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À La Une - Révolte

Syrie : le porte-parole des Affaires étrangères "poussé à la démission"

L'ONU suspend ses opérations ; Assad peut tomber à n'importe quel moment, selon le chef de la Ligue arabe.

Jihad Makdissi aurait fait défection selon plusieurs sources médiatiques. Photo d'archives AFP

Le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Jihad Makdissi, a fait défection et a quitté la Syrie, a-t-on appris lundi de source diplomatique.

"Il a été poussé à la démission par l'entourage du président, mais pas par le président lui-même, et il est parti avec sa famille lundi par l'aéroport de Beyrouth vers Londres", affirme de son côté le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane. "Ces gens étaient jaloux de sa notoriété car il passait souvent sur les télévisions étrangères".

 

Peu auparavant, la chaîne de télévision libanaise al-Manar avait rapporté que le porte-parole avait été limogé pour avoir fait des déclarations qui ne reflétaient pas les positions officielles du gouvernement syrien.

M. Makdissi s'exprimait souvent lors de conférences de presse à Damas mais il était rarement apparu dans les médias ces dernières semaines.

 

Les médias officiels syriens n'ont pour le moment pas fait état d'informations le concernant.

 

Chrétien de Damas, M. Makdissi avait fait sa thèse sur les médias à Londres tout en travaillant à l'ambassade. Il avait été appelé à Damas au début de la contestation pour devenir le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

 

Ces derniers temps, il était contesté par les responsables des médias à la présidence et par des membres du cabinet du ministère. Il avait confié à ses amis ces dernières semaines son exaspération mais gardait toujours son affection pour le président Bachar el-Assad.

 

S'exprimant parfaitement en arabe, anglais et français, père de deux enfants, sa famille résidait à Beyrouth, et il venait la voir le week-end, selon ses amis.

 

De la fumée noire émanant de l'avenue de Boustane al-Bacha, dans le nord-est d'Alep.

Javier Manzano/AFP

 

L’opposition progresse

 

Parallèlement, le chef de la Ligue arabe a estimé lundi que le régime syrien pouvait tomber "à n'importe quel moment" face une opposition qui progresse, et a appelé la communauté internationale à ne plus se contenter de prôner un "processus" sans paix réelle dans le conflit israélo-palestinien.

 

"Aujourd'hui il y a des combats dans Damas", et après vingt mois de violences dans ce pays "je pense qu'il va se passer quelque chose bientôt", a déclaré Nabil al-Arabi dans un entretien à l’AFP.

 

Interrogé sur une contagion du conflit syrien à des pays voisins, il a estimé que "la possibilité est là, on ne peut pas l'exclure".

 

M. Arabi a également déploré que le soutien de la Russie à Damas empêche l'ONU d'avancer sur ce dossier, mais a estimé que la Chine, qui soutient elle aussi le régime syrien au Conseil de sécurité, pourrait évoluer. "Les déclarations que font les Chinois (...) montrent qu'ils sont plus souples", a-t-il déclaré.

 

Interrogé sur le rôle de l'Iran, considéré comme le plus ferme soutien de Bachar el-Assad dans la communauté internationale, il a estimé que Téhéran n'était en réalité "pas si influent que cela".

 

(Lire aussi : Armes chimiques : Clinton met en garde, Damas rassure)

 

 

Les Patriot en Turquie vont irriter la Syrie

 

En visite à Istanbul, le président russe Vladimir Poutine a affirmé lundi soir que la volonté de la Turquie de déployer des missiles sol-air Patriot de l'Otan à sa frontière va "exacerber" les tensions en Syrie.

"Mettre en place des capacités supplémentaires sur la frontière n'apaise pas la situation mais au contraire l'exacerbe", a dit M. Poutine au cours d'une conférence de presse commune avec le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan à l'issue d'une brève visite de travail en Turquie.

M. Poutine a eu recours à une maxime de la sagesse populaire russe pour expliquer l'opposition de son pays au déploiement de ce système : "on dit que si un fusil est accroché à votre mur au début d'un jeu, alors à la fin il sera sûrement utilisé pour tirer".

Le dirigeant russe a conseillé "la retenue" à la Turquie, en concédant toutefois "comprendre" ses préoccupations en matière de sécurité.

 

"Je l'ai dit plusieurs fois, nous ne sommes pas les avocats du régime syrien. D'autres choses nous préoccupent, par exemple ce qui va se passer à l'avenir" dans ce pays, a-t-il ajouté.

 

Redoutant un débordement du conflit syrien, Ankara a réclamé à ses partenaires de l'Otan le déploiement de missiles sol-air Patriot après la chute de plusieurs obus syriens sur son territoire au cours des dernières semaines. L'un d'entre eux a tué cinq civils dans le village frontalier d'Akçakale le 3 octobre.

 

Poutine et Erdogan lors d'une conférence de presse à Istanbul. Bulent Kilic/AFP

 

L'ONU suspend ses opérations en Syrie

 

Sur le terrain, l'armée syrienne a lancé l'assaut sur le nord-est d'Alep aux mains des rebelles, progressant pour la première fois dans un quartier tenu par les jihadistes, ont rapporté lundi à l'AFP une source militaire et des habitants de la métropole du nord.

 

"L'armée a quasiment pris le contrôle de la principale avenue de Boustane al-Bacha (nord-est) et les combats se concentrent désormais dans les rues où des combattants (jihadistes) du Front Al-Nosra et d'Ahrar al-Cham sont retranchés dans les maisons et les magasins", a affirmé une source militaire.

 

A Alep, en proie depuis plus de quatre mois à une guerre urbaine, les forces de l'armée sont désormais suppléées par les "Kataëb al-Baas", les bataillons du parti au pouvoir en Syrie qui se sont organisés début novembre et patrouillent désormais en uniformes.

 

Face à la recrudescence de la violence, l'ONU "va suspendre ses missions dans le pays jusqu'à nouvel ordre" et retirer son "personnel non essentiel" de Syrie, a déclaré le porte-parole de l'ONU, Martin Nesirky.

IRIN, une agence de presse de l'ONU, a auparavant annoncé le départ dès cette semaine de 25 personnes sur une centaine que compte ce personnel international.

Selon l'agence, qui dépend du Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA), l'ONU a aussi décidé de suspendre tous les déplacements en dehors de Damas et de retirer certaines de ses agences de la ville d'Alep.

"La situation de sécurité est devenue extrêmement difficile, y compris à Damas", a déclaré Radhouane Nouicer, coordinateur de l'aide humanitaire en Syrie, cité par IRIN.

 

Un convoi de l'ONU qui quittait l'aéroport de Damas a été la cible vendredi de tirs d'origine indéterminée, qui n'ont pas fait de blessés. Le convoi faisait partie de la Force de l'ONU chargée de l'observation du désengagement entre la Syrie et Israël (UNDOF). Cette force surveille la zone démilitarisée entre les forces syriennes et israéliennes sur le Golan.

Deux soldats autrichiens de l'UNDOF avaient déjà été blessés jeudi par des tirs au moment où leur convoi se dirigeait vers l'aéroport de Damas pour rentrer en Autriche.

 

 

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