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À La Une - Sécurité

Liban : Tripoli vit « ses jours les plus sombres »

Le bilan des victimes des nouveaux affrontements à Tripoli s’élève déjà à 7 morts et 57 blessés.

L'armée libanaise a été déployée à Tripoli, au Liban-Nord.

Sept personnes ont péri depuis mardi dans la ville de Tripoli suite au renouvellement des accrochages liés à la révolte en Syrie, entre habitants alaouites de Baal Mohsen et sunnites de Bab el-Tebbaneh. Rappelons que ces violences ont éclaté après la tuerie de Tell Kalakh en Syrie, où une dizaine de jeunes combattants sunnites libanais venus prêter main forte aux rebelles ont été tués dans une embuscade tendue par les forces armées du régime.
La journée d’hier a fait quatre victimes à Tripoli, abattues par des tireurs embusqués. Les combats avaient pourtant cessé le matin, mais des tireurs embusqués étaient toujours positionnés, a rapporté un correspondant de l’AFP, les tirs s’intensifiant en milieu de journée, avant un retour progressif au calme en fin d’après-midi.


« À Bab el-Tebbaneh, Zacharia Othman, Mehdi al-Beik et Khodr Hanoub ont été tués aujourd’hui (hier) et Khaled Salem, 27 ans, a péri dans la nuit », a déclaré une source de la sécurité, ajoutant qu’un quatrième homme, Ali Habbabeh, a également été tué à Jabal Mohsen. Mardi, un habitant du même quartier alaouite, Mohammad Ibrahim, 65 ans, avait été tué par balles, de même que Abderrahmane Nasouh, résident de Bab el-Tebbaneh, a rappelé la source.
Les affrontements sporadiques ont également fait 57 blessés, dont deux soldats libanais parmi les effectifs de l’armée déployés dans la zone. Parmi les blessés, le directeur de l’Hôpital islamique caritatif de Tripoli a transmis les noms de Omar Ali Dik (né en 1997) ; Rabih Hassan Zoïbi (1981) ; Othman Mohammad Bajoury (1996) ; Ahmad Charhouly (1982) et son fils Oussama, un enfant de sept ans, aux blessures moyennement graves ; Yehya Mohammad as-Saghir (1986) ; Khaled Ahmad Amoury (1987) ; Rabih Sayed al-Masri (1975); Nidal Kassab (1998) ; Tamer Kassab (1979). L’Hôpital islamique a admis 23 blessés en deux jours.

 

(Lire aussi : « L’implication du Hezbollah dans les combats en Syrie, un danger pour le Liban », estime le 14 Mars)


Un calme précaire a été observé hier, dès la fin de l’après-midi, l’intensité des combats ayant visiblement diminué sur tous les fronts, au fur et à mesure que s’élargissait le déploiement de la troupe et que des patrouilles de l’armée couvraient les différents axes de la ville, menaçant de riposter à toute source de tirs. Dans un communiqué, l’institution militaire a fait état du « renforcement des mesures sécuritaires dans les deux zones de Bab el-Tebbaneh et de Baal Mohsen, ainsi que dans les quartiers où sévissent les francs-tireurs ». « Les mesures de l’armée concernent les patrouilles régulières, l’établissement de postes de contrôle ainsi que de larges opérations de perquisitions dans les zones où se trouvent des éléments armés », a ajouté le communiqué. Ces mesures auraient permis « d’arrêter cinq personnes suspectées d’être des tireurs, après avoir saisi une quantité non négligeable d’armes de guerre et de munitions en leur possession », toujours selon le communiqué. Notons toutefois que ce communiqué ne mentionne pas l’incident survenu en milieu d’après-midi, peu avant le renforcement du déploiement de l’armée, lorsqu’un soldat a été blessé par balles alors qu’il se trouvait dans la rue de la Syrie (ligne de démarcation entre les deux quartiers).
Par ailleurs, l’autoroute reliant Tripoli à la frontière syrienne, coupée mardi à cause des combats, a été rouverte hier.

« Complots et trahisons... »
Parallèlement aux développements sur le terrain, la scène politique a été marquée par les mêmes déclarations et initiatives politiques qui accompagnent depuis un an les renouvellements des violences dans la capitale du Liban-Nord. D’abord la réunion d’urgence au domicile du député Mohammad Kabbara. Ce dernier a appelé, au nom des personnalités présentes, à « un cessez-le-feu rapide et immédiat, et au retrait des éléments armés ». Parmi ces personnalités, le ministre d’État Ahmad Karamé représentant le Premier ministre Nagib Mikati ; Ahmad Safadi représentant le ministre des Finances Mohammad Safadi ; les députés Samir Jisr, Mouin Meraabi, Khaled Daher ; le directeur des renseignements de l’armée dans le Nord le général Amer Hassan ; des cheikhs et des ulémas ; certains des combattants qui dirigent certains points-clés du combat.


Un appel a également été adressé aux forces de sécurité dans le compte-rendu de la réunion, « afin qu’elles accomplissent entièrement leur devoir de protéger les citoyens », d’autant que « ce qui se passe à Tripoli a pour seule visée d’affaiblir la ville en sapant sa sécurité ».

 

(Lire aussi : « Dissociation » libanaise, désintégration syrienne, l'éclairage de Philippe ABI AKL)


Une autre démarche visant à contenir la situation : les rencontres entre figures politiques du Nord qui se sont multipliées. Ainsi, le mufti de la République cheikh Mohammad Rachid Kabbani a reçu le ministre de la Jeunesse et des Sports Fayçal Karamé qui a déclaré, à l’issue de la réunion, que « Tripoli paie le prix d’un combat sans horizon. Toutes les incitations à la discorde sur la scène libanaise devaient exploser quelque part malheureusement, et c’est Tripoli qui en a payé le prix ». « Même nos fils tués en Syrie (Tell Kalakh) ont été leurrés par les discours mobilisateurs », a déploré le jeune ministre tripolitain. Ce dernier a contacté en outre le commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, afin de saluer « le rôle de l’institution militaire dans ses efforts de réduire la discorde et maintenir la stabilité dans la capitale du Nord ». Le bloc du Futur dans la ville l’a d’ailleurs bien souligné lorsqu’il a affirmé hier que « le complot visant à amener les parties à s’entre-tuer à Tripoli existe depuis un certain temps, dans le but de détourner l’attention de la crise en Syrie ».


Exprimé par le député du bloc du Futur Khaled Zahraman, cet appel a été repris par nombre d’organisations non gouvernementales, qui ont exprimé hier leur « refus du chaos ambiant, des tirs et des armes qui récoltent des morts dans le jeu de la négligence gouvernementale et du laxisme dans la résolution efficace des problèmes sans cesse renouvelés entre Bab el-Tebbaneh et Baal Mohsen ». Le militant Chadi Nachabé a appelé l’armée « à réprimer d’un bras de fer tous ceux qui portent des armes, à l’heure où Tripoli vit ses jours les plus sombres ». Les ulémas de Tripoli ont mis en garde dans un communiqué contre « le vent de la discorde qui souffle sur le Nord », en référence également « à nos jeunes qui ont été trahis et tués en Syrie »...

 

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