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À La Une - Le point

Les mauvais calculs de « Bibi »

Amateur de creuses formules à l’américaine, Benjamin Netanyahu se plaît à répéter que « si Israël déposait les armes, il cesserait d’exister, alors que si les Arabes renonçaient à la lutte armée, il n’y aurait plus de guerre ». En attendant, c’est la guerre, à coups de fusées pour les uns, par voies aérienne et maritime (en attendant une hypothétique invasion terrestre) pour les autres. Une guerre qui n’est plus asymétrique tout en le restant, ainsi qu’en témoigne l’attentat contre un bus, hier mercredi, déclenchée par un Premier ministre qui croyait en faire une arme électorale de victoire décisive et qui risque fort de se retrouver, une fois de plus, Gros-Jean comme devant.
Au huitième jour de la guerre, le bilan est aussi impressionnant qu’inutile, si l‘on en juge par les effets militaires. Le Hamas a tiré plus de 1 100 fusées ; l’État hébreu a pris pour cibles, avec plus ou moins de bonheur, près de 1 450 sites ; ici, les effets de ce duel d’artillerie sont pratiquement nuls, si l’on excepte les grosses frayeurs éprouvées par la population civile ; là, l’étendue des destructions constatées par les correspondants sur place sont autrement plus impressionnantes. À cet effrayant tableau, on ajoutera qu’une fois de plus, la haine manifestée est telle qu’il serait étonnant de voir les protagonistes aboutir dans quelques siècles ou quelques millénaires à une quelconque forme de réconciliation.
Dans deux mois – à supposer qu’il respecte le calendrier électoral fixé par lui de législatives anticipées –, on verra si « Bibi » a bien prévu les effets de sa manœuvre. Qu’il nous soit permis cependant de douter de ses capacités de stratège politique. Tout au plus sera-t-il parvenu à ramener sur terre le grand frère américain qui continuait jusque-là de flotter sur le nuage rose de sa victoire du 6 novembre. Débarquée en catastrophe dans la région, la secrétaire d’État Hillary Clinton a intimé aux deux tandems ennemis, Khaled Mechaal-Ismaïl Haniyeh et Netanyahu-Avigdor Lieberman, l’ordre de procéder sans tarder à une désescalade. Exécution !
Si elle devait se prolonger, l’opération « Pilier de défense » risque de porter un coup, fatal peut-être, aux efforts entrepris par Barack Obama pour relancer le processus de paix au Proche-Orient, freiner les ambitions nucléaires de l’Iran, résoudre la quadrature du cercle syrien et dompter ces Frères musulmans d’Égypte décidément par trop déconcertants. Certes, Mohammad Morsi a tonné contre les Israéliens, rappelé son ambassadeur, remué ciel et terre. En bref, il s’est beaucoup démené, mais sans jamais donner l’impression de vouloir aller jusqu’à la confrontation, ni même de frôler le précipice de la rupture, suivi en cela par la plupart de ses pairs arabes, rhéteurs plus que bretteurs et passés maîtres dans l’art de comprendre jusqu’où ils peuvent aller trop loin.
À Bangkok où il se trouvait dimanche, le président US a jugé préférable pour Israël de ne pas s’engager dans une invasion de Gaza tout en dénonçant les tirs de roquettes par le Mouvement de la résistance islamique et en reconnaissant le droit de l’État hébreu à se défendre. Autant que les acrobaties de l’Égypte (solidaire des Palestiniens et en même temps « peace broker »), les contorsions yankees pour faire parvenir leur message aux deux parties sont demeurées sans effet, du moins à ce jour. La victime collatérale semble être la Turquie, qui voit s’estomper ses espoirs de jouer le rôle d’intermédiaire. Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a reconnu n’avoir « aucun contact avec les Israéliens », en particulier depuis que les rapports sont exécrables depuis l’affaire du « Mavi Marmara », en mai 2010. Devenu partie depuis lors, le médiateur turc a opté pour une discrétion qui ne semblait pas être le principal trait de son caractère, même si le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, en route pour Gaza, mardi, avec la délégation des chefs de la diplomatie arabes, a parlé de contacts « en coulisses » avec les Israéliens.
Pendant que la diplomatie fait du surplace, l’embourbement sur le terrain devient chaque jour plus évident. En témoigne l’acharnement des bourreaux de Gaza à s’en prendre aux médias. Pour la troisième fois en huit jours, des obus sont tombés avant-hier sur la tour Naama, un complexe de huit étages, situé dans le quartier central de Rimal et abritant les bureaux de plusieurs agences d’information, chaînes de télévision et correspondants étrangers. Hier, le bâtiment a de nouveau été la cible de bombardements qui ont fait un tué, un enfant palestinien, et un blessé. Explication et justification de l’État sioniste : l’immeuble abrite un bureau des services de renseignements ennemis. Et d’ailleurs, dixit le porte-parole du gouvernement Mark Reguev, les reporters présents sur les lieux « ne sont pas des journalistes légitimes ».
Israël octroyant des certificats de « légitimité »...
Amateur de creuses formules à l’américaine, Benjamin Netanyahu se plaît à répéter que « si Israël déposait les armes, il cesserait d’exister, alors que si les Arabes renonçaient à la lutte armée, il n’y aurait plus de guerre ». En attendant, c’est la guerre, à coups de fusées pour les uns, par voies aérienne et maritime (en attendant une hypothétique invasion terrestre)...

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