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À La Une - Syrie

Aux abords de Damas, c'est la guerre

La Russie commencerait-elle à prendre ses distances avec le régime syrien?

Un bâtiment sévèrement endommagé derrière un bus calciné à Douma, dans la banlieue de Damas, où la guerre faisait rage ce jeudi. REUTERS/Moataz al-Qanawati

La guerre faisait rage jeudi aux abords de la capitale syrienne, défendue avec acharnement par l'armée.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins civils et militaire, l'artillerie a bombardé jeudi la banlieue de Damas, où des combats opposaient soldats et rebelles.
En début de soirée, une voiture piégée dans le quartier alaouite de Mazzé 86 à Damas a fait un mort et plusieurs blessés, a rapporté la télévision d'Etat.


Des renforts militaires ont été envoyés pour reconquérir Daraya, à l'ouest de la capitale: "Les troupes avancent petit à petit à Daraya mais l'Armée syrienne libre (ASL) se bat pied à pied pour les empêcher de progresser dans la ville", a expliqué un militant anti-régime de la ville contacté par l'AFP via Internet.
"Ils ont pu s'emparer de 30% de la localité et il y a de sérieuses inquiétudes sur ce qui arrivera s'ils réussissent à la prendre complètement", a ajouté ce militant se présentant sous le nom d'Abou Kinan.
L'agence officielle Sana a affirmé que l'armée poursuivait "les terroristes du Front al-Nosra, qui appartient à el-Qaëda, à Daraya" et que la ville serait "bientôt totalement nettoyée des terroristes", terme par lequel les autorités désignent les rebelles.

A al-Safira, près d'Alep (nord), le Front islamiste al-Nosra s'est emparé d'une centrale électrique, selon l'OSDH. La télévision officielle a pour sa part annoncé que les rebelles avaient fait sauter une station de gaz alimentant la centrale, entraînant une coupure de courant à Alep.


Selon un bilan provisoire de l'OSDH, les violences ont fait jeudi au moins 42 morts, dont une vingtaine à Damas et dans sa périphérie. Depuis plus de 20 mois, 42.000 personnes, en majorité des civils, ont perdu la vie.

 

 

Des rebelles syriens, après un bobmardement aérien contre le quartier de Akraba, à Damas.REUTERS/Thair Al-Damashqi/Shaam News Network/Handout  

 

 

Moscou change de ton

Dans ce qui pourrait être un tournant sur le plan diplomatique, la Russie semblait avoir commencé, jeudi, à prendre ses distances avec le président Bachar el-Assad, un député proche de Vladimir Poutine estimant que le gouvernement syrien était incapable d'assumer correctement ses responsabilités.

 

"Nous avons partagé et partageons effectivement l'avis que le gouvernement actuel en Syrie doit assumer ses fonctions. Mais le temps a montré que cette tâche est au-dessus de ses forces", a déclaré Vladimir Vasiliev, président à la Douma du groupe parlementaire du parti du président russe, Russie unie.

Vladimir Vasiliev, cité par l'agence Interfax, a souligné à une délégation parlementaire britannique que la Russie faisait tout son possible pour résoudre le conflit syrien mais que son influence sur les dirigeants syriens était limitée. 

 

Les déclarations de Vassiliev interviennent alors que la chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton a rencontré à Dublin son homologue russe Sergueï Lavrov et l'émissaire international pour la Syrie Lakhdar Brahimi, sans qu'"aucune décision sensationnelle", selon ce dernier, n'ait été prise sur la Syrie.

 

 

"Quiconque utilisera des armes chimiques devra être traduit en justice"

Parallèlement, la question des armes chimiques syriennes était toujours au centre des préoccupations internationales jeudi.

"Quiconque utilisera des armes chimiques devra être traduit en justice", a déclaré le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, en réponse à la question d'un journaliste lors d'une conférence de presse à Bagdad, avec le Premier ministre irakien Nouri el-Maliki.

 

 

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon.

AFP/YASSER AL-ZAYYAT

 

La communauté internationale s'inquiète de plus en plus de l'évolution du conflit syrien et redoute notamment l'utilisation par le régime du président Bachar el-Assad d'armes chimiques contre la rébellion. Un responsable américain a affirmé lundi que Damas mélangeait les composants nécessaires à la militarisation du gaz sarin, un neurotoxique mortel.

 

Et jeudi, la chaîne américaine NBC, citant "des responsables américains" s'exprimant sous couvert d'anonymat, a rapporté que l'armée syrienne a chargé avec du gaz sarin des bombes destinées à être larguées par avion. A ce stade, les "bidons" chargés des précurseurs de ce neurotoxique mortel n'ont pas été fixés sous les ailes des appareils et le président syrien n'a pas donné l'ordre d'y recourir, a ajouté NBC.

 

Les Etats-Unis sont "très inquiets" que le régime syrien ne recoure à l'emploi d'armes chimiques à mesure de l'avancée des rebelles, a déclaré jeudi en soirée le secrétaire à la Défense Leon Panetta, reprenant la mise en garde du président Barack Obama à l'endroit de son homologue syrien. Berlin, Paris, Londres et l'Otan ont lancé des avertissement similaires.

