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À La Une - Proche-Orient

Israël va devoir compter avec l'islam politique

"Israël combat le Hamas mais cherche aussi à éviter toute détérioration de ses relations avec l'Egypte", estime un expert israélien.

Des membres des brigades Ezzedine al-Qassam lors des funérailles d'un de leur dirigeant, tué dans l'offensive israélienne contre la bande de Gaza. MARCO LONGARI/

Avec l'accord de cessez-le-feu avec le Hamas, Israël a entamé un processus de prise en compte de l'islam politique, estime Yossi Alpher, spécialiste du processus de paix et conseiller de l'ex-Premier ministre Ehud Barak lors du sommet de Camp David II en juillet 2000.

 

 

Q: Israël a fait des concessions inédites au Hamas en acceptant de discuter d'une levée du blocus terrestre de la bande de Gaza. Cela signifie-t-il qu'il est en train de revoir sa politique à l'égard du mouvement islamiste?

 

R: "Israël combat le Hamas mais cherche aussi à éviter toute détérioration de ses relations avec l'Egypte. Cela implique une plus grande tolérance à l'égard de l'islam politique, des Frères musulmans en Egypte, et des mêmes Frères musulmans dans la bande de Gaza. Il est trop tôt pour dire si cela conduira à un dialogue entre le Hamas et Israël. De nombreux facteurs sont en jeu, notamment le rôle des Etats-Unis, qui ne parlent pas ni ne reconnaissent le Hamas et sont toujours attachés à une solution à deux Etats. Même si on ne peut pas encore parler de nouvelle stratégie israélienne à l'égard de l'islam politique, l'accord conclu hier montre qu'Israël reconnaît qu'il est en plein essor dans le monde arabe sunnite. C'est un petit début."

 

 

Q: Quel est le rôle de l'Egypte dans l'évolution des positions israéliennes à l'égard du Hamas?

 

R: "La clé d'une évolution de la position israélienne à l'égard du Hamas est l'Egypte sous les Frères musulmans. Il est très possible que le cessez-le-feu vole en éclat dans une semaine. Tous les cessez-le-feu précédents se sont effondrés. Mais il y a une nouvelle approche qui a été initiée par l'Egypte: un gouvernement égyptien identifié au Hamas a pris sur lui de mener des mesures en vue de normaliser, de parvenir à la paix et de désarmer, d'empêcher la contrebande d'armes à l'intérieur de la bande de Gaza.

La question centrale qui s'est posée pendant toute cette semaine de combats a été de savoir comment l'Egypte exercerait son rôle de leader dans la région maintenant qu'elle se trouve sous le contrôle des Frères musulmans. Le président égyptien Morsi a réussi à jongler avec une ligne très délicate, entre l'idéologie et le pragmatisme, en affirmant sa proximité idéologique avec le Hamas, et dans le même temps en travaillant avec Israël."

 

 

Q: Dans quelle mesure le cessez-le-feu conclu entre Israël et le Hamas via l'Egypte affaiblit-il l'Autorité Palestinienne de Mahmoud Abbas?

 

R: "Même avant cette guerre le Hamas était en train d'émerger comme le parti palestinien le plus fort en raison de son affiliation avec les Frères musulmans et cette guerre l'a encore renforcé. Ce renforcement du statut du Hamas se fait bien évidemment aux dépens de l'Organisation de libération de la Palestine en Cisjordanie. Il est plus facile au gouvernement de droite de Netanyahu de contribuer à ce renforcement qu'à un autre gouvernement qui serait attaché à une solution à deux Etats.

Netanayhu ne veut pas de deux Etats. Il ne se préoccupe pas des dangers pour l'Autorité palestinienne. Il est satisfait de parvenir à un accord qui isole encore un peu plus Gaza de la Cisjordanie et qui affaiblit Abou Mazen (surnom de Mahmoud Abbas) alors que la semaine prochaine ce dernier doit présenter la demande d'élévation du statut de la Palestine à l'ONU. Abbas prétend représenter la Cisjordanie et Jérusalem-Est mais aussi la bande de Gaza. Cette ambition devient ridicule après l'opération israélienne et le cessez-le-feu qui a été conclu avec le Hamas".

Avec l'accord de cessez-le-feu avec le Hamas, Israël a entamé un processus de prise en compte de l'islam politique, estime Yossi Alpher, spécialiste du processus de paix et conseiller de l'ex-Premier ministre Ehud Barak lors du sommet de Camp David II en juillet 2000.
 
 
Q: Israël a fait des concessions inédites au Hamas en acceptant de discuter d'une levée du blocus terrestre de la...

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