle s'est manifestée jeudi en sommant les manifestants d'évacuer les abords de la présidence où elle a déployé des chars, tout en assurant qu'elle n'utiliserait pas la force contre les manifestants.

 

Les juges peuvent-ils tenir tête à Morsi?

La magistrature est largement ulcérée par la décision de Morsi de la priver de son rôle de contre-pouvoir, mais elle est divisée. Une partie des juges est en grève, mais il est difficile de connaître le suivi exact du mouvement. Une grande partie de la hiérarchie judiciaire a été nommée sous l'ancien régime, mais de nombreux "petits juges" avaient déjà par le passé donné du fil à retordre à Hosni Moubarak.

 

Les ex-partisans de Moubarak sont-ils à la manoeuvre?

On les entend peu dans la crise actuelle, mais il serait surprenant qu'ils ne se frottent pas les mains des difficultés de M. Morsi. Les partisans du président ne cessent de dénoncer les "foulouls" -"vestiges", le surnom péjoratif des anciens de l'ère Moubarak- pour les troubles actuels. Beaucoup estiment cependant qu'ils cherchent à discréditer l'opposition en l'assimilant à l'ancien régime.

 

Morsi a-t-il dilapidé son aura internationale?

Porté aux nues le mois dernier après sa négociation réussie pour faire un cessez-le-feu à Gaza entre le Hamas et Israël, il est aujourd'hui soumis à un feu roulant de déclarations inquiètes, américaines et européennes principalement, appelant à préserver la marche de l'Egypte vers la démocratie et à éviter la violence.

La crise qui secoue l'Egypte témoigne d'un pays où les différents acteurs du pouvoir et secteurs de la société peinent toujours à trouver leur équilibre, près de deux ans après la chute de Hosni Moubarak en février 2011.
Islamistes au pouvoir et opposants libéraux ou laïques, militaires, magistrats etc. sont impliqués dans des luttes de pouvoir ou d'influence complexes, dans...

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