  

(Repère : La panoplie d’agents chimiques de Damas "est assez robuste")

 

Selon les informations publiées par l'hebdomadaire français Le Point le 4 décembre, les forces spéciales de l’armée française sont prêtes à intervenir pour des opérations ciblées en Syrie, afin de mettre la main sur le stock d'armes chimiques du régime de Damas. 

 

Lors d'une interview jeudi avec la chaîne de télévision libanaise al-Manar, le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Moqdad, a estimé que les informations citant des responsables du renseignement américains et européens sur un possible recours aux armes chimiques par l'armée syrienne étaient "était une mise en scène". Il a ajouté craindre que les puissances occidentales ne tentent de justifier une intervention terrestre en Syrie en avançant l'argument d'une possible utilisation de ces armes. 

"La Syrie insiste de nouveau, pour la dixième, la centième fois: si nous détenions de telles armes, nous ne les utiliserions pas contre notre peuple. Nous ne nous suiciderions pas", a défendu Makdad.

"Dans le cas où (les puissances occidentales) envisageraient effectivement une intervention, elles devraient prendre en considération les conséquences. Je pense que le coût sera élevé (...) Elles doivent comprendre qu'elle mettent la totalité de la région et ses environs en danger si elles tentent de commettre une telle folie", a-t-il ensuite averti.

 

 

Diplomates évacués

Face à la poursuite de l'escalade, la Hongrie a fermé son ambassade à Damas et évacué ses diplomates.

Dans le nord de la Syrie, le consul honoraire du Maroc à Alep, Mohamed Alaeddine Kiyali, a été tué mardi soir par des "hommes armés" alors qu'il sortait d'un hôtel en compagnie de certains de ses amis, a annoncé l'agence marocaine MAP, précisant que l'attaque avait fait un deuxième mort.

  

Concernant l'arsenal syrien, la Turquie, où l'Otan va déployer prochainement des Patriot, a affirmé que Damas disposait d'environ 700 missiles sol-sol de différentes portées, assurant en connaître précisément les emplacements.

Le gouvernement allemand a, par ailleurs, approuvé jeudi l'envoi de deux batteries de missiles Patriot en Turquie et prévoit de déployer jusqu'à 400 soldats de la Bundeswehr pour protéger ce pays d'éventuelles menaces syriennes.

 

Au Liban, très divisé sur le conflit qui déchire l'ancienne puissance tutélaire, onze personnes ont péri depuis mardi à Tripoli (nord) lors d'accrochages entre habitants alaouites, partisans de M. Assad, et sunnites hostiles à son régime, selon une source de la sécurité.

Ces violences ont éclaté après que l'armée syrienne a tué vendredi sur son sol 22 jeunes sunnites venus du Liban combattre aux côtés des rebelles. Damas a accepté de rapatrier leurs corps.

 

 

L'opposition tente de resserrer les rangs 

Par ailleurs, des représentants de plusieurs groupes de l'opposition syrienne se sont réunis mercredi en Turquie dans l'espoir de resserrer les rangs et asseoir leur crédibilité afin d'obtenir une aide accrue des pays étrangers dans la lutte contre Assad. Le but de cette rencontre secrète, sur fond de rivalités et de divisions, est de remanier les instances dirigeantes de l'opposition au régime de Damas, a-t-on précisé de source proche des discussions.

L'absence à cette réunion en Turquie de représentants de l'influent mouvement islamiste radical Front al-Nosra risque cependant d'hypothéquer ses résultats.

 

(Lire aussi : Mieux armés et plus disciplinés, les jihadistes montent en puissance à Alep)

 

De son côté, le Royaume-Uni a annoncé jeudi qu'il ferait pression la semaine prochaine sur ses partenaires européens pour modifier l'embargo sur les armes imposé par l'UE à la Syrie, afin de permettre de livrer des armes aux rebelles qui combattent le régime.

 

Enfin, les militants hostiles au régime ont appelé à placer les traditionnels défilés du vendredi sous le slogan "Non aux forces de maintien de la paix en Syrie", sur leur page Facebook "Syrian Revolution 2011".

 

 

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commentaires (5)

Les marchandages battent plein ! L'ours blanc s'est tellement sali !

SAKR LEBNAN

09 h 04, le 06 décembre 2012

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Commentaires (5)

  • Les marchandages battent plein ! L'ours blanc s'est tellement sali !

    SAKR LEBNAN

    09 h 04, le 06 décembre 2012

  • WMDA...WMDA...lalalalala...lalalala....WMDA...WMDA....çà marche encore et toujours....vous vous rappelez des méchants irakiens qui empalaient les bébés dans leur couveuse?Des terribles armes de "destruction massive " de Saddam Hussein? Là,c'est le GAZ...qui parle aux mémoires collectives des Occidentaux....intervention pour bientôt...

    GEDEON Christian

    07 h 48, le 06 décembre 2012

  • 500 fois plus toxique que le cyanure. le gaz sarasin passe facilement la barrière des poumons et est absorbé par la peau d'où il passe directement dans le sang. Quand il ne tue pas, il laisse de graves séquelles neurologiques. Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    05 h 52, le 06 décembre 2012

  • Michel Aflak "reSSourcé" au Mein Kampf ? C'est maintenant Prouvé !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    02 h 46, le 06 décembre 2012

  • Un des régimes les plus nazis et les plus criminels de l'histoires de l'humanité, ce régime maudit de Damas !

    Halim Abou Chacra

    01 h 38, le 06 décembre 2012

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